Tapiskwan: l’art atikamekw comme levier de développement
La Coopérative des arts Nehirowisiw en collaboration avec l’École de design industriel de l’Université de Montréal (UDM) a mis sur pied un projet pilote portant sur le transfert intergénérationnel du patrimoine culturel. Cette formation en design et création permettra à des jeunes atikamekws d’être en contact avec l’art traditionnel.
Du 26 au 31 juillet, des ateliers de créations réunissent jeunes et artisans autour de l’animateur Cédric Sportes et de Renata Marques Leitao de l’équipe de l’Alliance Recherche Université-Communauté (ARUC) II. Les cinq jeunes développeront une collection de produits contemporains commercialisables sous le libellé Tapiskwam en référence à la rivière Saint-Maurice. Ces produits: t-shirts, bandanas et sacs de toile seront offerts lors du prochain Pow Wow de Wemotaci en septembre 2013.
Dans un premier temps, les jeunes ont été amenés à redécouvrir le patrimoine graphique de leur nation. «Nous avons discuté avec eux. Nous avons déterminé quels motifs identifient les autochtones en général et ceux qui sont plus spécifiques aux Atikamekws», expliquait Yvon Dubé, le coordonnateur de la coopérative. Puis, les participants se sont rendus sur le territoire et ont étudié les thèmes entourant l’identité atikamekw. Une rencontre avec le leader spirituel Charles Coocoo les a amenés à échanger sur les éléments qui définissent la culture atikamekw. Forts de ces réflexions, les jeunes ont par la suite choisi l’élément graphique qu’ils favoriseront pour leur collection de produits.
Tout le long du processus, ils sont en contact avec la guide artisane Christiane Boivin qui les initie aux méthodes de travail et avec Cédric qui leur donne des notions de base en design industriel et les ont aidés à créer leur propre signature. Le 31 juillet, les participants présenteront devant les membres de leur communauté, leurs prototypes qui ultimement se retrouveront en vente au Pow Wow.
Commercialiser l’artisanat atikamekw
«À la Coopérative, nous sommes 15 membres. Nous voulons assurer une relève au niveau de l’artisanat. Il est important que les aînés transmettent les connaissances et il est important que les jeunes s’y intéressent. L’artisanat fait partie de notre culture. Auparavant les objets étaient utilitaires, plus maintenant. Nos artisans s’inspirent du territoire qu’ils habitent. On veut commercialiser certains produits, mais on veut aussi préserver les connaissances», soulignait M. Dubé.
D’ailleurs, lorsque la Coopérative a rencontré les artisans dans les trois communautés, on a déterminé qu’il fallait que des jeunes prennent la relève, qu’ils se voient dans le métier d’artisan. «La formule coopérative a été choisie pour que les artisans soient des travailleurs autonomes. Ils doivent apprendre à gérer leur propre entreprise, à miser sur leur talent pour en tirer un revenu significatif», expliquait M. Dubé qui ajoutait espérer qu’un jour, tout ce volet soit intégré à la formation scolaire des jeunes.
«Les artisans actuels, dont la moyenne d’âge est de 45 ans, sont d’accord pour produire en grande quantité, mais ils estiment qu’on doit continuer à enseigner la tradition. Les aînés artisans y tiennent beaucoup. Ils n’ont pas d’objections à voir une fabrique de raquettes s’installer dans la communauté par exemple, mais il faut que les jeunes sachent que traditionnellement, c’est fait avec de la babiche et surtout, comment la faire», concluait le coordonnateur.