Les beautés métalliques de Yanick Issa

ART.  Au début du mois de juillet, Yanick Issa a eu la surprise de recevoir un appel du Grand Prix de Trois-Rivières (GP3R). À quelques semaines de la présentation de l’événement, les organisateurs venaient de découvrir avec angoisse que le trophée remis au vainqueur du Défi Urbain Chevrolet avait disparu…

« Dominic Fugère m’a dit que ça prenait rapidement une réplique », raconte le Latuquois qui avait créé la sculpture originale en 2021 lorsque le GP3R avait inscrit pour la première fois à son programme les courses de voitures modifiées de type DIRT.

« Le délai était court, mais faire une copie, c’est déjà moins compliqué que de créer un trophée à partir de rien. Le défi, c’était plutôt de trouver les mêmes composantes. Il y avait par exemple une pièce qui datait de 1979 sur le trophée original. On a aussi essayé de retrouver le même cap de roue mais ce n’était pas trouvable », raconte Yanick Issa dont la passion pour les sculptures mécaniques est bien connue dans son patelin, mais aussi dans le monde des courses motorisées.

Autour d’un crankshaft, l’artiste latuquois a superposé deux baskets de clutch, un logo de Chevrolet, une roue d’engrenage et un piston. La pièce est ensuite couronnée d’un petit véhicule de type DIRT fabriqué par Yanick Issa. Ni vu ni connu, le trophée a été remis au pilote Raphaël Lessard, vainqueur du Défi Urbain Chevrolet, le premier week-end du mois d’août à la grande satisfaction des dirigeants du GP3R. « Ça peut avoir l’air facile de mettre un paquet de pièces une par-dessus l’autre, mais il faut que l’ensemble soit attirant pour l’œil, qu’il y ait du contenu. »

Quand on lui demande s’il a un grand inventaire de pièces pour concevoir ses sculptures, le Latuquois sourit. « J’ai beaucoup de pièces qui viennent des concessionnaires de La Tuque, sans compter mes nombreux amis mécaniciens et coureurs qui pensent à moi en changeant des morceaux sur leurs motos ou véhicules. Je dis tout le temps : si vous voyez une pièce qui sort de l’ordinaire, qui a un punch visuel. Ne la jetez pas. Mettez là dans une boîte et je vais venir la chercher. Pour moi, je me sens comme un enfant avec des blocs Lego. Je ne suis pas un ramasseur compulsif, mais je n’aime pas jeter pour rien », raconte-t-il, en saluant la patience de sa conjointe et de son employeur qui lui permettent de s’adonner à sa passion artistique.

Pour Yanick Issa, ces pièces métalliques usinées sont bien plus que des morceaux de ferraille. « Chaque pièce à une histoire, une vie. Un gars qui fait de la moto. Il a usé les pièces de son bicycle à gaz. Elles ont quelques choses de plus qu’une pièce neuve. »

Entre quelques commandes de trophées comme celui du GP3R, Yanick Issa travaille à temps perdu sur des œuvres plus personnelles comme la réplique du bras du Terminator qu’un ami latuquois lui a demandé et qui occupe ses pensées occasionnellement depuis déjà plus de cinq ans. « Pour des pièces comme celle-là, je dis toujours au client qu’elle sera fini quand elle sera fini. Elle est à moi tant que je ne te l’ai pas donnée dans les mains », termine le Latuquois dont on peut admirer les œuvres sur la page Facebook d’artiste : Art de fer.