L’atikamekw Jacques Newashish brille par son art

CULTURE. Très impliqué, l’artiste multidisciplinaire Jacques Newashish est bien connu à Wemotaci. Après la peinture, le conte, la gravure et le chant au tambour, c’est par le théâtre qu’il s’illustre, notamment par son rôle dans la pièce Vol au-dessus d’un nid de coucou, présentée en supplémentaire au Théâtre du Rideau Vert à Montréal du 16 au 26 août.

«Ce n’était pas un rêve d’être acteur. C’est venu à moi», confie Jacques Newashish, artiste sensible et engagé. «Je dis toujours que je suis comme un ambassadeur à travers mon art. J’exprime ma culture, mon identité, mon histoire, mon vécu. À travers l’art, dont le cinéma et le théâtre, je me retrouve, je transmets. Je raconte des histoires.»

Après une première expérience sur les planches montréalaises en 2004 avec les productions Ondinook, où il avait un rôle dans la pièce Hamlet le Malécite, une adaptation à saveur autochtone du classique de Shakespeare, il est de retour sur scène dans une production de grande envergure.

«J’étais intimidé»

La pièce Vol au-dessus d’un nid de coucou a été présentée ce printemps à Montréal. «Toute une expérience! Et pas n’importe quelle pièce non plus, avec des acteurs de talent», laisse tomber celui qui joue notamment aux côtés de Julie Le Breton.

C’est le metteur en scène Michel Monty qui l’a approché pour le rôle du grand chef indien dans cette pièce tirée du roman à succès de l’américain Ken Kesey dont l’adaptation cinématographique avait été particulièrement marquante.

«Disons que les esprits étaient sur mon chemin. Depuis quelques années, tout se déroule de cette façon. Les gens m’invitent parce qu’ils ont entendu parler de moi. (…) Je ne savais pas exactement dans quoi je m’embarquais, mais j’étais certain que j’avais pris la bonne décision.»

La première lecture en équipe a été particulièrement difficile. «Même si je suis un homme très costaud qui est passé à travers plein de choses, j’étais intimidé par mes collègues. Le français est ma deuxième langue. Le fait de lire le texte devant les autres, à tour de rôle, ça m’a ramené à l’époque où j’étais au pensionnat, à Pointe-Bleue au Lac-st-Jean, avec des francophones. Ça m’a donné un stress énorme.»

Après s’être ouvert au groupe, et au fil des nombreuses heures de répétition, Jacques Newashish a pris ses aises au sein de l’équipe. «Ils ont été gentils, ils m’ont encouragé et coaché. Ils sont très généreux», remercie-t-il. Newashish a littéralement eu la piqûre de la scène et de l’adrénaline qu’elle apporte.

Avant les rues, un tournant pour les communautés autochtones

En 2016, on a pu voir Jacques Newashish dans le film de Chloé Leriche Avant les rues, un premier long-métrage en langue atikamekw.

«C’était un gros défi pour elle de prendre des comédiens qui ne sont pas des acteurs professionnels formés. C’était notre première fois (ou presque) devant la caméra», explique Newashish. «Mais on ne jouait pas, finalement. Nous le vivions. Nous étions dans notre réalité, notre milieu, notre langue. C’était empreint de vérité. C’est pour ça que le film a fonctionné», croit-il.

À cet effet, son collègue Rykko Bellemare a sacré révélation de l’année au Gala Québec cinéma pour son rôle dans Avant les rues. «C’est magique. C’est fantastique d’avoir de tels honneurs et c’est mérité, je l’ai vu travailler très fort pour son rôle», laisse tomber Newashish.

Né à La Tuque en 1958, Jacques Newashish, a vu les mentalités évoluer. «Un peu comme la nature qui vit des changements, nous aussi, les peuples autochtones vivons une transformation. (…) C’est un peuple invisible. Nous commençons à être visible, tant par notre culture, qu’en tant que nation. Nous sommes de plus en plus présents.»

L’artiste s’implique dans de nombreux projets afin d’encourager la création chez les jeunes de sa communauté. Il a également réalisé deux courts métrages avec le Wapikoni Mobile, Migrations (2009) et Game Over (2010).

Rôle principal, estampe et livre pour enfants à venir

Au théâtre, il sera possible de voir à nouveau Jacques Newashish l’hiver prochain dans la pièce Là où le sang se mêle, présentée par les Productions Menuentakuan du 16 janvier au 3 février au Théâtre Denise-Pelletier à Montréal. La pièce, écrite par Kevin Loring et mise en scène par Charles Bender, parle notamment d’itinérance, de pensionnats et d’identité autochtone.

Jacques Newashish participe également au projet d’estampe Vague démographique: mouvance des cultures de l’Atelier Presse Papier à Trois-Rivières, en collaboration avec le Point de services pour les Autochtones à Trois-Rivières (PSATR).

Finalement, il a reçu une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) pour la création d’un livre pour enfant qu’il rédigera en plus de l’illustrer. Pour ce livre, il rencontre des aînés afin de s’inspirer de leur enfance en forêt, à travers les six saisons de la vie atikamekw. La sortie est prévue pour 2018.