La Latuquoise qui a transcendé la bête

CULTURE.  Voilà maintenant 12 ans que la Latuquoise Michelle Larouche a pris la direction de la Gaspésie afin d’entamer sa carrière d’ambulancière. Il y a 5 ans, Michelle est retournée aux sources et s’est servie de l’art comme exutoire. Récemment, elle a remporté le Prix de la relève artistique Télé-Québec de Culture Gaspésie.

Depuis que Michelle s’est dévouée à son art plus sérieusement, elle a remporté près de 40 000$ en bourses, et plus de 50 000$ en ajoutant diverses subventions pour des projets. « Il existe plusieurs façons de pouvoir vivre de son art et d’être artiste professionnelle. Les gens pensent souvent qu’il faut vendre des toiles, mais il n’y a pas que ça! »

Lorsqu’elle a terminé son cours d’ambulancière en 2011, il n’y avait pas d’emploi dans son La Tuque natal, et n’y en Mauricie. Une offre se présentait à elle en Gaspésie, plus précisément à Paspébiac, où elle a obtenu un poste à temps plein le temps qu’un poste soit disponible à La Tuque. Puis, elle a trouvé l’amour, et elle s’est enracinée dans la région la plus à l’est de la province.

L’année dernière, la Latuquoise a pris la décision de lâcher son poste à temps plein pour un poste à temps partiel, alors qu’elle a reçu une bourse importante de 18 000$ pour le projet Transcender la bête. « J’avais ce projet tellement à cœur et avec mon poste à temps plein comme ambulancière, je n’avais pas tout le temps que je voulais pour le projet, alors j’ai fait le grand saut. Aussi, je commençais à être blasée un peu de mon travail parce qu’en Gaspésie, il y a très peu d’urgences et on doit faire beaucoup de route. Depuis que j’étais ambulancière, j’avais mis ma fibre artistique de côté. Tranquillement, je me suis rendu compte que le goût de dessiner revenait. Mon conjoint m’a fait un coin pour un atelier, et l’art est devenu mon exutoire pour mon métier de paramédic. »

Plus la Latuquoise pratiquait son art, plus le goût de s’impliquer davantage ressortait. Son volet artistique est à large échelle et pas seulement la peinture puisqu’elle travaille aussi avec différentes matières. « J’aime toutes les sortes de matières et récupérer de vieux morceaux qui ont du vécu pour les intégrer dans mes œuvres. La matière est devenue sacrée pour moi. Je veux rendre hommage à tout ce qu’on a tendance à jeter en leur redonnant une deuxième vie. Tout peut être beau, tout dépendant de la façon dont tu traites la matière. Je laisse souvent la matière me parler. C’est rare que je sais où je m’en vais quand je commence une œuvre. »

Transcender la bête

Michelle a reçu l’an dernier une bourse de 18 000$ du Conseil des arts et des lettres du Québec pour son projet Transcender la bête. Au cœur de la pandémie, elle voulait s’adresser aux adolescents afin qu’ils participent à des ateliers d’expression artistique sur l’anxiété. « Chaque atelier présentait un thème sur la santé mentale. Avec ce que les jeunes faisaient pendant les ateliers, on a construit une grosse bête représentant l’anxiété. Les poils de la bête sont faits avec les dessins des jeunes, ensuite on pouvait entrer dans la bête afin de démontrer qu’il est possible d’entrer dans une paix intérieure. On a fait une tournée des écoles avec la bête, qui se poursuivra en octobre. C’est un beau moyen pour ouvrir la discussion sur la santé mentale avec les jeunes. »

Actuellement, dans le cadre d’une entente avec la Ville de Paspébiac, Michelle Larouche planche sur un projet à caractère historique intitulé Nos vaillants Paspéyas. « C’est en lien avec le patrimoine de Paspébiac pour que les gens s’intéressent à la ville et à l’art. L’objectif est de parler des gens à travers les vieux métiers comme un gardien de phare. »

Et La Tuque?

« Ma famille est toujours à La Tuque, alors j’ai toujours un pied à terre. J’y retourne tous les 3-4 mois. Ma sœur travaille à l’école alors c’est certain que j’aimerais présenter la bête à l’école Champagnat. J’aimerais beaucoup ça, et qui sait, peut-être un projet sur La Tuque de celui du genre que je suis en train de faire à Paspébiac », exprime l’artiste latuquoise.