«Je l’ai fait pour donner de la visibilité au peuple Atikamekw»
HONNEUR. Le personnage principal du film «Avant les rues» de Cloé Leriche, Rykko Bellemare, de Wemotaci, éprouve une grande fierté d’avoir reçu le prix de la Révélation de l’année au Gala Québec cinéma, présenté sur les ondes d’ici Radio-Canada, dimanche. Ce qu’il souhaite avant tout, c’est une meilleure visibilité du peuple Atikamekw.
Au lendemain du Gala, l’honneur rejaillissait sur toute la communauté de Wemotaci. «Franchement, je pensais que je rêvais que j’étais en train de gagner, que j’allais me réveiller d’une seconde à l’autre et que tout allait disparaître», a-t-il eu comme réaction quand il a entendu son nom comme gagnant.
Il croit que la visibilité sera grande pour sa nation avec la popularité du film tourné en 2014 en langue Atikamekw et le prix reçu.
Sans véritable formation dans ce domaine, mais un sens inné pour le métier de comédien, il ne se serait jamais figuré, il y a à peine trois ans, incarner le personnage principal d’un film.
Près de la culture Atikamek, il avoue que cette aventure lui est «tombée un peu dessus» sans qu’il s’y attende vraiment.
«On m’avait dit qu’il y avait des auditions à la Maison des jeunes de Wemotaci et on m’avait conseillé d’y aller. Je n’y étais pas allé, finalement. C’est la réalisatrice elle-même qui s’est présentée à une pratique de mon groupe de musique traditionnelle. Elle est arrivée en plein milieu de notre pratique avec une caméra, un micro. Elle avait entendu parler de moi, elle cherchait Rykko Bellemare parmi les quinze gars autour du «drum». J’avais hésité un peu avant de lever la main, je me demandais dans quoi j’allais m’embarquer», confie-t-il.
Après avoir passé deux séries d’audition, il est sélectionné pour le rôle de Shawnouk, personnage principal.
«J’ai mis beaucoup de moi-même dans Shawnouk et ç’a été un peu difficile de me débarrasser du personnage. Il m’a collé à la peau et j’ai tellement mis du mien qu’au final, Rykko Bellemare était devenu Shawnouk», image le comédien. Le film a été tourné à Manawan et a nécessité 31 jours consécutifs de tournage.
Les comédiens du film étaient tous originaires des trois communautés Atikamekw de la région, Manawan, Wemotaci et Opitciwan. Rykko Bellemare a notamment travaillé avec sa sœur, Kwena Bellemare (qui jouait également sa sœur dans le film) et avec Jacques Newashish, également de Wemotaci, pour qui il a un profond respect.
Ce n’est pas la seule production à laquelle Rykko Bellemare a pris part. Plus récemment, il a tourné dans le film Hochelaga, terre des âmes, de François Girard aux côtés d’une brochette de comédiens. On y évoque le Montréal des années 1 500 à notre ère. «Là où je joue, c’est vers l’arrivée de Christophe Colomb».
Il reçoit des offres, mais ne souhaite pas seulement figurer dans les rôles de clichés. Rykko Bellemare soutient avoir fait le film de dans l’optique de donner de la visibilité à sa communauté et au peuple Atikamekw. « Je l’ai fait pour la nation, pour avoir de la visibilité et on nous l’a donnée. J’encourage tous les jeunes à faire la même chose, à ne pas hésiter s’ils ont une offre», conclut-il.