40 ans de carrière pour Jacques Newashish

Une exposition est présentée à Shawinigan

ARTS. Le Centre d’exposition Léo-Ayotte de Shawinigan accueille jusqu’au 20 février, une rétrospective des oeuvres de l’artiste Jacques Newashish. L’exposition s’intitule Nin ka ki tackakwan, (Ce qui m’a influencé).

M. Newashish propose une intéressante tournée résumant ses 40 ans de carrière artistique, pour sa deuxième exposition solo à vie.

«Ce n’est pas une rétrospective complète, mais une bonne partie. J’ai dû faire des photos d’œuvres anciennes», relate M. Newashish. Des œuvres ont ainsi été retravaillées pour les présenter au grand public. Des éléments de la culture atikamekw prennent vie à travers des toiles et des sculptures.

Artiste multidisciplinaire, M. Newashish est originaire de Wemotaci. La peinture et la sculpture comptent parmi ses principaux modes d’expression, mais il est également cinéaste, chanteur et conteur. À cela, on ajoute celui de comédien : on l’a notamment vu au petit écran¸ dans la série Les pays d’en haut, où il jouait le rôle d’un chef algonquien, ainsi que dans Fatale station, où il incarnait un leader autochtone.

Une vidéo, produite par son fils Canouk, est une intéressante introduction à l’exposition. On peut la voir sur la page Facebook de Culture Shawinigan.

Une carrière florissante

Jacques Newashish s’est intéressé aux arts visuels dans le début des années 80 alors qu’il était graphiste illustrateur. «J’ai commencé à développer plus le dessin en noir et blanc, ça m’a permis de me rapprocher de ma culture, de mon identité».

Le dessin le passionne à ce moment, mais il ne peut pas s’y consacrer à temps plein, devant travailler dans d’autres domaines pour nourrir sa famille. Mais il est revenu aux arts. «Depuis quelques années, j’ai pris ma place. J’ai participé à beaucoup d’expositions». Il rapporte que depuis 2000, 2001, il s’exprime aussi autrement que via les arts visuels, même si ceux-ci ont toujours été en avant-plan de sa carrière. Au fil des ans, M. Newashish a également pris part à des festivals de contes et de poésie.

Manier autant de facettes d’expressions artistiques, qu’ils soient visuels, narratifs, sur scène ou à la télé, demande une grande ouverture d’esprit. Il se remémore son passage au théâtre du Rideau vert dans Vol au-dessus d’un nid de coucou, en 2017. Il a visiblement apprécié l’expérience, lui qui n’avait aucune formation théâtrale, mais, visiblement, de grandes aptitudes pour monter sur les planches : «J’ai dit oui. Je n’ai pas eu le choix de continuer, car j’ai dit oui. On m’a juste dirigé, on m’a conseillé, c’est comme ça que je l’ai fait. Des fois, ça vient tout seul». Il accepte de collaborer à des projets de cinéma, mais aimerait bien concrétiser lui-même également un court métrage. Il l’avoue d’emblée : c’est l’occasion rêvée de donner une belle visibilité à la culture autochtone.

«On était invisible, auparavant. Aujourd’hui, elle est là (la culture autochtone) et les gens veulent la connaître. C’est à cause de certaines choses qui sont arrivées, mais là, ils découvrent qu’on a une belle culture, qu’on est fier de ce qu’on est», laisse-t-il tout simplement entendre. Inévitablement, cela facilite la cohabitation entre autochtones et non autochtones.

L’exposition présentée au Centre des arts de Shawinigan a cet objectif, fait valoir Jacques Newashish, qui souligne que bon nombre d’autochtones ont élu domicile au Centre de la Mauricie et dans la région de Trois-Rivières. L’accès au Centre d’exposition Léo-Ayotte est gratuit. On peut s’y rendre du mercredi au vendredi de 10h à 16h30 et le samedi et dimanche de 12h à 16h. Accessible, M. Newashish se fait un plaisir d’y passer du temps l’après-midi pour discuter avec les gens.

Et ça continue

Il a beau cumuler quatre décennies de carrière, Jacques Newashish ne s’arrêtera pas. «Là, je suis dedans à 100%», s’exclame l’artiste. Enthousiaste, il caresse de nombreux projets, pour les prochains mois, dont une exposition et la conception de murales dans la région. Il accompagnera des jeunes sur la rivière Saint-Maurice entre La Tuque et Grandes-Piles et les guidera dans leur cheminement pour devenir eux aussi artistes sculpteurs.

Il n’hésite pas à dire qu’il vit actuellement un des moments les plus importants de sa carrière en arts visuels.

«Il y a aussi eu des moments très forts il y a quelques années, c’était en Europe, en Suisse, à L’ONU, où j’ai participé à des expositions avec d’autres artistes africains et français, pour parler des femmes mutilées sexuellement en Afrique. J’ai participé à des projets comme ça», confie M. Newashish.