Wemotaci ouvre ses portes

Un an presque jour pour jour après l’évacuation des Atikamekws du village de Wemotaci vers La Tuque, l’Association forestière de la Vallée du St-Maurice a organisé un voyage ouvert au grand public pour aller rencontrer le peuple que les flammes ont épargné. Un autobus voyageur rempli à pleine capacité est donc parti de Shawinigan ce matin pour aller découvrir le mode de vie des Atikamekws.

Avec la générosité qu’on leur connaît, les Atikamekws ont ouvert grandes leurs portes aux étrangers. À cet égard, le nouveau chef du Conseil de bande, M. David Boivin et tous les conseillers étaient présents sur le site sacré où a lieu annuellement le traditionnel pow-wow. C’est à cet endroit que les convives ont assisté à un des moments forts de la journée quand trois membres de la réserve ont discouru à cœur ouvert sur une panoplie de sujets préoccupants comme la préservation de la vie. «Ce qui m’inquiète, c’est de constater que l’orignal va partir, c’est une espèce menacée. Comme les autres espèces qui seront disparues, les orignaux vont bientôt disparaître et ce sera à notre tour de partir en paix. Notre problème c’est l’économie. Ça va à l’encontre de toutes nos valeurs qui nous proviennent de la petite fourmi qui rampe à l’orignal qui nous nourrit, de tous ces animaux qui ne demandent qu’à vivre en paix auprès des humains», exhortait Mathieu Coocoo avec beaucoup d’émotion.

Après s’être abreuvés de l’histoire et de la culture amérindienne, les touristes ont été escortés par l’ingénieur forestier du Conseil de bande, M. Georges Bherer jusqu’à l’endroit ou le feu avait arrêté sa course.

«Nous allons tout faire pour éviter que ce genre de situation se reproduise, a-t-il mentionné en parlant du feu. À titre d’exemple, nous allons régénérer la forêt autour du village en remplaçant les bouleaux blancs et les résineux par des espèces d’arbres qu’on retrouve plus au sud et qui sont moins combustibles.»

Les anciennes essences laisseront donc place à des érables rouges des frênes de Pennsylvanie et du bouleau jaune.

«Dans 50 ans, on va peut-être ouvrir une première cabane à sucre atikamekw,» imageait M. Bherer en précisant que c’était un futur très hypothétique.

Le chef veut un rapprochement

Le chef du Conseil de bande s’est dévoué pour la cause lors de la visite. M. David Boivin a interprété un chant traditionnel pour dévoiler une partie de sa culture. Faire connaître son peuple est une priorité pour le jeune chef âgé de seulement 34 ans.

«C’est une grande visibilité pour la communauté, il va y avoir d’autres visites qui vont s’effectuer, c’est une des priorités d’ici la fin de notre mandat. On veut s’ouvrir au monde et leur dire qui nous sommes.»

Au final, les organisateurs peuvent dire mission accomplie puisque c’est à l’unanimité que les visiteurs ont affirmé avoir apprécié la journée. La majorité a même manifesté son désir de réitérer l’expérience une prochaine fois.