Vestiaire : 55 ans d’histoire bénévole
HISTOIRE. Marthe Proulx en connaît un bout sur l’histoire du Vestiaire, qui a débuté ses activités il y a 55 ans.
«À l’époque, Mme Fortin (Laurette Lavoie, épouse de Victor Fortin, ancien chef de police et mère du Latuquois Jacques Fortin) gardait des prisonniers dans le vieil hôtel de ville. Elle donnait à manger aux prisonniers et elle s’est aperçu que les hommes avaient besoin de gilets. Elle a commencé à demander aux gens de lui apporter des vêtements et elle en a eu beaucoup», relate Mme Proulx. Comme l’ont été ses enfants au cours de leur vie, Mme Lavoie-Fortin était aussi très impliquée dans la communauté.
Par la suite, par manque d’espace, ce service de dons de vêtements a été transféré à la Laiterie La Tuque d’Adonias Marchand. «Là, il y en avait encore trop, raconte Mme Proulx dans un éclat de rire. C’est là que ça s’en est venu ici au sous-sol de l’église St-Zéphirin. Mais ce n’était pas divisé comme c’est aujourd’hui. C’était dans des boîtes. Une journée, c’étaient des bérets, une autre journée, c’étaient des gilets», relate la bénévole.
L’abbé Camille Ducharme a été un des premiers instigateurs du Vestiaire et du Centre de bénévolat, dans la formule qu’on lui connaît aujourd’hui.
«Quand l’abbé Ducharme est arrivé, Sœur Marie Gervais était ici aussi», poursuit Mme Proulx. C’est à ce moment qu’a été édictée une règle qui a toujours fait loi au Centre de bénévolat: toutes les personnes qui y travaillent le font de façon absolument bénévole.
Sœur Marie
Il est difficile de relater l’historique du Centre de bénévolat sans évoquer une des instigatrices du vestiaire, sœur Marie Gervais.
C’est en 1972 que le Vestiaire s’installe au sous-sol de l’église St-Zéphirin, à l’époque connu sous le nom de vestiaire Richelieu. Il a été dirigé par les Sœurs de l’Assomption-de-la-Sainte-Vierge. Grâce à une subvention du gouvernement fédéral, il sera transformé en un magasin fonctionnel avec des salles de couture et des salles d’essayage attenantes. Des vêtements usagés sont transformés en vêtements d’enfants ou en courtes pointes dans le but d’être donnés gratuitement aux gens qui en faisaient la demande.
Dans les années 70 et 80, l’âme du vestiaire était sœur Marie Gervais qui, arrivée à l’âge de la retraite, est demeurée à la direction du centre de bénévolat jusqu’en 1989, au moment où elle atteignait ses 80 ans. Ceux qui l’ont connue à cette époque se rappellent bien le dynamisme et l’attachement qu’elle manifestait de façon quotidienne envers les plus démunis. «Un amour des pauvres» voilà comment on définissait la religieuse à l’époque.
«Ça fait 32 ans que je travaille ici, mais ma sœur jumelle Madeleine Gauvin est aussi avec moi depuis 32 ans. Si vous parlez de moi, il faut aussi parler de ma sœur», insiste Marthe Proulx.
Parce que le travail des bénévole ne se limitait pas qu’à servir les clients. Il fallait confectionner des pièces de vêtements, des serviettes, débarbouillettes. «Quand on était jeunes, on a appris à coudre», poursuit Marthe Proulx qui indiquait que le temps était venu de mettre tout cela en pratique pour les démunis.
L’aide aux sinistrés
On ne le souhaite jamais, mais lorsque survient un incendie dévastateur, le travail des bénévoles prend encore plus d’importance auprès des sinistrés.
«Un jour, un feu est survenu à Wemotaci. Une dame est venue me voir, elle était assez âgée. Elle était avec son petit-fils. Elle avait surtout besoin de couverture et on lui en a donné. Mme était tellement contente qu’elle a embrassé chacune des bénévoles et elle pleurait. Elle est revenue il y a trois ans et elle se souvenait de nous», rapporte Mme Proulx. On ne parle pas encore de l’important feu de forêt de Wemotaci, où on avait manqué de vêtements.
@TB: Quelques statistiques
@B: 2009 : 1876 personnes servies, 25 000 pièces de vêtements distribuées
2011 : 1300 personnes servies, 21 619 pièces de vêtements distribuées
2013 : 548 personnes servies, 10 985 pièces de vêtements distribuées
2015 : 563 personnes servies, 9 529 pièces de vêtements distribuées
Une personne servie deux fois au cours d’une année compte pour deux personnes.
En 2015, le Centre de bénévolat a émis 730 bons de nourriture (et quelques fois des médicaments). Seulement pour la période de Noël, on en recense 389. «Ça se maintient, d’année en année, ça joue entre 600 et 800».