Vers une église plus citoyenne ?

La rencontre des paroissiens sur l’avenir de l’église Saint-Zéphirin a suscité, encore une fois, une grande participation. Elle avait pour objectif de fournir le résultat des travaux des comités de la mission, de la restauration et du financement, qui se sont réunis pendant l’été. Des propositions ont été présentées à la centaine de personnes présentes, dont celle qu’une nouvelle entité prenne la charge de l’église, dans laquelle la fabrique demeurerait impliquée, mais de façon minoritaire. Elle continuerait de participer au financement du bâtiment, mais selon la mesure des projets auxquels elle prendra part. Le financement De l’avis général, ce ne sont plus uniquement les fidèles qui fréquentent l’église de façon régulière et les 750 personnes qui versent de l’argent à la contribution volontaire annuelle qui pourront permettre de garder l’église à flot. Le nombre de personnes qui assistent aux offices religieux est en diminution, chaque année. On veut donc continuer à explorer les options quant au financement. «Si chaque famille latuquoise contribuait à raison de 20 $ par année, il y a 5000 unités de logement, on amasserait 100 000 $ par année, propose Yves Tousignant, responsable du comité du financement. Il souhaite également relancer le dossier du patrimoine de l’église pour devenir éligible aux subventions gouvernementales puisqu’elle n’est pas classée actuellement comme faisant partie du patrimoine religieux. On doit trouver de nouvelles vocations à l’église, pour la rentabiliser. Parmi les avenues envisagées, il y a un projet de son et lumière pour attirer des visiteurs et des touristes. La vente du presbytère, des spectacles-bénéfices dans l’église et un Festival de la culture ont aussi été avancés. «Il y a une volonté de conserver le bâtiment à long terme(…) les paroissiens n’ont pas besoin d’un bâtiment de 1000 places alors que la demande d’aujourd’hui est de 275», poursuit M. Tousignant. Selon lui, le seul moyen de conserver le bâtiment est qu’il devienne le bien commun de l’ensemble des citoyens. L’exemple de Québec Parmi les conclusions du comité du financement, on doit favoriser le transfert vers une nouvelle entité, puisque la Fabrique ne peut plus l’assumer seule. On a cité en exemple un projet mis de l’avant dans la région de Québec, où une société de fiducie regroupe le diocèse de Québec, les paroisses, la Ville de Québec, la Commission de la capitale nationale et le ministère de la Culture. L’organisme possédera et gérera des églises et dispose d’un montant de 30M$. Si on ne veut pas nécessairement calquer un pareil projet pour La Tuque, on espère s’en inspirer. «On n’est pas les premiers à se poser la question à savoir comment vont se financer les bâtiments. Il y a des modèles, il faut aller les chercher», note Rémy Beaudoin. Un comité citoyen Formé en parallèle, un comité citoyen va explorer des pistes de solutions. Il n’a pas été chapeauté par le diocèse ou la paroisse. «On s’est engagé parce qu’on veut la conserver (l’église) pour les 50 prochaines années», expose Réjean Pinel, porte-parole du comité. Aucun projet n’est encore sur la table, puisque la formation de ce comité ne remonte qu’à quelques mois. Il sera aussi formé de Jacques Hamel, Claude Jacob, Pierre Leboeuf, Paul Naud, François Paré et Jacques Paré tous des citoyens impliqués dans différentes sphères de la société latuquoise. M. Pinel est réaliste : on n’arrivera pas à des résultats avant deux ou trois ans : «Il faut qu’on fasse nos devoirs et surtout il ne faut pas brusquer le temps». Outre l’objectif de conserver l’immeuble intact, les défis de ce groupe seront d’en redéfinir l’utilisation, d’identifier de nouveaux besoins, de nouveaux débouchés. «Il faut passer de la recherche de solutions paroissiennes à la recherche de solutions citoyennes», a lancé M. Pinel. Personne, parmi tous ceux qui ont pris la parole, n’a envisagé l’idée de démolir l’église. Yves Tousignant a toutefois placé un bémol lors de la période de questions sur le caractère à long terme du projet : «50 ans, c’est long. Il ne faut pas oublier que la population de La Tuque diminue de 2 % par année. Ça peut devenir un enjeu électoral pour les élections municipales de 2021». Les marguilliers de la paroisse Saint-Martin-de-Tours se réuniront en assemblée le 20 septembre afin d’étudier les différents scénarios. Ils auront du pain sur la planche. En toile de fond, la diminution des revenus de la paroisse et une église qu’on veut garder la plus en forme possible. Le conseil de fabrique n’a pris connaissance de la proposition du groupe de citoyens que lors de l’assemblée de paroissiens. «Tout le monde veut travailler à ce que l’église demeure debout et qu’elle ait une vocation multiple au lieu d’être juste consacrée à la religion», a indiqué Lise Fréchette à l’Écho de La Tuque, au terme de la rencontre.

On voit Réjean Pinel, du comité de citoyens, Rémy Beaudoin, François Fortin, Lise Fréchette, Yves Tousignant de la fabrique Saint-Martin-de-Tours et le curé Marc Lahaie.
La mission Pendant la soirée, une des membres du comité de la mission, Louiselle Villeneuve, a relevé la pertinence d’un lieu de culte, puisque de nombreuses personnes sont à la recherche de sens. «La jeunesse actuelle est réfractaire, on essaie de les emmener de façon diversifiée, s’ils le veulent, évidemment». En termes de mission, ce comité fera des recommandations pour aller vers une formule visant à demeurer visible, mais humble. Il y a moins de gens aux offices religieux : on a besoin de locaux moins spacieux. La restauration Quant à lui, le comité de la restauration n’a pas vu beaucoup d’évolution au cours des dernières semaines, en raison du peu de ressources financières. Son responsable, François porte un, a effectué des inspections et il a relevé on devrait revoir éventuellement à la toiture, aux gouttières et aux clôtures à neige. Il faudra trouver des fonds afin d’effectuer des travaux par séquences, pour s’assurer que le bâtiment puisse tenir le coup. « On va essayer, avec du bénévolat, de garder l’église en forme, avec les entretiens et les réparations usuelles», a laissé savoir le responsable, François Fortin.