Une «famille internationale» de 15 enfants s’amène à La Tuque

Le printemps dernier, 17 nouvelles personnes sont arrivées à La Tuque, les Godfrey. Amalgame de gens de plusieurs nationalités, la sympathique famille d’Agnès De Leeuw et Israël-Luc Godfrey n’a pas tardé à s’intégrer dans un milieu qui l’a fort bien accueillie.

Qu’est-ce qui les amène à La Tuque ? Après Bécancour, Matane, Sherbrooke, le travail amène la famille à La Tuque. Pasteur et mécanicien, M. Godfrey et sa conjointe se plaisent déjà en Haute-Mauricie.

La convivialité des Latuquois a tout de suite été remarquée par les Godfrey. C’est souvent propre aux petits milieux.  «Les gens nous saluent à l’épicerie. L’anonymat, nous, on n’aime pas ça», signale le père de famille.

 «Tout le monde aide, à son niveau, dans la famille», indiquent les parents. Aucun enfant ne se substituera à la tâche et l’autorité parentales, nuancent-ils. Tous mettent l’épaule à la roue et c’est ce qui explique pourquoi les parents n’ont pas l’air débordé.

Les enfants ont entre 7 et 17 ans. Il y en a dans tous les niveaux scolaires, de la deuxième année du primaire jusqu’au CEGEP.

Le couple a cinq enfants naturels. Deux autres viennent du Vietnam, un du Honduras et sept d’Ukraine. Chacun apporte sa couleur, sa différence pour nourrir la vie quotidienne autour de la table, faite maison, qui accueille 17 personnes pour des repas animés.

Il y a des fratries naturelles au sein de cette famille. Pour pouvoir adopter plus d’un enfant à l’orphelinat, il leur faut un lien de sang, ont-ils expliqué. Par exemple, en Europe de l’Est, on retrouve des orphelins dits sociaux, leurs parents ayant des problèmes sociaux, un événement faisant en sorte qu’ils ne pouvaient plus s’occuper des enfants. C’est ce qui explique pourquoi, en 2012, le couple a adopté une fratrie de quatre enfants, trois garçons et une fille, en Ukraine. Deux ans plus tard, les Godfrey retournent dans le même pays pour adopter trois soeurs.

L’intégration à La Tuque s’est agréablement bien passée pour les enfants. Ils ont des amis en grande quantité. «On veut leur apprendre à vivre en société pour en faire des adultes responsables. Vivre dans la communauté, ici, c’est déjà un bon pas », poursuit Agnès de Leeuw. Deux font déjà partie de l’équipe de football des Vikings de l’école Champagnat.

L’adoption internationale, une vocation

Le couple a voulu faire de l’adoption humanitaire parmi des enfants vivant des difficultés dans leur pays d’origine. Ils accueillent des enfants à la recherche d’une famille et veulent tout simplement leur offrir un foyer avec une vie de famille normale où la complicité, les rires, l’entraide occupent une place importante.

«Pour nous, ce qui est important, c’est de prendre soin des enfants. Il y a des opportunités qui nous ont été présentées», indique Agnès de Leeuw.

«On n’a jamais nécessairement voulu plus d’enfants. Mais, il y a des enfants qui voulaient une famille, car ils n’en ont pas», enchaîne Israël-Luc Godfrey. Avec le temps, ce dernier constate que les enfants leur ont apporté encore davantage que ce qu’eux-mêmes ont pu leur donner.

«C’est un échange relationnel avec un individu qui a besoin d’amour, mais qui en a, lui aussi, à donner. Il a besoin de ce partage-là», analyse Mme de Leeuw.

Le couple lance qu’il souhaite donner une chance aux enfants d’être heureux. Tous parlent maintenant très bien le français, mais quelques-uns ont gardé leur langue d’origine.

«Quand on entend les enfants se parler en ukrainien dans la maison, on les encourage», dit Israël-Luc Godfrey. Certes, ceux qui ont été adoptés très jeunes ont perdu leur langue maternelle, mais les autres l’ont conservée. Certains enfants ont même gardé des liens avec leur famille naturelle et il leur arriver de parler avec les leurs, grâce à la magie d’Internet.

«Au niveau professionnel, j’aime analyser la relation entre les Atikamekw et le peuple québécois. Juste regarder et apprendre de cette dynamique, sans apporter de solution ou de jugement. En même temps, on voulait que nos enfants puissent vivre cela, un phénomène qui n’est pas qu’unidirectionnel. Il y a d’autres façons de penser, d’autres cultures et on veut que nos enfants puissent côtoyer cela, car c’est bon pour eux», estime M. Godfrey.

Cela s’ajoute au multiculturalisme des Godfrey. Car s’ils se régalent toujours de bortsh ukrainien, les enfants ne disent pas non à une bonne poutine québécoise.