Une famille de huit enfants
Jusqu’aux années 1970, il était très commun de voir des familles nombreuses au Québec alors que l’agriculture occupait une place importante dans la vie de nos parents et nos grands-parents. Mais dans les années 2010, dix personnes dans une famille est une exception. Voici la découverte de la famille Labbé de La Tuque.
Yanik Labbé et Karine Hémond se sont rencontrés en 1996, et le 21 juin 1997, ils unissaient leurs destinées par les vœux de mariage. En 13 ans, le couple élève huit enfants sous leur toit. La petite dernière, Dahlia, est née le 16 juillet dernier. Jade est née en 1998, elle a 11 ans et demi, puis ont suivi Étienne, 8 ans, Justin, 6 ans, Émerik, 5 ans, Léo, 3 ans, les jumeaux Xavier et William, 2 ans.
Pourquoi vouloir une si grande famille? «Je savais que je voulais beaucoup d’enfants, raconte Karine Hémond. Je voulais une grosse famille. Si on avait une plus grande maison, je voudrais des enfants jusqu’à 35 ans. Là c’est la logique qui l’emporte sur notre choix.» «Le seul problème, c’est que ça nous prendrait un deuxième étage, lance Yanik en riant. Les deux filles ont leur chambre en haut, et les garçons ont leur place au sous-sol.»
Et comment les Labbé réussissent-ils à s’organiser? «Ç’a toujours été convenu entre Karine et moi qu’elle restait à la maison et que je rentrais l’argent, poursuit le père. On s’est toujours débrouillé pour l’argent. Quand il le fallait, je travaillais 70 heures par semaine.»
Yanik Labbé possède sa compagnie de conciergerie commerciale depuis deux ans et demi. Puis, le couple reçoit une somme importante du gouvernement via l’allocation familiale du Québec. «On reçoit environ 3000 $ par mois du gouvernement, et j’apporte de 3000 à 4000 $ par mois à la maison.» «On se débrouille bien, mais c’est certain qu’on ne peut pas s’offrir du luxe, poursuit la mère. On ne va pas à Cuba, on a un ordinateur, et les enfants n’ont pas tous les gadgets technologiques comparativement à un enfant unique. Nous sommes axés vers la famille, et toutes les responsabilités que comporte une grande famille. Yanik travaille le soir alors il est présent le jour pour m’aider. On se sépare les tâches entre nous, mais rien n’est fixe. Les enfants aussi doivent contribuer, mais ça se fait tout seul. Jade nous aide beaucoup pour les tâches et pour surveiller les plus jeunes enfants, et nos plus jeunes veulent toujours s’occuper du bébé. Léo qui a 3 ans, il plie le linge. Et il ne faut pas que je passe avant lui pour le faire sinon il est fâché!»
Chez les Labbé, c’est deux à trois brassées de vêtements par jour, et tout autant pour le lave-vaisselle. Comme à l’époque ancienne, les garçons passent le linge aux plus jeunes, tout comme les vélos. Une somme de 300 $ par 10 jours est prévue pour l’épicerie. «J’ai été cuisinier pendant 10 ans, alors ça aide, ajoute Yanik. Puis, il n’y a aucune perte. C’est pas si dispendieux élever une grande famille, mais ça prend de l’organisation.» «Ça paraît exceptionnel aussi aujourd’hui parce que la plupart des jeunes sont gâtés, mais nos enfants ne sont pas privés de rien. Nous, notre richesse c’est nos enfants, poursuit le maître de la famille. La discipline est nécessaire dans une grande famille par contre. Il n’y a aucun passe-droit.» «La discipline doit être constante et comme couple, on doit se tenir ensemble», ajoute Karine.
Par exemple, à Noël, chaque enfant a son cadeau pour quelques jours, puis ça devient pour toute la famille. Le luxe, c’est une fois par mois alors que le couple emmène les enfants au McDonald.
Toutefois, ce que le couple aime moins, c’est d’entendre les commentaires des gens en rapport à leur situation. Des remarques comme : «Vous êtes fous!» ou «Vous allez élever des B.S.» ont déjà été entendues. «C’est rarement positif. Il y a seulement des gens ayant vécu dans des grosses familles qui sont positifs, exprime la femme au foyer. Je trouve ça plate qu’on soit considéré hors-norme.» «Mais ce qui est important, c’est que tu sois extraordinaire, lui répond son amoureux. C’est seulement dommage que le système social actuel laisse aller les valeurs familiales qu’on tente d’inculquer aux enfants. Nous nous considérons comme une famille traditionnelle dans un système non conventionnel.»
Les commentaires de l’aînée
Bien entendu, dans une grande famille, l’aînée a toujours plus de responsabilités. Comment Jade voit-elle sa famille? «C’est très occupant. Je n’ai pas beaucoup de temps pour moi, j’ai beaucoup de tâches à la maison, surtout avec l’arrivée de ma sœur. Je me trouve responsable, et mes amies me disent aussi que je suis responsable pour mon âge. Mes frères sont tannants, mais je suis habituée. Je ne sais pas si mes parents vont arrêter d’avoir d’autres enfants, mais ça me ferait du bien un break», lance-t-elle en riant.