Un règlement avec les enseignants à Wemotaci

Après moins de deux semaines de l’article publié en exclusivité par L’Écho, «L’éducation de Wemotaci dans un gouffre», un règlement est survenu cette semaine entre le conseil de bande de Wemotaci et leurs enseignants.

«L’incroyable est finalement arrivé! Nos demandes ont été accordées!, s’exclame le professeur David Lefebvre de Wemotaci. Nous avons eu une rencontre lundi dernier avec la Directrice de l’Éducation, Gaétane Petiquay, et le conseiller Dany Chilton, qui ont tous deux travaillé à faire avancer le dossier. Ils nous ont annoncé la bonne nouvelle : le Conseil a appuyé à l’unanimité la résolution pour augmenter les conditions salariales des enseignants et des professionnels de Wemotaci. Avec ces nouvelles conditions, le salaire dépasse maintenant celui offert par la province. Nous offrons maintenant une prime de rétention en plus de nombreux autres avantages, ce qui va nous permettre, on l’espère tous, de combler rapidement les postes vacants.» «Cela met fin à une saga qui durait depuis des années, poursuit M. Lefebvre. Grâce aux efforts de Gaétane Petiquay et de Dany Chilton, le gouffre de l’éducation va finalement se combler. Le Conseil avait reçu beaucoup de pression, notamment de la part des parents, dont plusieurs avaient commencé à inscrire leurs enfants dans des écoles hors de la communauté. La pression médiatique a aussi fait accélérer l’acceptation de ces nouvelles conditions.» «Nous étions presque en état de choc lorsqu’on nous a annoncé la nouvelle. On se regardait sans dire un mot, et les applaudissements sont venus d’eux-mêmes. Une enseignante a même fait répéter le conseiller, pour être bien sûr de ce qu’elle avait entendu, et pour le plaisir d’entendre une bonne nouvelle après tout ce que l’équipe-école a traversé comme épreuves. L’éducation a finalement été priorisée, il faut maintenant renverser la vapeur et remettre l’année scolaire des jeunes sur la bonne voie. C’est un lourd fardeau qui vient de tomber de nos épaules, car nous sommes maintenant compétitifs dans un contexte de pénurie d’enseignants à l’échelle provinciale», conclut David Lefebvre

Commentaires de Dany Chilton

Le conseiller au conseil de bande de Wemotaci a répondu à nos questions. «Le dossier n’avançait pas en raison d’une question d’argent. Mais le fond de la question était de sauver notre avenir coûte que coûte. De plus en plus, les parents voulaient inscrire leur enfant à La Tuque. C’était devenu un problème énorme. Comment pourrait-on assurer la survie de notre communauté et de notre langue si elle n’est plus enseignée? Le conseil a résolu d’offrir des conditions de travail concurrentielles avec la province. Mais notre offre se trouve au-dessus de la moyenne provinciale quant au salaire des enseignants. On devait assurer la rétention de nos professeurs, mais aussi mettre des mesures incitatives de l’avant pour attirer les professeurs, surtout quand on sait qu’il existe une pénurie d’enseignants qualifiés au niveau provincial. Tous nos engagements qui avaient été annoncés aux enseignants ont été respectés.»

Lors de la manifestation faite par les élèves de Wemotaci le 27 octobre dernier, Dany Chilton était en congé de maladie. «Une semaine avant de partir, j’étais au courant des revendications des professeurs et de la pétition. Nous avons eu une rencontre le 16 novembre avec eux et la directrice de l’éducation. Nous les avons écoutés. Les professeurs se disaient rassurés d’avoir l’écoute d’un élu. J’ai apporté le dossier à la table du conseil le 23 novembre, et la résolution a été adoptée. Le problème était encore plus complexe, parce que contrairement à une municipalité, nous devons gérer l’éducation, les logements, la sécurité publique… Mais en 30 ans, l’éducation à Wemotaci a évolué grandement quand on pense que c’était les curés qui venaient enlever les enfants des communautés.»