Reprendre sa vie en main
GUÉRISON. Afin de régler un problème important de consommation d’alcool et de drogues, Ghislain Weizineau a quitté la communauté atikamekw d’Opitciwan au nord du Haut-St-Maurice il y a 3 ans. Après avoir suivi une thérapie, l’homme de 49 ans est maintenant encadré par le Centre d’entraide aux rayons de soleil au secteur de Grand-Mère.
L’Atikamekw respire la fierté d’avoir traversé ces épreuves. En plus d’avoir complété une thérapie de 8 mois au pavillon alternatif Ste-Monique situé sur la Rive-Sud, M. Weizineau est retourné sur les bancs d’école en complétant un diplôme d’études professionnelles d’opérateur équipement et production au Carrefour formation Mauricie. Lors de la Semaine québécoise des adultes en formation au printemps dernier, M. Weizineau a reçu une mention comme étant l’étudiant le plus appliqué. D’ailleurs, il complète son stage à l’entreprise Métaux Lamy de Shawinigan.
«Lorsque j’ai quitté la réserve il y a 3 ans, j’avais des problèmes de consommation, avec la justice, et ma famille était tannée de moi. Ç’a été ma décision de quitter Obedjiwan. Ma thérapie a été plus longue par choix, je voulais prendre plus de temps pour le volet réinsertion. Le choix n’a pas été facile, mais je n’étais plus capable de vivre avec ça. Je n’avais pas de projet, je voulais juste régler mes problèmes.»
La plus grande fierté pour l’Atikamekw a été sa réussite à l’école. «J’ai bien réussi et j’ai bien compris les différents modules. Nous allons voir s’il y a des possibilités d’embauche à mon endroit de stage. Même rendu à 49 ans, il est temps pour moi de vivre une vie normale et c’est ce que je veux. Je veux que ma famille sache que je vais bien et que je m’en suis sorti. C’est pourquoi j’ai décidé de vous parler. La vie a tellement de belles choses à offrir. La sobriété apporte la confiance et l’estime de soi.»
Le Centre d’entraide aux rayons de soleil
L’autochtone de 49 ans se sent plus fort grâce à l’encadrement du Centre d’entraide. «Ça fait depuis le 31 mai 2013 que je suis au Centre. Ici, on apprend à vivre et à gérer nos émotions. Les intervenants nous montrent la base élémentaire de la vie: on apprend à cuisiner, à faire un budget, à faire du ménage… Ça l’air anodin, mais c’est important d’y penser si on veut garder le droit chemin. J’aime bien le côté social et amical au centre, il existe une belle solidarité entre les gens.»
À l’approche d’avoir son appartement et son autonomie, est-ce que M. Weizineau a peur de cette étape qui arrive? Non parce que j’ai été bien préparé. Je me suis fait une routine au centre. Pour que ça se poursuivre en appartement, je n’ai qu’à continuer ma routine. Aussi, c’est sécurisant de savoir que l’organisme est toujours là pour nous aider même si on ne reste plus ici.»
Toutefois, Ghislain ne se sent pas assez fort pour aller résider dans une ville où les autochtones sont plus nombreux comme à La Tuque ou Roberval. Il compte aller à Obedjiwan pour rendre visite à sa famille aux Fêtes, mais le retour permanent dans la communauté n’est pas envisagé. «Si je peux faire un message aux gens qui vivent la même chose que j’ai vécue; c’est toujours possible de s’en sortir, il faut garder espoir et ne jamais lâcher en se donnant des objectifs.»