On mise sur l’enseignement de l’Atikamekw et la débrouillardise entrepreneuriale

TRADITIONS. Pascal Sasseville-Quoquochi connaît bien la réalité de l’école secondaire Nikanik de Wemotaci puisqu’il y enseigne depuis 16 ans. Passionné du monde l’éducation, mais surtout des jeunes qu’il côtoie quotidiennement, il prêche la nécessité de créer un climat de confiance envers les pédagogues, mais aussi envers les étudiants de cette école de plus de 110 élèves.

«Chez nous, l’enseignant s’adapte aux jeunes et il regarde qui sont les jeunes devant lui. Nos enseignants sont composés de 90 % d’allochtones et de 10 % d’autochtones. Ces allochtones enseignent à des Atikamekws. Alors le premier ajustement de ces enseignants en est un de compétence culturelle», explique-t-il.

Voilà pourquoi quand il a accepté la direction de l’école secondaire, l’an dernier, cet enseignant en musique a proposé un concept d’entrepreneuriat éducatif. « La réussite scolaire, ce n’est pas juste pour ceux qui ont des notes de 80 % en mathématiques. Elle doit également être accessible aux gens qui ont moins d’aptitude en apprentissage», croit-il

Voilà pourquoi les quatre groupes en adaptation scolaire de l’école Nikanik seront amenés à développer leur sentiment d’utilité envers la communauté avec le projet de jeunes entrepreneurs Matcekin (en évolution), l’an prochain. Pour l’instant, le projet d’entrepreneuriat est réservé aux formations préparatoires au travail.

Après une analyse des besoins de la communauté, ces jeunes ont commencé à se mettre au travail. Ainsi, ils ont obtenu des contrats d’aménagement paysager, tonte de pelouse, débroussaillage, préparation des terrains, un service de traiteur et même des petites rénovations de maisons. Un service de vente de bois de chauffage sera également offert. Les jeunes apprennent également à maîtriser des notions telles que le budget des entreprises et la rentabilité.

« L’argent amassé avec ses contrats sert à l’émulation des jeunes», explique également Pascal Sasseville-Quoquochi. S’ils ont une participation adéquate en classe, ils peuvent s’offrir des activités de récompense ou un éventuel voyage de fin d’année. C’est Fernand Bouvier qui est enseignant responsable des huit jeunes entrepreneurs. S’estimant trop jeune pour la retraite, cet ancien formateur chez Quebecor s’est installé en Haute-Mauricie l’année dernière dans le but de relever ce nouveau défi qui combine ses deux passions : la construction et l’enseignement.

Lors du passage de TC Média, les jeunes travaillaient sur un projet de réparation de moustiquaires et se préparaient pour un autre consistant à atteindre des tables de pique-nique et les solidifier. Ces projets comptent parmi plusieurs autres qu’ils auront à effectuer au cours des prochains mois.

Les projets de jeunes entrepreneurs permettront également l’ouverture d’une friperie pour accommoder les gens qui n’ont pas les moyens de se rendre à La Tuque ou à Trois-Rivières pour acheter leurs vêtements.

En collaboration avec des chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières, nous aimerions éventuellement, peut-être dans deux ans, exporter notre expertise pour permettre à d’autres d’en bénéficier», souhaite Pascal Sasseville-Quoquochi.

Le directeur aimerait bien que ce cours préparatoire au travail puisse devenir crédité auprès du ministère de l’Éducation. « Ainsi, on développe un sentiment de fierté pour les jeunes, ils se sentent utiles pour leur communauté et développent une autonomie», fait-il également remarquer.