«On a été chanceux» – les vétérans Joseph Tardif et Marcel Boudreault

HOMMAGE. La guerre de 1914-1918, aussi bien que celle de 1939-1945 comme toutes les autres qui ont suivi, reste gravée dans la mémoire de ceux qui ont dû y participer. De nombreux Latuquois ont servi lors des deux conflits mondiaux. Les Latuquois Joseph (Jos) Tardif et Marcel Boudreault, sont les deux seuls vétérans toujours vivants qui ont participé à la Deuxième Guerre mondiale. Encore alertes, les deux hommes de 94 et 98 ans évoquent avec clarté des souvenirs liés à leur contribution aux Forces armées canadiennes au deuxième conflit qui s’est terminé il y a 73 ans. Des souvenirs clairs : ils se rappellent leurs numéros de matricules même après toutes ces années.

Ils ne sont pas allés au front, mais auraient très bien pu s’y retrouver. Ce n’était qu’une question de temps. Âgé d’à peine 20 ans, Marcel Boudreault a servi en infanterie en Angleterre en 1945. Il a pris le bateau dans une traversée de sept jours vers Liverpool, mais le bateau a dû opter pour Glasgow en Écosse, parce que le port était miné. Il a effectué des entraînements dans le but d’aller servir au front, mais la fin de la guerre le lui a évité. «Je suis arrivé le 27 avril et la guerre a fini le 8 mai», signale celui qui s’est enrôlé en 1943. «Ils nous obligeaient à y aller, on recevait une lettre». Joseph Tardif, qui s’est enrôlé en 1941, a passé trois années en Angleterre, dans l’aviation. À peine arrivés à Bournemouth, dans le sud de l’Angleterre, Joseph Tardif et son groupe ont été victimes d’une attaque de l’aviation ennemie.

«J’étais dans le parc, il a fallu se coucher à terre. Je n’ai pas été blessé, mais il y en a qui l’ont été», se souvient M. Tardif. Il a ensuite été transféré à Warrington, un endroit qu’il ne quittera pas avant la fin de la guerre. Il y travaillera comme magasinier pour les cuisines. Les deux anciens militaires en conviennent : ils ont été chanceux de ne pas avoir à se rendre jusqu’au front pour risquer leur vie encore davantage.

«J’ai été sur le côté est, il n’y a presque pas eu de bombardement», évoque aussi M. Tardif. Malgré tout, la guerre et le stress de ne jamais savoir ce qui leur tombera dessus ont été des éléments marquants pour tous les militaires. Dans leurs emplois en Angleterre, MM. Boudreault et Tardif n’avaient pas vraiment de nouvelles de ce qui se passait au front, même si chacun des militaires avait des pensées pour ceux qui y étaient. L’entraînement était intense. Marcel Boudreault se rappelle que chaque mercredi, il y avait un entraînement de tir : « On tirait jusqu’à 600 balles».

La fin de la guerre

M. Boudreault se rappelle cette anecdote liée à la fin de la guerre. Encore en Angleterre, le jeune homme cherchait à revenir au pays. Mais puisqu’il n’est pas allé au front, les salaires étaient d’abord versés à ceux qui y étaient allés, forçant M. Boudreault et ses camarades à emprunter de l’argent. «Les gars qui étaient au champ de bataille passaient devant nous et c’est normal, ça faisait cinq ou six ans qu’ils étaient là. On gardait notre argent pour le moment où on prendrait le bateau pour revenir». Cela a fait en sorte qu’il est revenu au pays quelques mois après les autres. La guerre terminée, il a poursuivi sa carrière dans des garages, dans la construction, avant de retourner à l’usine des Brown. C’est en attente du bateau du retour que Joseph Tardif fera la connaissance de son ami le Latuquois Jean-Baptiste Lapointe. Rentrés au pays, les vétérans avaient la possibilité de suivre des formations pour regagner un emploi dans la vie civile. C’est ce qui a amené M. Tardif, originaire de St-Lambert de Lévis, à suivre un cours de comptabilité, après quoi il a été embauché par la Brown. Sa première destination aura été, en 1946, Sanmaur et, cinq ans plus tard, La Tuque. Les deux hommes ne cachent pas que de nombreux Latuquois ont pris part à plusieurs opérations, de nombreuses guerres, un peu partout dans le monde : le jour du Souvenir est une excellente occasion de rendre hommage à tous ces gens.

La Légion toujours active

Depuis sa fondation, en 1931, la filiale 31 de la Légion a d’abord été formée d’anciens combattants des deux premières guerres, puis, graduellement, a accueilli la nouvelle génération d’anciens combattants. Roger Mongeon, secrétaire, indiquait d’ailleurs que depuis quelques mois seulement, sept nouveaux membres ont été accueillis, ce qui porte à une quarantaine le nombre de légionnaires actifs en Haute-Mauricie. Les types de membres de la Légion

  • Membre régulier : les anciens militaires ou policiers
  • Membres associés : ceux dont un parent a été membre des Forces armées canadiennes
  • Membres affiliés votants : tout citoyen canadien qui endosse les principes de la légion et du jour du Souvenir
  • Membres affiliés non votants : pour les gens qui n’ont pas la citoyenneté canadienne, mais qui endossent les principes de la légion et du jour du Souvenir

J’ai été chanceux, je suis rentré A1, je suis sorti A1, pas de blessure Joseph Tardif