L’histoire de Rapide-Blanc offerte en cadeau

HISTOIRE . Un ancien de Rapide-Blanc, Paul Desbiens, a voulu offrir un cadeau aux anciens du village. Au fil des derniers mois, il s’est attardé à recueillir des éléments importants de l’histoire de Rapide-Blanc dans le but de pondre une œuvre «Histoire du Rapide-Blanc» qui en relatera les grandes lignes de façon assez précise. Le livre de 71 pages, qui n’est pas publié dans une version papier, est téléchargeable gratuitement sur le web. Cliquez ici pour l’obtenir. Lancé à quelques jours des Fêtes, le livre est son cadeau de Noël à la communauté, pense M. Desbiens. Il y a vécu les dix premières années de sa vie. À voir l’intérêt qu’il a consacré à recueillir à l’histoire du village, on devine qu’il en retire de très bons souvenirs.

Paul Desbiens (Courtoisie)
Des segments du volume touchent les peuples autochtones: «Je n’avais jamais vraiment étudié les peuples autochtones de la Mauricie, les Atikamekw, alors ça m’a permis de le faire». Une section concerne aussi l’histoire ferroviaire de la région. «En 1903, le premier ministre Wilfrid Laurier voulait réunir Winnipeg et Moncton en passant par La Tuque», s’exclame-t-il. La jonction entre l’est et l’ouest, relate-t-il, s’est faite à Senneterre, en Abitibi. On en apprend beaucoup sur les familles qui y ont vécu. «Le train a joué un rôle moteur pour le développement économique, non seulement du Rapide Blanc, mais de la Haute-Mauricie». Hydro-Québec, à l’époque, c’était la Shawinigan Water and Power.  Souhaitant que son monde s’y sente le moins isolé possible, l’entreprise favorisait la vie sociale au centre du village : «C’est un village de compagnie. Il n’y en a plus, nos jours, ces villages-là. La compagnie possédait toutes les maisons et fournissait toutes les infrastructures d’électricité, d’eau, d’égout et de loisirs. Le ski, le hockey, la baignade au lac Croche, un autobus nous prenait au village et nous amenait trois km plus loin au lac. Tout ça, c’était gratuit. C’était une vie très agréable il n’y avait pas de problème de sécurité, tout le monde se connaissait, personne ne barrait ses portes». Deux glaces dédiées au curling étaient aussi très populaires. Il faut savoir que les habitants n’en sortaient pas toujours comme ils voulaient, surtout en hiver. «C’était une oasis dans les milieux des bois, décrit Paul Desbiens. C’était enclavé, il y avait deux moyens de sortir de Rapide blanc : le train et en été, un chaland pouvait traverser les voitures au barrage la Trenche». Voilà pourquoi la vie sociale y prenait une place aussi importante dans le village de 250 habitants. «Dans la première édition du village, on peut voir une série de maisons primaires, sinon primitives, avec revêtement extérieur cartonné noir appelé « Tentest », construites à la hâte, sans sous-sol et sans étage supérieur. Ces maisons cartonnées seront remplacées fin des années 40 par de belles maisons de brique rouge pour la moitié du village et le reste des maisons étant finies avec un revêtement de bardeaux d’amiante. Toutes les maisons nouvelles possédaient des systèmes de chauffages électriques à air chaud. De bons systèmes d’égouts et d’aqueducs furent également mis en place pour en faire un village à l’avant-garde du confort moderne. La télévision arriva également très tôt soit en 1954, avant plusieurs agglomérations québécoises. Bref les villageois du Rapide-Blanc se sentaient vivre dans un endroit privilégié et idéal pour élever une jeune famille», peut-on lire dans le volume. Quand on prenait le train, le voyage pourrait durer une journée complète très longtemps, car il fallait prendre le «mix» (train de marchandises et de passagers combiné) et il y avait une attente à Fitzpatrick, pendant la reconnexion des voitures. Une fois, son frère, s’étant fracturé un doigt, avait dû se rendre à l’hôpital de La Tuque pour recevoir des soins. Le seul moyen d’arriver en ville était une voiturette appelée «speeder», qui allait directement sur le chemin de fer. Aujourd’hui, la route est asphaltée et le pont sur le barrage de la Trenche, permet d‘y accéder rapidement à moins d’une heure de route de La Tuque. Ce n’est pas d’hier que Paul Desbiens s’intéresse à l’histoire de Rapide-Blanc. Aussitôt retraité de la fonction publique, en 2006, il a voulu apporter une contribution pour la société. Il a alors créé le site web lerapideblanc.com, un projet collectif, qui a fait boule de neige. «La première année, il y a eu 25 000 visiteurs», s’étonne le Latuquois d’origine. Plusieurs anciens résidents ont apporté leur contribution, soit avec des histoires ou des photos. C’est d’ailleurs ce site web qui alimente en bonne partie les informations contenues dans le livre. Il a aussi réalisé des recherches sur la Shawinigan water and power et Shawinigan engineering. Au début des années 70, on le sait, avec la fermeture du village, les travailleurs et leurs familles ont été transférés à La Tuque. Deux retrouvailles, en 2008 et 2013, ont permis aux gens de renouer des liens.