La survie de la langue atikamekw
C’est un secret de polichinelle, l’enseignement à Wemotaci , se fait en français à partir de la troisième année du primaire. Ce sera une première dans le système d’éducation de Wemotaci, l’an prochain, l’école Nikanik donnera des cours en Atikamekws.
«Nous sommes 5000 Atikamekws dans un bassin de 7 millions de Québécois. Si le français est une langue qu’il faut protéger, imaginez l’Atikamekw. Alors ça passe par l’éducation», analyse Pascal Sasseville-Quoquochi.
«En 2015, lorsqu’un jeune Atikamekw d’ici parle à un grand-père de 70 ans, il y a des termes qui ne sont plus les mêmes. Ça, ça sonne la cloche. Ils vont avoir de la difficulté à bien se comprendre. Quand les jeunes vont en forêt, les ainés connaissent tous les termes associés au dépeçage de l’orignal, mais les jeunes ne les connaissent pas tous. Ils ont perdu ce vocabulaire-là, parce que le mode de vie a changé», avertit-il.
Déjà, cette année, les niveaux présecondaires, secondaire 1 et 2 peuvent bénéficier de cours dans leur langue maternelle grâce à des enseignants Atikamekws qui ont été embauchés. L’an prochain, les étudiants de secondaire 3,4 et 5 emboîteront le pas. Les programmes d’enseignement seront adaptés en cours de route.
Les jeunes sont vraiment intéressés par ce virage Atikamekw de l’école. «L’enseignante Atikamekw vient me voir et me dit que les jeunes sont contents et demande quand sera le prochain cours. Ils ont soif d’apprendre», analyste-t-il.
La meilleure preuve : il n’existe pas encore de dictionnaire officiel Atikamekw. Depuis une vingtaine d’années, des linguistes ont établi un lexique en trois volumes qui établissent les fondements de la langue Atikamekw.
Cela ne veut pas dire qu’il faut négliger l’enseignement du français puisqu’une bonne partie du plan éducatif « Améliorons notre école ensemble» laisse une place de choix à la compréhension ou de lecture en français pour la réussite scolaire.
On enracine la réussite
Les cinq finissants de l’école Nikanik ont été invités à une cérémonie officielle en compagnie du chef du conseil de bande François Néashit, des conseillers et de leurs parents. «On leur a fait choisir leur essence d’arbre en fonction de leur personnalité et de la caractéristique de l’arbre et on voit enraciner un arbre pour la cohorte 2014-2015 dans l’îlot de la réussite», indique Pascal Sasseville-Quoquochi. Cet îlot est situé tout juste devant l’école.
«On espère que l’îlot de la réussite va vite devenir une forêt de la réussite», souhaite le directeur d’école.