La césarienne : pratique courante, mais non sans risque

Par les Instituts de recherche en santé du Canada

Autrefois limitée aux urgences médicales, la césarienne est aujourd’hui couramment pratiquée. Cette tendance ne s’observe pas seulement au Canada. Partout dans le monde, les obstétriciens pratiquent de plus en plus de césariennes.

Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé, les taux de césarienne ont presque doublé au cours de la dernière décennie, surtout dans les pays à revenu élevé comme le Canada. « La hausse des taux de césarienne observée depuis quelques années en Amérique du Nord ne s’est pas traduite par une meilleure santé pour la mère ou le nouveau-né, comme on aurait pu s’y attendre », explique le Dr Emmanuel Bujold, chercheur à l’Université Laval. « En fait, il est de plus en plus démontré que tout impact positif à court ou à long terme de la césarienne pour la mère et l’enfant risque fort d’être contrebalancé par des impacts négatifs à long terme. »

 

Aussi commune soit-elle, la césarienne n’est pas sans risque. De nombreuses études canadiennes révèlent que les césariennes planifiées comportent un risque de complications post-partum graves pour la mère – hémorragie, arrêt cardiaque, problèmes de fertilité, mauvais positionnement du placenta pour les grossesses ultérieures, infections, difficulté à allaiter – pouvant aller jusqu’au décès. Pour l’enfant, les risques associés à la césarienne couvrent les blessures causées par les instruments chirurgicaux, les problèmes respiratoires à la naissance, ainsi que des affections chroniques comme l’asthme, le diabète et les allergies. Heureusement, dans la majorité des cas, la césarienne est pratiquée sans problème.

 

Malgré l’absence de statistique exacte sur le nombre de césariennes demandées, un chercheur de l’Université de Montréal pense qu’une des raisons qui poussent les femmes à opter pour une césarienne est leur manque de confiance en leur capacité d’accoucher naturellement. Le Dr William Fraser, dont les travaux sont soutenus par les Instituts de recherche en santé du Canada, prévient que la décision d’avoir une césarienne ne devrait pas être prise à la légère. « Les femmes doivent être conscientes des risques de complications rares, mais très graves, qui y sont associés », ajoute-t-il. « Lorsque je parle aux patientes, je m’efforce d’entendre leurs préoccupations : ont-elles peur de la douleur associée à l’accouchement par voie vaginale? Sont-elles inquiètes de leur propre accouchement? craignent-elles pour la sécurité de leur enfant? ont-elles entendu parler d’une mauvaise expérience dans leur famille? Subissent-elles l’influence d’une personnalité publique ayant fait le choix personnel d’avoir une césarienne? »

 

Cela dit, le Dr Fraser souligne que tous les services d’obstétrique devraient avoir la capacité de pratiquer des césariennes. « C’est parfois une opération absolument nécessaire pour sauver des vies. »

 

Les Instituts de recherche en santé du Canada financent, au Québec, une étude où les chercheurs travaillent directement avec les professionnels de la santé afin de fournir plus d’information aux patientes sur les différentes méthodes d’accouchement dans l’espoir de faire baisser le taux de césarienne.