Joé Juneau rencontre les jeunes des Premières Nations

Instigateur du Programme de Développement des jeunes du Nunavik Kuujjuuaq, Joé Juneau a rencontré une cinquantaine de jeunes autochtones pour les entretenir de l’importance de l’éducation par le sport.

Ancienne vedette de la Ligue nationale, Joé Juneau a été nommé personnalité de l’année par la Presse en 2007 pour son implication auprès des jeunes du Nunavik. Sa première visite au nord du 55e parallèle en 2006 l’a convaincu d’agir afin de contrer le décrochage scolaire et d’inculquer de saines habitudes de vie. «Je revenais d’une excursion en ski de fond dans les Torngat et je me suis arrêté à Kuujjuuaq».

Ce qu’il y a vu l’a sidéré. Des enfants jouaient au hockey dans les rues à 2 h du matin, sans surveillance, échappant ainsi à une atmosphère trop tendue à la maison. «Comment voulez-vous que ces jeunes se présentent à l’école le matin. Il n’y a personne pour les réveiller, pour leur servir le déjeuner» mentionnait-il.

Lorsqu’il s’entretient avec les dirigeants, il apprend que la criminalité est en hausse, qu’il y a absence de sports organisés et que le décrochage scolaire atteint des proportions phénoménales. 47% de la population a moins de 20 ans, 60% est non-diplômée alors qu’ailleurs, le taux se situe à 27%. «9 jeunes sur 10 décrochent de l’école. La première cause de décès au Nunavik est le suicide. Les jeunes sont confrontés à des problèmes de pauvreté, de grossesse hâtive, de négligence, d’abus sexuel, d’alcool et de toxicomanie» expliquait-il.

C’est ainsi que lui vient l’idée de travailler sur un programme aidant les jeunes à se développer, à persévérer dans leurs études, par le biais du hockey. «Le hockey a toujours été ma passion. J’ai chaussé mes premiers patins à l’âge de 1 an. Mes parents ont toujours insisté pour je performe avant tout en classe et ensuite sur la glace» soulignait-il.

Un projet pilote a donc vu le jour. La commission scolaire de l’endroit, les organismes gouvernementaux Makivik et Kativik, ont mis l’épaule à la roue pour mettre en place une structure qui favoriserait l’éducation, l’activité physique et une saine alimentation. «On partait de très loin. Il fallait former des entraîneurs, rénover les arénas, motiver les jeunes et leurs parents et offrir le programme aux 14 villages du Nunavik» déclarait-il.

Joé Juneau croit tellement à son programme qu’il emménagera à Kuujjuuaq en 2007 avec sa famille. Les choses s’enchaînent, les gens commencent à y croire et s’impliquent dans le projet. «Notre structure est particulière. C’est un programme social avant tout» précisait-il. Les jeunes doivent répondre à trois critères pour participer : être toujours présents en classe, travailler fort à améliorer le rendement académique et avoir un bon comportement. «De bons joueurs peuvent être exclus alors que des élèves en difficulté d’apprentissage peuvent faire l’équipe».

Le programme est maintenant bien en place. Joé Juneau a réussi à le faire reconnaître en créant Hockey Nunavik. Les jeunes peuvent participer à des tournois, représenter le Nunavik au provincial, au national et même à l’international. 450 jeunes participent, que ce soit au niveau Atomes, Pee Wee, Bantam ou Midget. Les résultats scolaires se sont améliorés, ces jeunes sont devenus des modèles pour leurs pairs et l’on voit déjà des résultats positifs au niveau de la qualité des rapports parents-enfants.