Jocelyn Ouellette : un retour à La Tuque après 35 ans
PORTRAIT. Il y a un dicton qui dit qu’on peut sortir une personne de La Tuque mais qu’on ne sortira jamais La Tuque de quiconque.
Jocelyn Ouellette est la preuve incarnée de la véracité de cet adage. Parti de La Tuque à l’âge de 11 ans, il a vécu 35 ans à Shawinigan en nourrissant, tout ce temps-là, l’envie secrète d’établir un nouveau ses pénates en Haute-Mauricie.
Pré adolescent, il avait «tellement hâte d’aller faire son secondaire à l’école Centrale». Mais au bout de deux semaines, sa mère a dû déménager dans la région de Shawinigan et évidemment, il l’a suivie. Partir d’une école d’à peu près 300 élèves (à l’époque, l’école Centrale accueillait les niveaux secondaire 1 et 2) à une école plus populeuse, la polyvalente des Chutes, demande un certain cran. Surtout quand on sait qu’elle regroupait plus de 1800 étudiants.
«J’ai eu beaucoup d’amis à Shawinigan et j’ai vécu de bons moments, mais je dois dire que je ne me suis jamais vraiment adapté puisque j’ai toujours eu le goût de revenir à La Tuque», indique celui dont la mère demeure toujours là-bas.
Jocelyn Ouellette a travaillé pendant 28 ans dans le domaine de la restauration dans la région de Shawinigan, avant d’entreprendre des études en intervention psycho sociale. Il s’est aussi offert, comme cadeau de ses 40 ans, son diplôme de secondaire 5, une mise à niveau qui l’a amené à réussir ses cinq années de secondaire en 18 mois. Comme quoi quand on veut vraiment, tout est possible.
C’est lors de sa séparation avec sa conjointe, il y a trois ans, que l’idée de revenir à La Tuque a germé dans son esprit : «J’ai commencé à tâter le terrain et envoyé mon curriculum vitae à des entreprises locales».
Le déclic
Mais le véritable déclic s’est fait le 23 juin 2014, alors que Jocelyn Ouellette était présent à La Tuque à l’occasion des festivités de la Fête Nationale. Tout près du site des activités, il voit qu’un logement est vacant, sur la rue Joffre. « J’en ai parlé à mon fils Raphaël, qui a 10 ans et qui vit avec moi. Puisque mon fils était déjà venu à quelques reprises à La Tuque, il a accepté. Même qu’il a commencé à se faire des amis ici et j’ai de la misère, parfois, à le garder chez moi», confie ce papa de quatre autres enfants et jeune grand-père d’un petit garçon.
Ces dernières années, grâce à la magie de Facebook, la page du Latuquois Daniel Bélanger, «Tu es de La Tuque si», a contribué à rallumer la flamme de Jocelyn Ouellette par les photos qui étaient publiées.
Chez les pompiers
Puisqu’il avait donné du temps entre 1996 et 2001 au Service de prévention des incendies de Shawinigan et à son service des mesures d’urgence, ses implications bénévoles l’ont bien servi puisque depuis le 17 mars dernier, il est pompier à temps partiel pour Ville de La Tuque.
«J’ai déjà une très grande passion pour le métier de pompier, dit celui qui complète une formation en ce sens. Je me disais qu’à 50 ans, j’aimerais être pompier formé, c’était un rêve».
Quand on lui demande pourquoi il a toujours nourri le rêve secret de revenir s’établir à La Tuque, Jocelyn Ouellette affirme que sa motivation première est la qualité de vie qu’on y retrouve : «Pour élever mon fils, c’est parfait je le sais en sécurité et on se sent bien ici».
Le plus gros du travail aura été certainement de se refaire un réseau social dans cette «nouvelle ville», mais le lien s’est vite tissé avec ses collègues pompiers. «Ce qui a été le plus difficile c’est de se faire à l’idée que telle personne que j’avais l’habitude de côtoyer dans ma jeunesse, n’est plus à La Tuque», a-t-il évoqué.
Il se dit ici pour rester. «C’est comme un bouleau, image-t-il. Si on le coupe, on voit que les racines sont toujours là et l’arbre peut renaitre».
N’est-il pas un peu audacieux de s’en venir dans une nouvelle ville, sans avoir du travail dans l’immédiat ? «Je fais confiance à la vie, le meilleur est à venir», termine-t-il.