Des anges qui volent au secours des familles qui ont faim

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE. Les locaux de la Centrale alimentaire, située dans l’ancienne maternelle Marie-Médiatrice, avaient l’allure d’une véritable ruche, cette semaine, lors d’une des distributions de boîtes d’aliments destinés aux familles qui en ont besoin.

Des gens préparaient les boîtes, dans une formule à l’envers de ce qui s’y fait habituellement. La pandémie du coronavirus a causé une forte augmentation des besoins et les consignes du gouvernement Legault interdisent aux gens de s’y présenter. Alors, on va chez eux.

Patricia St-Arnaud, coordonnatrice, a un heureux problème. Elle n’a pas eu à courir longtemps pour trouver des bénévoles : nombreux sont ceux qui ont levé la main, pour ensuite la mettre à la pâte. Des enseignants, des gens du Centre d’amitié autochtone de La Tuque, les Travailleurs de rue, des employés municipaux en plus de nombreuses autres personnes qui sont allés de leur propre chef offrir de leur temps ont empilé les boîtes dans leurs véhicules avant de partir les distribuer dans tous les coins de l’agglomération de La Tuque.

«Les gens doivent appeler le lundi et le mardi (819 680-2124) pour recevoir leur distribution. Il a fallu créer un système d’horaires pour les livraisons, appeler les bénévoles. C’est vraiment différent de la façon dont on fonctionne habituellement».

Habituellement, il y a une distribution chaque deux semaines, mais c’est maintenant chaque semaine, étant donné le volume accru de demandes.

Rien que mercredi, au moment où L’Écho de La Tuque était sur place, la Centrale alimentaire a répondu à 88 demandes. «Il y a deux semaines, on en a eu 95», retient aussi Mme St-Arnaud. Habituellement, en période plus tranquille, on compte entre 70 et 75 familles qui reçoivent l’aide alimentaire.

Des boîtes sont aussi parties jeudi dernier pour le secteur Parent, de Ville de La Tuque, où des employés municipaux les ont acheminées à des familles qui en avaient fait la demande. Deux journées de dépannage, pour des situations extrêmes, sont aussi prévues dans la semaine.

On ignore quand prendront fin les mesures découlant de la pandémie. Aussi, Mme St-Arnaud ne s’attend pas à diminuer la cadence de la Centrale alimentaire au cours des prochaines semaines.

Mais les bénévoles sont nombreux et l’approvisionnement des denrées alimentaires va bien. Outre gens à la livraison, d’autres bénévoles, à l’intérieur, voient à préparer chacune des boîtes avec une pensée pour les gens qui les recevront.

«C’est le fun de voir les gens s’impliquer, ils viennent voir, ils savent comment ça fonctionne et ce qu’on fait».

Si le programme de récupération dans les supermarchés est un peu plus au ralenti, Moisson Mauricie achemine bon nombre de denrées et offre même des aliments gratuits pour la période de la pandémie.

Implication de Ville de La Tuque

C’est Estelle Paulhus, directrice du service des loisirs de La Tuque, qui voit à aiguiller les employés municipaux de son département, qui répondent eux aussi aux besoins exprimés en aide alimentaire.

Emplissant le camion de Ville de La Tuque, on voit Jean Drouin, employé municipal, Patricia St-Arnaud, coordonnatrice de la centrale alimentaire et Estelle Paulhus, directrice des loisirs.

«Depuis la semaine passée, on a affecté du personnel du service des loisirs pour leur prêter main-forte, soit parce que les besoins ont augmenté ou parce que des bénévoles n’ont pas pu se présenter étant donné les nouvelles normes gouvernementales», indique Mme Paulhus.

Les employés rencontrés sur place n’ont d’ailleurs pas caché une certaine fierté de pouvoir contribuer à aider des gens dans le besoin.

La semaine dernière, quatre employés de la municipalité sont allés prêter main-forte, pour l’aide à la réception des marchandises et la livraison. L’aide se poursuivra, surtout quand on sait que la période de confinement pourrait durer au moins jusqu’au 4 mai. «On va être là tant que le Carrefour d’action bénévole ou d’autres organismes communautaires auront besoin de nous», ajoute Mme Paulhus.

Des gens heureux de servir

Le travailleur de rue Dany Létourneau, qui a toujours un bon mot pour chacun des bénévoles, place les marchandises dans les véhicules des personnes qui effectuent les livraisons. Lui qui a aussi effectué des livraisons en retire autant qu’il donne. Les gens sont reconnaissants : «Ce que j’aime, c’est quand je vais porter une boîte d’aliments et que je vois les sourires des gens. C’est gratifiant. C’est comme si on leur amenait une boîte de cadeaux».

Une dizaine d’enseignants unissent aussi leurs efforts aux bénévoles. «On voulait donner de notre temps, aider la communauté et on s’est dit que c’était une belle façon de faire […] On en profite pour transmettre de belles valeurs à nos enfants qu’on amène avec nous. Ceux qui vont être touchés, en première ligne, ce sont nos jeunes. D’habitude, on les voit. Là, on ne peut pas les voir. On essaie de les rejoindre autrement», laisse entendre l’enseignante Annie Angers.

Une vision partagée par ses collègues enseignantes Isabelle Gauvin et Pascale Rioux. Toutes deux offrent de leur temps au service de garde qui a été mis sur pied à l’école Centrale. Elles ont aussi participé à la livraison de la Centrale alimentaire, un geste qu’elles voient comme très important.

«On a quand même notre salaire en tant qu’enseignantes, alors on voulait redonner à la communauté de cette façon-là», disait Pascale Rioux. «On est au courant des besoins des familles, parce qu’on est dans le milieu. On voit ce qui se passe. La Tuque est un milieu défavorisé, il ne faut pas se cacher. Avec les gens qui n’ont pas leur salaire en plus, il faut ajouter ça à ceux qui sont déjà démunis», complète Isabelle Gauvin.