Danielle Moisan : 44 ans à prendre soin des tout-petits

Danielle Moisan s’apprête à tirer un trait sur ce qui aura été une véritable vocation pendant les 44 dernières années, en tant que responsable de service de garde en milieu familial.

Des petits mousses, elle en a accueillis dans sa chaleureuse demeure de la rue Caron, puis de la rue Jacques-Buteux, au fil des quatre dernières décennies.

D’abord employée de la cafétéria de l’usine, Mme Moisan a commencé par accepter de s’occuper d‘une enfant à la demande d’un collègue de son mari, puis elle en a rapidement accueilli d’autres. C’est devenu une réelle passion pour elle, non seulement de prendre soin des enfants, mais de leur apprendre mille et une choses.

«C’est arrivé comme ça», avoue celle qui n’avait pas inscrit cela dans son plan de carrière quand elle était toute jeune.

Quand elle fait le compte de tous les enfants accueillis pendant plus de quatre décennies, elle arrive à 97. Certains enfants qu’elle a reçus, au début, lui ont confié les leurs, par la suite. L’un des enfants qu’elle a actuellement dans son service est le fils d’une jeune fille qu’elle avait accueillie dans ses premières années d’éducatrice.

Elle est bien consciente que les éducatrices font une différence dans la vie des gens, en ces premières années de vie qui sont dans les plus marquantes.

Quand elle opérait seule son service, Mme Moisan pouvait en prendre 6, mais depuis la retraite il y a 11 ans de son époux, Gaétan Ouellet qui lui donne un coup de main, son service de garde a le droit d’en recevoir 8. «Quand j’ai pris ma retraite, je lui ai dit que je ferais ça avec elle», dit M. Ouellette.

Certains devenus adultes se souviennent encore très bien d’elle aujourd’hui.

L’heure de la retraite a sonné

Le 30 juillet sera la dernière journée où elle leur lira des contes, fera du bricolage avec eux, les amènera dans sa cour où on retrouve toutes sortes de jeux, que son époux leur cuisinera à dîner. Veut, veut pas, ça fait un pincement au cœur, même si la décision est mûrement réfléchie : «C’a été dur de leur annoncer, j’en ai passé des nuits blanches, mais ils ont bien compris».

Cette forme de deuil, Danielle Moisan le connaît toutefois, elle qui doit se séparer de quelques-uns chaque année, lors du déchirant départ pour la maternelle. On s’attache, quand on les côtoie depuis l’âge de 7 ou 8 mois, jusqu’à celui de 5 ans. «C’est dur quand ils s’en vont à l’école. Je n’ai pas hâte à la dernière journée», anticipe-t-elle.

Danielle Moisan voulait surtout s’assurer que chacun des enfants trouve un nouveau service de garde, avant de leur dire au revoir. Cinq des huit enfants entreront d’ailleurs à la maternelle en septembre.

À travers son entreprise, elle et son mari ont eu deux enfants : «à un moment donné, les jeunes que je gardais avaient l’âge de mes enfants».

On a beau avoir du métier, mais il faut se renouveler : chaque année, elle suivait six heures de formation en plus des cours de premiers soins, chaque trois ans, comme chaque responsable de services de garde en milieu familial.

Danielle Moisan a travaillé de façon indépendante au début, avant de s’affilier à l’agence le Fou Rire, en 1997, puis à la Clé des champs par la suite.

Chacun des enfants qui quitte son service de garde, au moment d’entrer à l’école, reçoit un album photo, en guise de souvenir de toutes ces années. Gageons que l’album de Danielle Moisan sera certainement, lui, bien garni d’heureux souvenirs.

Pour le CPE la Clé des Champs, Danielle Moisan et son époux Gaétan Ouellette sont des gens fort appréciés par leur jeune clientèle et le demeurent même quand les enfants entrent à l’école. «Les enfants (qu’ils ont accueillis dans le passé) vont encore les voir, ils sont tellement aimés», témoigne Judith Robertson, directrice adjointe.

Selon cette dernière, Danielle Moisan est la responsable de service de garde en milieu familial comptant le plus d’ancienneté à la Clé des Champs, même si le centre emploie beaucoup de gens d’expérience. «On en a de 20, 25 et de 30 ans, mais 44 ans, c’est la seule», termine-t-elle.