Combattre l’insécurité alimentaire à Wemotaci

CAUSE. La faim se vit partout. Dans les petites communautés, comme dans les grandes villes.

Via son centre de santé, la communauté de Wemotaci a mis sur pied un programme visant à soulager l’insécurité alimentaire.

«C’est dans le but de réduire l’insécurité alimentaire, car jamais on ne peut l’enrayer complètement», observe Isabelle Greffard, nutritionniste au Conseil de bande de Wemotaci. Elle fait partie d’un groupe de cinq personnes, dont deux bénévoles, qui ont pour objectif de soulager, autant que possible, la faim dans cette communauté.

Le projet a démarré alors qu’un budget d’environ 10 000 $ a été rendu disponible par Santé Canada pour que les communautés puissent combattre l’insécurité alimentaire. Elles avaient à soumettre des projets en ce sens. Sauf que le montant ne sera pas disponible indéfiniment. Les communautés doivent apprendre à autofinancer ce service.

 «Elles font un travail exceptionnel. Elles reçoivent les aliments, les transforment, les congèlent pour ne rien perdre. Elles reçoivent aussi les commandes des gens et préparent les paniers. Il y a beaucoup d’implication à Wemotaci », a tenu à souligner Mme Greffard à propos de l’équipe qui travaille avec elle.

Des activités mensuelles de préparation et de distribution de paniers d’épicerie et de cuisine populaire sont mises sur pied. «Les gens viennent cuisiner et ramènent des aliments à la maison», poursuit-elle. On ne donne pas tout cuit dans le bec : le coût est de 2 $ pour une personne seule, 5 $ pour une famille et ce sera gratuit pour les gens qui viennent aider à la cuisine.

Ainsi, chaque mois, on prépare l’équivalent des dizaines de paniers d’aliments. « La moitié ce sont des familles et l’autre des personnes seules», précise Taïsha Richer Niquay intervenante communautaire en prévention du diabète à Wemotaci, qui participe aussi au programme. On vient en aide à une quarantaine de personnes, chaque mois, un nombre important pour une communauté de presque 2000 personnes.

«On a des aliments qui nous sont donnés mais on en achète en fonction des besoins des gens», indique Mme Greffard. Un service de dépannage alimentaire existe déjà, via les services sociaux de Wemotaci, mais les deux sont complémentaires.

Vaincre les tabous

 Il y a plus. On veut éviter les gens à faire part de leurs besoins, particulièrement en période financière difficile. «Il y a un tabou, les gens se ramassent dans l’isolement par rapport au fait de  dire : chez nous, on n’a plus de nourriture», fait observer Isabelle Greffard. Selon elle, ce ne sont pas les adultes qui rapportent le manque de nourriture dans une famille, mais les enfants.

« Plus ça va, plus les gens osent venir nous voir», enchaine Taïsha Richer Niquay. Comme quoi un des objectifs du programme, celui de faire tomber les tabous, commence à porter fruits.

«Les gens en parlent. Ils disent : oui, on vit de l’insécurité alimentaire. Qu’est-ce qu’on peut faire pour diminuer cela ? Est-ce qu’on peut s’entraider ? Comment on peut s’organiser ? Ça peut aller jusqu’à faire des jardins communautaires», propose Mme Greffard. Selon elle, le fait de faire tomber les tabous contribue grandement à trouver des solutions.

Les activités de financement

Prochainement, Isabelle Greffard visitera les commerces latuquois pour solliciter des articles invendus qui peuvent venir en aide à des personnes dans le besoin de Wemotaci ou pour amasser de l’argent. On recueille des vêtements, des souliers, différents articles de commerçants mais aussi de particuliers dans le but de tenir un marché aux puces, au printemps, afin d’amasser des fonds pour assurer la pérennité de leur service dépannage alimentaire. L’an dernier, la réponse avait été très bonne et 1 200 $ avaient été amassés.

Aussi, elles étaient heureuses d’avoir été invitées au récent tournoi de hockey des Nations au Colisée Denis-Morel afin d’expliquer leur service plus en détails.