WestRock : innover dans le respect de l’environnement

L’usine WestRock de La Tuque nourrit d’importants projets destinés à améliorer son efficacité énergétique et aussi dans un souci de protéger l’environnement.

Dans un premier temps, l’usine travaille à valoriser toutes les boues de papetière qu’elle produit.

«Quand on produit de la pâte, il y a des éléments qu’on ne veut pas retrouver dans notre produit final», résume Pierre Pacarar.

Des éléments, tels des contaminants par exemple sont systématiquement éliminés du procédé, même s’ils ne pourront jamais entrer en contact avec des produits alimentaires.

«La majorité des produits qu’on fait sont pour le domaine alimentaire (…) Il faut avoir une mentalité alimentaire. Les contaminants, il faut les enlever», précise-t-il.

Ces produits indésirables se retrouvent donc dans un traitement secondaire, qui passe dans un bassin rempli de bactéries. Après un procédé ayant détruit les bactéries, le produit est utilisable par des agriculteurs de la Mauricie et du Lac-Saint-Jean qui ont accès à un engrais biologique efficace.

«Depuis 2001, des efforts sont concertés pour diminuer d’année en année la quantité de produits qu’on enfouit», fait remarquer le directeur de l’usine. Pour éviter l’enfouissement, on revalorise les produits. On doit rencontrer certaines normes. En 2018, plus de 46 000 tonnes de boues papetières ont été ainsi utilisées dans une philosophie de développement durable, au lieu d’être enfouies. Il s’agit d’une quantité importante quand on pense que 450 000 tonnes de carton sont produites chaque année.

Le travail se poursuit également pour trouver des usages pour d’autres résidus de l’usine. «À la base, ce sont souvent des produits chimiques qui ont une valeur intrinsèque, pas pour nous, mais pour quelqu’un d’autre».

Les odeurs

L’usine admet qu’elle peut être responsable d’odeurs qui planent sur la ville. Elle est cependant en mode solution depuis de nombreuses années.

Deux projets sont en cours actuellement. Le premier consiste à capter les sources de gaz soufrés, grands responsables des odeurs qu’on peut parfois percevoir. «On est dans les derniers tests d’un système de collecte de gaz soufrés. Ça permettra d’acheminer ces gaz qui sont nauséabonds dans une section précise de notre procédé pour les traiter».

Pierre Pacarar

Le second projet qui sera complété l’an prochain est une collecte des gaz chlorés. Il s’agira du même genre de traitement que pour les gaz soufrés.

M. Pacarar pense qu’on devrait observer une diminution substantielle des odeurs d’ici les 12 à 24 prochains mois. Nuance très importante, on ne parle pas d’odeurs nocives pour la santé, bien qu’elles puissent être dérangeantes.

Depuis les années 70, plusieurs interventions ont été effectuées par l’usine pour diminuer les odeurs.

«On approche 2020. Comme société on s’attend à mieux. On travaille conjointement avec le ministère de l’Environnement et les gens de WestRock, car on a eu un bel appui au niveau corporatif. On a mis plusieurs millions $ par projet».

Les gaz à effet de serre

WestRock est consciente qu’elle est une importante émettrice de gaz à effet de serre, mais elle souhaite agir. «On ne doit pas gaspiller. Qu’est-ce qu’on peut faire dans notre usine pour réduire la quantité d’énergie qu’on utilise ? Si on prend moins d’énergie, on voit brûler moins de gaz naturel. C’est simpliste, mais c’est toujours vrai. On a ciblé des endroits où on voyait que, par rapport aux technologies actuelles, on n’était pas au niveau où on devait être», indique Pierre Pacarar.

Des sommes colossales sont investies, mais nécessaires pour utiliser moins d’énergies fossiles.

Un futur atelier de blanchiment nécessitera des investissements de 30M$. Le projet devrait être complété d’ici six mois et ouvrira la porte à beaucoup d’optimisation.

West Rock souhaite également investir dans ses lignes de lavage. «On devrait se retrouver dans le peloton de tête au niveau de l’usage énergétique», envisage-t-il.

L’usine prépare la venue d’un nouveau bâtiment destiné à de nouveaux équipements pour le lavage de la pâte écrue. Le projet, sur plusieurs années, se concrétisera  à un coût évalué entre 40 et 60M$.

Effectués dans l’ombre, les investissements n’en sont pas moins considérables. «Ce sont des investissements structurants dans le sens où ils nous permettent d’éviter le gaspillage énergétique. On diminue nos gaz à effet de serre, nos coûts, on améliore la qualité et on se met à la fine pointe» évalue Pierre Pacarar.

Le tout, dans un environnement de compétition sur un échiquier mondial, où jouent également la Scandinavie, la Russie, la Chine.

Le recrutement

Phénomène qui dépasse largement les frontières régionales, le recrutement de la main-d’œuvre préoccupe aussi WestRock. «Depuis 2010, on a plus de 300 employés qui ont quitté. Il y a 470 personnes qui oeuvrent à l’usine. On parle d’un pourcentage très important de notre main-d’œuvre qui a quitté, à 95 % parce qu’ils ont atteint l’âge de la retraite».

Malgré tout, les efforts de recrutement portent fruit. «On a réussi à remplacer ces gens-là, souligne le directeur de l’usine.  Ce sont des gens qui ont choisi d’être à La Tuque, qui sont revenus à La Tuque (…) Ils contribuent tous les jours à l’essor de l’usine».

Certains postes sont plus difficiles à remplacer que d’autres. On pense aux mécaniciens de machines fixes, ou aux électriciens.

L’usine fonctionne bien, même si son directeur avoue qu’il aimerait compter sur une dizaine, une quinzaine de personnes de plus pour que ce soit plus facile pour l’ensemble des travailleurs.

«J’ai aussi l’usine de Pointe-aux-Trembles et c’est la même réalité. C’est un phénomène au minimum québécois et probablement nord-américain», laisse observer Pierre Pacarar.

Il insiste : on veut recruter des gens qui seront heureux de travailler à l’usine WestRock : «Il y a des gens qui aimeraient travailler à l’usine pour une multitude de raisons. Oui, on veut que ces gens-là soient qualifiés, mais un des grands aspects est que l’on veut s’assurer que ces gens ont le profil qui fasse en sorte qu’ils vont être heureux de travailler ici».

Citant les réalités de l’usine comme les quarts de travail de 12 heures, l’environnement bruyant, M. Pacarar souligne que les travailleurs peuvent y passer 20 ou 30 ans d’où l’importance d’avoir des gens heureux d’y travailler.