Virage technologique à la Coopérative forestière du Haut-Saint-Maurice

FORESTERIE. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec a accordé un soutien financier de 400 000$, pendant 5 ans pour la mise sur pied d’une Chaire de recherche sur les systèmes d’approvisionnement forestier intelligents (SAFI) visant à améliorer la compétitivité de l’industrie canadienne des forêts.

L’objectif est de renforcer la capacité de prélever la matière première de façon responsable et durable. La technologie s’implante dans les inventaires forestiers et vient changer les façons de faire. Le chercheur principal associé à ce projet est le Latuquois Luc Lebel, professeur titulaire au département des sciences du bois et de la forêt de l’université Laval.

La députée Laviolette-Saint-Maurice, Marie-Louise Tardif et Luc Lebel, professeur titulaire au département des sciences du bois et de la forêt de l’université Laval.

Comme l’indiquait le directeur général de la Coopérative forestière du Haut-Saint-Maurice, Marc-André Despins, il y a près de deux ans qu’un virage plus techno a été amorcé au sein de l’organisation.

La première phase du projet avait consisté en l’implantation de tablette GPS dans les abatteuses, afin de recueillir des données sur les mètres cubes recueillis à l’heure, les heures productives sur les heures inscrites au calendrier, la raison des temps d’arrêt, la géolocalisation de la machinerie. Toutes ces données sont recueillies sous la forme numérique afin de se créer une importante base de données afin de nous aider dans la prise de décisions en temps opportun.

La phase actuelle de la recherche vise la mise sur pied d’une base de données, afin d’être plus précis dans les inventaires forestiers et d’éviter de ne se fier que sur des estimations quant à la quantité de bois à acheminer aux usines par exemple. Les travailleurs de la Coopérative forestière du Haut-Saint-Maurice sont impliqués dans la recherche en cours, certains reçoivent une formation pour utiliser de nouvelles technologies. Une des nouvelles technologies utilisées, le «calibrage des têtes» permet, d’acheminer les produits adéquats aux usines et offre aux entrepreneurs membres de la Coopérative la possibilité d’accroître leur productivité. Les inventaires de bois, le diamètre des tiges, les essences, voilà autant d’éléments sur lesquels on veut devenir plus précis. «Il y a moins d’entretien à faire sur leurs équipements», explique aussi M. Despins. Le projet se fait en collaboration avec la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) et le consortium de recherche FORAC.

La qualité des produits

«En été, donne-t-il en exemple, le sapin doit avoir une fraîcheur exceptionnelle pour ne pas être porté à casser dans la ligne de sciage. Ultimement, la chaire de recherche sur les SAFI aimerait implanter une façon pour l’usine de géolocaliser le bois, à quelle date et où il peut avoir été récolté. Dans toute la chaîne d’approvisionnement, c’est le même bois qui a été récolté, mais l’usine l’aura dans un temps plus opportun et un produit de qualité.

On est actuellement à recueillir des données numériques : la numérisation éliminera l’utilisation du tachographe (bavard) dans les machineries forestières. Aussi, il y avait beaucoup de manipulation de paperasse pour se rendre jusqu’à la feuille Excel conduisant à la paie de l’entrepreneur. On veut éliminer les estimations et se fier davantage sur la collecte de données. Il est même devenu difficile de dénicher des tachographes au Québec.

La chaire de recherche établira les actions à poser avec les données collectées. «On veut créer une importante base de données et lui apporter de la valeur, y aller de façon factuelle et non intuitive».

Quels sont les bénéfices, les avantages pour les travailleurs forestiers ? Quels sont les processus qui peuvent être améliorés ? «Déjà, à court terme, évalue le directeur général, on s’en va de plus en plus vers l’automatisation de certaines tâches. En contexte de pénurie de main-d’oeuvre, ça nous permet de consolider les emplois qui sont là présentement et de donner une valeur ajoutée aux tâches des gens». Des travailleurs qui, anciennement, parcouraient quotidiennement des kilomètres pour enrubanner des secteurs de coupe pourront être affectés à d’autres tâches à valeur ajoutée.

Ultimement, on souhaite connecter la forêt à la coopérative, que le client, à l’usine, puisse voir la quantité de bois disponible et si le marché est favorable. Aussi, Marc-André Despins ne le cache pas, la coopérative veut devenir davantage attirante au niveau des jeunes talents qui sont friands des nouvelles technologies.

«Les façons de faire qu’on avait fonctionnaient, mais elles demandaient plus de ressources», signale M. Despins.

Certains opérateurs reçoivent une formation et sont accompagnés. D’ailleurs, le Centre local d’emplois subventionne 75 % du temps des employés qui reçoivent la mise à niveau.

Les employés ont somme toute bien adhéré à la formation qui leur est offerte, même les plus réticents. «Quand ils voient les bénéfices que cela apporte, je dirais que ce sont eux qui s’approprient le plus cette technologie» note le directeur. Il ajoutait que les changements vont se faire de façon graduelle.

«Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs appuie les recherches de cette nouvelle Chaire de recherches dont les activités s’inscrivent parfaitement avec nos objectifs.  Le chercheur Luc LeBel et son équipe font des travaux qui touchent le développement durable de l’écosystème industriel forestier durable.  Ceci permet une augmentation de la performance des opérations forestières et une diminution des pertes de bois, en respect de l’aménagement forestier durable des forêts», a dit la députée de Laviolette-Saint-Maurice, Marie-Louise Tardif.