Via Rail ferme ses gares de Shawinigan, La Tuque et Parent

À peine annoncées, les coupures de services de Via Rail font déjà craindre le pire aux utilisateurs de ce moyen de transport écologique. À compter du 25 octobre prochain, il n’y aura plus de personnel en place aux gares de La Tuque, Parent et Shawinigan.

Mylène Bélanger des services de communications de Via Rail expliquait que certaines décisions sont plus difficiles à prendre que d’autres. Dans le corridor Montréal-Senneterre, seulement quatre gares auront des effectifs: Montréal, Joliette Jonquière et Senneterre. Partout ailleurs, les gens devront modifier leur façon de faire et se passer du soutien du personnel de gare.

Cette décision a été prise malgré le fait qu’à La Tuque et à Shawinigan, les services de la billetterie étaient majoritairement utilisés par les voyageurs. Pour Shawinigan en 2012, il y a eu 4200 passagers et 57 % d’entre eux ont acheté leur billet à la billetterie. À La Tuque, 4300 passagers ont utilisé Via Rail et 80 % d’entre eux se sont procuré leur billet à la gare.

«Nous sommes conscients que les gens devront s’ajuster à cette réalité, mais ceci dit, il y a des décisions qui doivent être prises et elles l’ont été en fonction du volume de transactions. Présentement, 82 % des gares de Via Rail au Canada sont sans effectifs et nous couvrons 450 localités. Après le 25 octobre 2013, nous atteindrons 90 % de nos gares qui seront sans effectifs», expliquait Mme Bélanger.

Trois catégories de gare existeront chez Via Rail. La première catégorie offrira un haut niveau de service. On pense à Montréal, Québec et Sainte-Foy par exemple. «Le personnel demeurera en place avec tous les services d’assistance et de vente. On fera l’ajout de système technologique et d’un kiosque automatisé pour l’achat de billet», expliquait-elle.

La seconde catégorie sera sans effectifs et offrira un libre-service. Quant à La Tuque, Shawinigan et Parent, il n’y aura aucun effectif et aucune automatisation. «Ce type de gare est le modèle le plus répandu», affirmait Mme Bélanger. «Dans la réalité, nous avons que très peu de plaintes pour les gares sans effectifs», ajoutait-elle.

C’est donc dire que si un passager veut prendre le train à La Tuque, Shawinigan ou Parent, il devra acheter son billet à l’intérieur du train, par internet ou par téléphone. Le service d’enregistrement des bagages se fera par le personnel du train qui en aura vraisemblablement beaucoup sur les bras lors de l’ouverture de la pêche et de la chasse où il y a une forte augmentation du nombre de passager et de gros bagages comme les canots par exemple.

L’ÉCHO s’est rendu sur place pour l’arrivée du train de vendredi le 26 juillet afin de constater de visu ce que l’annonce de la fermeture de la gare locale provoquait comme réaction chez les passagers. «Mais voyons, ça n’a pas de bon sens. Ce n’est pas tout le monde qui achète leur billet par internet. Ça prend une carte de crédit. Ce n’est pas tout le monde qui en a une. En plus, s’il n’y a plus personne à la gare, qui va nous renseigner?», mentionnait cette dame qui venait au train pour chercher une amie.

Une famille qui venait faire l’achat de ses billets n’en revenait tout simplement pas. «On ne savait pas. Si j’achète mes billets et que je désire débarquer à tel kilomètre pour aller dans une pourvoirie, j’ai bien peur que personne à Montréal ne comprenne ce que je veux», déplorait la maman. Nombreux sont ceux qui étaient estomaqués d’apprendre la nouvelle sur place.

Lise St-Denis déplore ces coupures

La députée de Saint-Maurice-Champlain estimait que cette annonce de coupures ne tenait pas compte de la réalité régionale. «Cette annonce ne tient pas compte des réalités régionales et des difficultés pour plusieurs citoyens d’avoir accès à internet. Nous sommes préoccupés par ces annonces de fermeture de gare où la réduction de services laisse entrevoir un désintéressement de l’État pour le transport ferroviaire de personnes», déclarait cette dernière dans un communiqué. «Il est impossible pour ces collectivités de prévoir à long terme des projets d’investissement sur leur territoire si le Gouvernement impose chaque fois des réductions unilatérales de services sans tenir compte de leurs réalités» ajoutait-elle.

«Dans le contexte actuel du transport ferroviaire au Canada, nous croyons que la concertation avec les municipalités concernées est essentielle pour le bien-être des communautés et leur population. Nous nous opposons à ces coupures qui sont faites sans aucune vision à long terme du développement régional et de la sécurité de nos communautés», concluait-elle.