«Une victoire historique»
JUGEMENT. Le Conseil des Atikamekw d’Opitciwan a accueilli avec grande satisfaction les décisions favorables rendu par le Tribunal des revendications particulières.
Ce tribunal leur a donné raison, confirmant que le gouvernement fédéral a manqué à ses obligations fiduciaires, lors de la création de la réserve et pendant l’inondation du territoire pour la création du réservoir Gouin au début du 20e siècle.
Cette inondation touchait 152,89 kilomètres carrés de territoire, dont 542 âcres, à même la réserve initiale d’Opitciwan.
« C’est une victoire historique», a déclaré le Chef d’Opitciwan, Christian Awashish. « Il est plus que temps que les gouvernements reconnaissent les erreurs du passé et que notre communauté soit correctement dédommagée pour les préjudices subis».
Dans ce dossier, Opitciwan poursuivait le fédéral en raison des dommages et inconvénients importants subis lors de la construction du barrage La Loutre menant à la création du réservoir Gouin entre 1918 et 1922. «À l’époque, cette décision unilatérale avait causé la destruction des habitations ainsi que l’engloutissement des terrains et de tous les biens qui s’y trouvaient. Cet événement, en plus de constituer un épisode traumatisant pour la communauté, a entraîné la disparition définitive des traces de la mémoire collective de cette dernière, en plus de provoquer la perte du territoire ancestral voué à leur subsistance», évoquent les Atikamekws d’Opitciwan.
Délais déraisonnables
Également, Opitciwan a eu gain de cause alors qu’elle poursuivait le gouvernement fédéral pour les délais déraisonnables de la création de la réserve, de 1934 à 1944. Cela, pour ne pas avoir bénéficié d’une superficie suffisante alors que sa communauté était en droit de s’attendre à un traitement équitable en ce sens.
Selon le Tribunal des revendications particulières « la Couronne fédérale a manqué à son obligation légale et fiduciaire durant le processus de création de la réserve ainsi qu’après la création de celle-ci », ajoutant que « ces manquements ont occasionné des pertes (…) devant être compensées ».
« Je suis très fier du résultat et je tiens à remercier notre avocat, Me Paul Dionne, pour son excellent travail. Je tiens aussi à saluer nos aînés dont les témoignages ont été d’une richesse et d’une contribution inestimables. Ces derniers ont connu les conséquences directes de l’anéantissement de leur territoire et il est aujourd’hui plus que temps qu’ils puissent bénéficier d’une réparation substantielle», a déclaré Awashish.
Appel au gouvernement fédéral
« La décision rendue par le Tribunal des revendications particulières démontre à quel point le gouvernement fédéral a manqué à ses obligations fiduciaires envers notre peuple. Les dommages causés à l’époque sur le Nitaskinan ont encore des répercutions et des conséquences aujourd’hui. Le nouveau gouvernement fédéral tient des discours positifs qui suscitent beaucoup d’espoir chez les premières nations, notamment en s’engageant à mettre en œuvre la Déclaration de l’Onu sur les droits des peuples autochtones. Il a maintenant l’occasion de démontrer sa bonne volonté en passant de la parole aux actes et en rectifiant, sur le champ, un épisode sombre des relations canadiennes avec la nation Atikamekw. Je m’attends donc à ce que nous soyons dédommagés diligemment pour les dommages subis sur le Nitaskinan », ajoute Christian Awashish. Il restera à déterminer les montants des indemnisations devant être versés.