Une seconde vie pour le Sanatorium

LAC-ÉDOUARD. Production de fraises à grande échelle, rénovation des bâtiments ancestraux, paniers de légumes à la population, protection d’un oiseau en voie d’extinction, élevage d’animaux, chasse aux dindons sauvages, ce n’est que la pointe des projets caressés par les nouveaux propriétaires du Sanatorium historique Lac-Édouard, les frères Simon et Éric Parent, et David Lemire.

Plus de 50 000 plants de fraises ont été plantés devant le vieux sanatorium complètement délabré au Lac-Édouard. Les entrepreneurs ont choisi le Lac-Édouard pour son climat particulier. Comme le territoire est plus élevé, son climat nordique contribue à la production de fraises hors-saison, entre celles d’été et d’automne.

Cette année, 5 emplois ont été créés et l’an prochain, on pourrait y voir de 10 à 12 travailleurs, ce qui n’est pas rien pour la petite municipalité de 180 âmes.

L’organisme à but non lucratif Sanatorium historique Lac-Édouard a été créé, et l’objectif est de protéger et de mettre en valeur le domaine culturel, agricole et historique sur le site, et la production de légumes destinée à la population de la municipalité fait partie aussi de son mandat. 90% de la population achète les paniers de légumes à bas prix.

Un sentiment d’appartenance au milieu est aussi bien présent chez les frères Parent, puisqu’ils ont vécu leur enfance au Lac-Édouard, et leurs grands-parents se sont rencontrés sur le site de l’ancien sanatorium.

Les trois entrepreneurs de la région oeuvrent dans les domaines de l’agriculture et de la vente au détail.

« Ça fait des années qu’on cherche des manières à combler le fameux trou au mois de juillet où il n’y a plus de fraises au Québec, explique Simon Parent. Historiquement, au mois de juillet il n’y a plus de fraises et les prix montent, et ce sont les gens de la Côte-Nord et du Bas du fleuve qui arrivent à en produire à cause des climats plus frais. Mais ils sont loin! Le Lac-Édouard est à 385 mètres d’altitude, et j’étais convaincu d’avoir le même climat nordique. À deux heures et quart de Trois-Rivières, c’est possible d’aller livrer des fraises pour la région. »

L’idée de produire sur le terrain de l’ancienne base plein-air vient de cette opportunité pour les entrepreneurs. Après avoir discuté en 2013 avec le maire Larry Bernier et le conseiller Yvon L’Heureux pour le prêt d’une parcelle de terrain afin d’effectuer un projet-pilote. L’opération a été concluante puisque les nouveaux propriétaires récoltent présentement de belles grosses fraises juteuses qui ont été plantées l’année dernière. « Le timing est parfait puisque nous avons effectué notre première récolte le 4 juillet alors que les fraises au sud sont récoltées », ajoute Simon.

Le risque

Il s’agissait tout de même d’un risque pour les entrepreneurs d’acquérir le site. « Nous investissons plusieurs centaines de milliers de dollars. Si nous allons au-delà de nos ambitions, ce sera des millions de dollars qui seront investis. Si les fraises ne fonctionnaient pas, on devait trouver une autre vocation. Nous voulons en faire un site de multifonctionnalités. L’agriculture, ça ne sert pas seulement à produire des produits et les vendre. On peut se servir de l’agriculture au Lac-Édouard pour revitaliser ce site. Il est aussi question de réaliser une petite pisciculture », soutient Simon, le plus jeune des deux frères.

L’embellissement du site fait partie du projet, notamment avec des aménagements paysagers, l’ajout d’animaux de ferme et la rénovation des bâtiments. Toutefois, le vieux sanatorium ne sera pas revampé en raison de sa détérioration. Le coût serait trop élevé. À long terme, l’immeuble sera démoli.

Martinet ramoneur

Le martinet ramoneur est un oiseau en voie d’extinction, mais l’animal à plume a élu domicile depuis fort longtemps dans la grande cheminée sur le site. « La cheminée est un dortoir pour l’oiseau, et nous sommes en train d’ériger des nichoirs avec des cheminées artificielles. Nous sommes en discussions avec différents ministères pour aider à la protection du martinet ramoneur ici. Nous anticipons aussi une possibilité touristique pour les ornithologues », affirme Simon Parent.

Le vandalisme

Il faut savoir qu’avec les années, le site qui était laissé à l’abandon a vu bon nombre de vandales le saccager. Il n’existe pas un bâtiment qui n’a pas été vandalisé, sinon brûlé comme la Maison des Sœurs l’année dernière. Les nouveaux propriétaires ont placardé les lieux d’affiches interdisant l’accès. Même qu’un coq a été aspergé avec un extincteur au cours d’une nuit de la dernière semaine. Des caméras de surveillance ont été installées ainsi qu’un système d’alarme, et de la surveillance est effectuée fréquemment, si bien que les malfaiteurs seront dénoncés aux policiers.

Le projet en bref

-Production agricole

-Développement des infrastructures du site à long terme

-Rénovation des bâtiments ancestraux (outre le sanatorium)

-Sauvegarde du martinet ramoneur

-Valorisation du potentiel agro-touristique

-Élevage d’animaux de ferme patrimoniaux

-Volière de démonstration d’oiseaux forestiers

-Construction de cheminées nichoirs

-Panneaux d’interprétation historique du site