Une saison de chasse inégale en Haute-Mauricie

BILAN. La saison de chasse qui s’achève a été un peu moins courue cette année. Si le nombre de permis émis est à peu près le même, les prises se sont faites plus rares. Les restrictions imposées par la santé publique du Québec n’y sont peut-être pas étrangères.

Le nombre de permis émis semblait cependant être en baisse dans la zone 26 – qui englobe la presque totalité de la Haute-Mauricie – rapportent certains des vendeurs autorisés de permis de chasse de la région, pour les principaux gibiers (orignaux, chevreuils, ours, dindons). Les consignes sanitaires liées à la Covid-19 imposées aux chasseurs n’ont pas eu d’impacts significatifs sur la fréquentation des zones d’exploitation contrôlées (zecs) de la Haute-Maurice.

Jean-Guy Gauvin, propriétaire de Pronature à La Tuque et qui a pignon sur rue depuis 60 ans, note une légère baisse des enregistrements de permis chez lui. Les chasseurs qu’il a enregistrés fréquentent environ huit zecs différentes presque à parts égales, dit-il. «Je calcule que ça a été mollo. J’ai enregistré 450 permis de chasse, mis à part ceux qui se sont enregistrés via Internet. J’en ai peut-être une centaine de moins. Beaucoup de chasseurs n’ont pas tué. Dans toutes les zecs, il y a une baisse», dit-il.

Une première en 40 ans

Du côté des ventes par contre, Jean-Guy Gauvin affirme que la saison a été très bonne comparativement aux années précédentes. Deux facteurs importants expliquent le phénomène souligne-t-il. «À cause de la Covid, la seule place que les gens pouvaient aller c’est dans le bois pour prendre de l’air. Ce qui nous donne une chance cette année, c’est l’ouverture de la chasse au chevreuil sur le territoire. On vend des produits qu’on ne vendait pas avant. Je vendais une cinquantaine de poches de pommes par jour! On avait une file en avant de la porte, on n’a jamais vu ça. Il y avait un engouement. C’est la première fois que la chasse au chevreuil est ouverte depuis au moins 40 ans. Le cheptel a remonté et il y en a beaucoup plus, c’est pour ça que c’est ouvert cette année. Ç’a été bon pour nous. Tellement qu’on commence à manquer de stock. On manque de cartouches et bien d’autres choses parce que les compagnies ne peuvent pas nous en envoyer», termine-t-il.

Une saison pas si décevante donc, malgré les nombreuses restrictions imposées aux chasseurs par la santé publique, comme la recommandation de s’isoler pendant une période de 14 jours au retour de la chasse, jumelée à celle d’éviter de se déplacer d’une région à l’autre ou d’une ville à l’autre. Ajoutons les règles usuelles de distanciation et celles entourant les rassemblements. Ceci a certainement poussé certains adeptes à ranger leurs armes et à s’ouvrir un livre.

Moins de bêtes tuées

Situé dans la zone 28, Martin Doucet, copropriétaire avec sa conjointe du Relais 22 Milles de La Tuque, note par ailleurs une importante baisse des captures. «Les gens étaient moins portés à s’arrêter au Relais. On a eu de bonnes journées quand même. Les prises sont moins nombreuses», note aussi M. Doucet, quand il jette un coup d’œil au tableau de chasse du Relais 22.  «D’habitude, il y a entre 60 et 90 bêtes. Cette année, il n’y a pas grand-chose. Ça a moins tué un peu. Pourtant, on a vendu les mêmes quantités de permis qu’on vend à chaque année», précise M. Doucet.

Au Canadian Tire de La Tuque, Josée Baillargeon est aussi sortie à la chasse cette année. Elle note que les prises ont été moins nombreuses. «Peut-être parce qu’il y a tout simplement moins de bêtes. Il y a beaucoup de renards, d’ours, peut-être que ça se reproduit moins. Mais, la saison a été aussi bonne.» Le nombre de permis vendus aurait été sensiblement le même. «Cette année d’après ce que je vois, la chasse n’a pas été fructueuse. Plus ça va, moins il y a d’orignaux. Moi, étant une femme qui va à la chasse, les traces ont été moins nombreuses cette année. On voit pas mal moins de bêtes sur les véhicules». Josée Baillargeon questionne aussi l’impact des chemins tracés pour couper le bois qui pourraient effrayer les bêtes.

La chasse en chiffres

Au 30 septembre 2020, 211 000 permis de chasse à l’orignal, cerf de Virginie, ours et dindons ont été accordés dans toute la province. C’est 18 000 de moins qu’en 2019. Les chiffres pour la saison de l’automne 2020 ne seront compilés qu’en décembre prochain. Il faudra donc encore attendre, pour voir si la tendance à la baisse du nombre de prises et de permis se confirme.

En 2019, les statistiques du ministère de la Faune, des Forêts et de Parcs du Québec rapportent que 1231 orignaux (femelles adultes, mâles adultes et veaux) ont été abattus en dans la zone 26 (excluant les réserves) de même que 60 cerfs de Virginie (femelles adultes, mâles adultes et veaux), 363 ours noirs et 28 dindons. Le Ministère invite par ailleurs que les chasseurs à enregistrer leur gibier en ligne à l’adresse : Quebec.ca/enregistrement-gibier.

Avec la collaboration de Patrick Vaillancourt

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