Une latuquoise à la tête d’une cidrerie

INNOVATION. Avec son conjoint Émile Robert, la Latuquoise Eve Larouche-Laliberté a fait l’acquisition, l’automne dernier, de l’entreprise Vergers et vignobles Casa Breton de St-Henri-de-Lévis, dans Bellechasse.

 

Pour la Latuquoise, c’est une passion, voire une vocation, qu’elle s’est découverte au fil du temps, car au départ, rien ne la destinait à un tel emploi.

Eve Larouche-Laliberté a quitté La Tuque à l’âge de 17 ans pour les études, comme bien des jeunes. Elle réalise un baccalauréat en sociologie, sans se faire trop d’idée précise sur le métier qui l’attendra dans la vie de tous les jours.

Émile Robert, lui, a réalisé un baccalauréat et une maîtrise en chimie. Effectuant un projet de doctorat en science et technologie des aliments, son projet de recherche portait sur la chimie des arômes du cidre au Québec. Sans trop s’en douter, la table était mise pour un projet d’envergure.

Les rencontres fréquentes de M. Robert avec des producteurs de cidre ont piqué sa curiosité. «Une journée où il travaillait sur son projet, il a tapé dans Google: cidrerie à vendre, sans nécessairement avoir d’attentes. On est tombé sur une annonce qui avaient été publiée par les propriétaires de l’entreprise qu’on vient d’acheter».

4500 pommiers, une grande bleuetière, un vignoble, une boutique qui offre une multitude de produits, une salle de réception: tout était en place pour conquérir les éventuels jeunes acheteurs. En saison, il est possible d’y cueillir plus de 18 variétés de pommes et des bleuets.

Le montage financier réalisé, les entrepreneurs en viennent au fil des mois à acheter l’ensemble du verger et du vignoble. «Au début, c’était seulement Émile qui devait acheter l’entreprise. Moi, j’avais un projet de retour aux études, mais j’avais envie de participer à ce projet-là, moi aussi», poursuit la Latuquoise. Au bout d’un an de travail pour compléter les impératifs financiers inhérents à l’achat d’une entreprise, la transaction était complétée.

«On est très heureux de notre acquisition, même si c’est beaucoup de travail», mentionne Eve Larouche-Laliberté.

La cidrerie Le Somnambule

L’hiver dernier, le couple lance une nouvelle marque pour les produits alcoolisés qu’il souhaite offrir: la cidrerie le Somnambule.

Trois types de cidres pétillants sont produits par le Somnambule : le Léger, le Céleste et le Brut. «Ça se boit un peu comme une bière ou comme un petit mousseux. Ils se prennent en apéritif ou en mangeant», indique Mme Larouche-Laliberté.

Ils proposent également un «cidre tranquille» à 11% d’alcool, le blanc de pomme, qui ressemble à un vin blanc. Un cidre de glace, un vin rouge sont aussi embouteillés, tout comme un vin de bleuet fortifié, un produit original, qui ressemble à un porto.

Des produits plus artisanaux, en petite quantité sont dans la mire des entrepreneurs, qui veulent travailler sur la qualité en utilisant des méthodes traditionnelles. «En arrivant, l’automne dernier, on a lancé un cidre en fermentation spontanée, le Sauvage. C’est un cidre auquel on n’a pas ajouté de levure et qui est aussi sans sulfite. C’est le jus de la pomme qui fermente naturellement avec les levures indigènes». Ce cidre a été lancé en mars, au mondial des cidres de Montréal et a connu un succès à un point tel qu’on en a manqué.

On veut briser l’image que les cidreries ne réalisent que des produits pour les occasions spéciales, comme l’ont aussi fait les microbrasseries. S’ouvrir une bouteille de cidre devrait être comme s’ouvrir une bonne bouteille de bière, pense Eve Larouche-Laliberté. Leurs produits sont vendus dans quelques points de vente de Trois-Rivières, Québec, Bellechasse et des restaurants et pubs de la région de Montréal. On trouve aussi leurs cidres à La Tuque : le marché 424 les distribue depuis le mois de janvier.

On doit voir aux étiquettes et à l’image graphique qui vendra bien le produit. C’est à ce moment qu’on constate qu’on peut sortir une personne de La Tuque, mais qu’on ne sortira jamais La Tuque d’une personne.

«Dans l’optique de revoir l’image, on fait affaire avec des artistes qui réalisent des toiles qui, ensuite, servent à faire nos étiquettes. Les deux premières étiquettes qui ont été confectionnés, ont été en collaboration avec ma cousine Michelle Larouche, de La Tuque, qui vit maintenant en Gaspésie. C’est une artiste peintre talentueuse et extraordinaire. Puis, on envoie ça à Myriam Larouche designer graphiste, qui est aussi Latuquoise. Elle a démarré son entreprise tout récemment. Ça a bien bouclé la boucle pour nous.»

Le couple donne du travail à trois employés, dont deux de longue date, en plus d’une cuisinière en haute saison pour les produits de Vergers et vignobles Casa Breton. Ils tiennent une boutique où sont vendus les alcools et les produits maison. La propriétaire ne cache pas que les Latuquois sont évidemment les bienvenus à leur établissement de St-Henri-de-Levis.