Une force intérieure qui se manifeste quand c’est le temps
CANCER. C’est un examen médical de routine, en 2012, qui a sauvé la vie d’Isabelle Cloutier. Souriante, sympathique, cette femme d’à peine 30 ans avait toute la vie devant elle et rien ne laissait présager qu’elle connaîtrait des ennuis de santé. Surtout, qu’elle et sa sœur, Janie, travaillaient ensemble depuis trois ans dans un commerce, Gaz PB, dont elles se préparaient à faire l’acquisition.
C’était sans prévoir que le mot cancer allait sortir de la bouche de son médecin.
Après avoir détecté ce qui s’apparentait à un kyste sur son rein gauche, elle a passé une batterie de tests qui avaient, pour premier objectif, de la rassurer. Mais voilà que le kyste est en réalité une tumeur. Éternelle optimiste, Isabelle espérait bien qu’il s’agisse d’une tumeur de nature bénigne.
« Quand on m’a dit que c’était malin, ça m’a donné tout un coup ». Mais la jeune femme avait l’intention de se battre : « Mon conjoint, Luc Ricard, est très positif. Pour lui, me voir pleurer, ce n’est pas habituel. Par contre, il ne nourrissait pas mes peurs. Il n’a jamais arrêté de me soutenir et de m’encourager ».
C’est à l’hôpital Saint-Luc de Montréal, que l’intervention chirurgicale a eu lieu. Les médecins ont réussi à conserver un tiers du rein qui était attaqué par deux tumeurs. Bonne nouvelle ! Mis à part une hémorragie qui a causé toute une frousse à Isabelle et sa famille à la suite de l’opération, la convalescence s’est bien déroulée. Au lieu de six mois qui lui avaient été recommandés, elle est retournée graduellement au travail après trois mois. C’est qu’Isabelle Cloutier est incapable de rester en place bien longtemps…
« Je n’ai gardé aucune séquelle de tout cela, mais une chose est certaine, j’ai appris à m’écouter. Je fais beaucoup plus attention à ma santé, parce que c’est précieux ».
Elle a trouvé dans sa famille toute la force nécessaire pour surmonter cette épreuve. « C’est surprenant de voir combien on a une force intérieure, quand ça nous arrive », dit-elle. Elle a été entourée par ses parents, son frère, mais surtout sa sœur Janie, qui allait devenir, quelques mois plus tard, son associée dans le projet d’acquisition de l’entreprise Gaz PB.
Visiblement, cette épreuve lui a fait réaliser à quel point elles pouvaient compter l’une sur l’autre. « Ma sœur, c’est mon modèle. Nous n’avons que 16 mois de différence et c’est comme si on était des jumelles. Nous sommes très proches et nous nous complétons à merveille ».
D’autant plus que pendant cette période, Janie a eu un diagnostic de sclérose en plaques. La maladie est bien contrôlée, mais cet événement a encore davantage soudé les deux sœurs. « On n’en parlait pas souvent, on ne voulait pas ruminer, mais on se disait que c’est certain que ça ne nous arrêterait pas. Entre nous, ça a toujours été rien que du positif », se rappelait Isabelle Cloutier.
C’est fou comme on ne réalise pas l’ampleur du diagnostic tant qu’on n’est pas arrivé dans la chambre d’hôpital, surtout quand on n’a aucun symptôme de maladie. « Un mois avant l’opération, le médecin m’a prévenue que l’opération se déroulerait le 26 octobre 2012. Je lui ai dit que c’était impossible puisque j’avais une importante formation pour le gaz propane cette date-là. Ils m’ont fait comprendre que je devais reporter la formation », raconte Isabelle Cloutier.
Cette force de caractère, Isabelle la puise certainement dans les gènes familiaux. Son père, Michel, est tombé gravement malade à l’âge de 42 ans. Alors que plusieurs le pensaient condamné, il s’en est très bien sorti et travaille aujourd’hui pour l’entreprise de ses filles avec son épouse Sylvie. « On n’a jamais vu mon père s’apitoyer sur son sort, il dit toujours qu’il y a des solutions à tout ».
S’il y a un point positif majeur à retenir à la suite d’une maladie, c’est qu’il faut prendre le temps de vivre. « Tu es complètement changé après. Les gens qui m’entourent, mes employés, je veux qu’ils profitent de la vie. Au commerce, ma sœur et moi avons créé une ambiance vraiment familiale. On est plus humain. Par exemple quand c’est l’anniversaire d’un employé, on prend le temps de s’arrêter, de déguster un gâteau". Celle-ci passe plus de temps avec ses proches, son conjoint, ce qui ne l’empêche pas de nourrir plein de projets pour son entreprise.
« Si c’était à recommencer, je le ferais avec beaucoup moins de peur de l’inconnu », conclut-elle.