Une entente historique pour la communauté d’Opitciwan
ENVIRONNEMENT. Le Conseil des Atikamekw d’Opitciwan (CAO), Hydro-Québec (HQ) et la Société en commandite Onimiskiw Opitciwan (SCOO) ont annoncé une entente historique jeudi matin à l’hôtel Delta de Trois-Rivières pour la transformation de la centrale au diésel par la biomasse forestière pour alimenter toute la communauté en électricité ainsi que la scierie. Opitciwan devient ainsi la première communauté autochtone du Québec à convertir son réseau autonome.
Avant de procéder aux annonces de la nature du projet, une prière et un chant traditionnel atikamekw ont été récités par deux anciens de la communauté d’Opitciwan. « C’était important pour nous de commencer avec un chant d’honneur, exprime d’entrée de jeu le chef du Conseil des Atikamekw d’Opitciwan, Jean-Claude Mequish. L’entente historique a été signée le 15 décembre dernier avec Hydro-Québec. C’est une première étape cruciale pour le développement de la communauté d’Opitciwan, d’autant plus qu’on y travaille depuis de nombreuses années. Ce sont plusieurs générations de chefs qui ont porté ce projet pendant de nombreuses années. Je tiens à souligner la vision et le travail acharné de mes prédécesseurs : Simon Awashish, Paul Mequish, Jean-Pierre Mattawa, Christian Awashish. Mikwetc! »
Le chef Mequish a tenu aussi à souligner le travail de Sophie Brochu, ancienne PDG d’Hydro-Québec, qui a su réparer les ponts avec la communauté atikamekw pour rendre le projet possible. « Elle a été un facteur clé de la réussite pour dénouer les impasses. Surtout depuis notre première rencontre le 8 juillet 2021, les choses ont progressé rondement. »
Le nom de la SCOO incluant le mot Onimiskiw qui signifie tonnerre, a été choisi pour son importance puisque le tonnerre produit de l’électricité.
« Le chef a été poli en disant que ça fait longtemps qu’on travaille sur ce projet, c’est depuis 2009, souligne Julie Boucher, vice-présidente, développement durable, relations avec les communautés et communications pour Hydro-Québec. Je me souviens de cette rencontre en juillet 2021 où la tension était palpable. On ne s’entendait pas parce qu’on avait tous nos vus de la façon dont ça serait fait, nos intérêts et nos façons de penser. On a été ensuite capable de s’écouter pour vrai, en essayant de comprendre ce que l’autre essaie de faire et quelles sont les intentions. Je suis fasciné de voir comment c’était à la suite de cette rencontre et qu’aujourd’hui, nous sommes capables de nous parler et de nous serrer la main. On a sorti de nos façons habituelles de travailler. »
La nature du projet
La mise en service de la centrale d’une puissance installée de 4,8 MW est prévue pour juillet 2026. Le contrat, d’une durée de 25 ans avec possibilité de prolongation de 15 ans, s’intègre notamment dans le plan d’acquisition d’un séchoir, prévu par la scierie d’Opitciwan.
Une fois la centrale en service, elle fournira l’électricité pour répondre aux besoins de la communauté. De plus, le projet contribuera au développement économique et à la création d’emplois en consolidant et maximisant les activités de la scierie, dont le Conseil d’Opitciwan est actionnaire majoritaire.
Les coûts de réalisation du projet sont évalués à 60,2 M$, ce qui nécessitera, en plus des investissements des promoteurs (SCOO et le CAO), la contribution des gouvernements du Québec et du Canada. Le conseil investira 10% du coût total du projet comme mise de fonds, en plus d’un emprunt prévu à la hauteur de 25%, et la différence de 65% repose sur des subventions projetées des deux paliers gouvernementaux. « On aura une rencontre avec le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon dans les prochains jours », ajoute le chef Mequish.
De son côté, Hydro-Québec investira plus de 19 M$ pour raccorder la future centrale à son réseau, et ce montant ne fait pas partie du montant total du projet de 60,2 M$.
La réalisation du projet nécessitera l’embauche de 40 travailleurs pour la phase de la construction et la création d’une quinzaine d’emplois permanents pour l’exploitation.
Des formations seront données aux membres de la communauté et l’objectif est de combler à 100% les emplois par des Atikamekw de la communauté d’Opitciwan pour les opérations de la centrale. Les entreprises locales seront sollicitées lors de la construction.
« On espère que la première pelletée de terre se fera en 2023. Il faut rassurer nos membres qu’aucune coupe forestière de plus ne sera nécessaire pour le fonctionnement de la centrale. Ce sera entièrement des résidus forestiers de biomasse », indique Jean-Claude Mequish.
Une diminution d’environ 85 % du diesel utilisé est prévue. En tout, on estime que la réduction annuelle des émissions de GES atteindra 13 000 t en équivalent de CO2, soit 325 000 t en équivalent de CO2 sur 25 ans, soit un résultat comparable à celui qu’on obtiendrait en retirant 5 000 voitures des routes annuellement.