Un nichoir non chauffé accueille un couple de martinets ramoneurs

Cette nouvelle ravive l’espoir de la sauvegarde de cette espèce menacée, d’autant plus que le couple qui y a élu domicile a vu une couvée éclore.

"Avec tous les projets qui sont en cours entourant la protection du Martinet sur le site, cette réussite vient donner un sens à toutes les démarches que nous avons entreprises et elle attirera définitivement l’attention des ornithologues nord-américains sur le dortoir et les nichoirs artificiels de Lac-Édouard. Elle donne aussi le ton pour la prochaine étape de notre projet qui consiste à créer un sanctuaire pour le Martinet ramoneur sur le site", écrivait Simon Parent, un des propriétaires du Sanatorium, sur Facebook.

Jusqu’à présent, au Canada, on ne rencontrait pas de cheminées ou nichoirs artificiels.

Cette technique n’avait pas fonctionné, en particulier les nichoirs non chauffés, puisque ceux qui ont été développés en Amérique du Nord l’ont été au Texas. Les plans initiaux développés au Texas font état de nichoirs recherchant davantage l’ombre et la fraîcheur, alors que dans la région, on a davantage besoin de la chaleur.

"Quand des martinets entrent dans un nichoir, s’il fait moins de 13 °C, ils vont quitter. C’est une température que nous avons jugé minimale", rapporte Simon Parent.

Voilà pourquoi trois modèles de cheminées chauffées ont été développés et un de ces modèles a été aménagé au Sanatorium.

"Ce qui fonctionne chez nous, ce n’est pas la cheminée chauffée, mais celle qui ne l’est pas, que nous avons aménagée l’année dernière. C’est connu, dans la première année, des martinets font du repérage et utilisent rarement un nichoir artificiel. Ça peut davantage se faire dans la deuxième année", poursuit Simon Parent.

Heureuse surprise

Au moment où on se préparait à déplacer une cheminée non chauffée, les propriétaires du Sanatorium ont eu la surprise de se rendre compte que les martinets y avaient élu domicile.

"Chauffer des cheminées, c’est sûr que c’est intéressant, mais on ne pourra pas le faire pendant cent ans pour sauver les martinets ramoneurs. C’est une solution à court terme. Ce que les biologistes souhaitent, sachant qu’on ne pourra pas sauver toutes les cheminées du Québec, serait de ramener l’oiseau à nicher dans un milieu plus naturel comme autrefois au temps de la colonisation, par exemple dans de gros arbres creux, principalement des bouleaux jaunes ou des érables à sucre qui peuvent devenir creux à l’intérieur. Ils pourraient rester là pendant plusieurs années", observe M. Parent.

Via un projet avec le Service canadien de la faune, le Sanatorium historique de Lac-Édouard prévoit installer six cheminées en 2016. "On s’était fait dire d’attendre, parce que les cheminées, au Canada, ne fonctionnent pas jusqu’à maintenant. Il fallait attendre d’avoir le modèle qui fonctionne avant de le répéter. Mais là, on en a un qui fonctionne et c’est à peu près le modèle le plus simple, sans prévoir de chauffage. Mais nous allons quand même continuer à faire du développement avec les six cheminées que nous allons installer", avance Simon Parent.

Le site de Lac Édouard est très intéressant, d’autant plus qu’il est le plus au nord de l’aire de répartition de l’espèce au Québec. C’est aussi un des seuls établis en milieu forestier.

Sanctuaire

L’équipe du Sanatorium nourrit un grand projet de sanctuaire du martinet ramoneur pour 2016. "Des perches sont tendues auprès des intervenants locaux pour le mettre en place. Toute une zone sur le terrain du Sanatorium sera dédiée, à long terme, à la conservation des habitats du martinet. Cela va inclure, naturellement, la grande cheminée-dortoir, mais aussi plusieurs cheminées nichoir qu’on va établir au fil des ans", poursuit l’entrepreneur.

Simon Parent évoque également le projet d’implanter le tour d’observation du martinet ramoneur dans le grand château d’eau du sanatorium, qui pourrait devenir une des icônes touristiques de la Haute Mauricie dès 2016.

"C’est vraiment concret, c’est un projet qui est sur la table, on est en train de travailler au financement et aux études d’ingénieries. On pourrait donc se servir de la technologie pour permettre aux visiteurs d’observer la vie de cet oiseau dont on parle tant depuis plusieurs mois. Inévitablement, avec un projet comme celui-là, il y aurait probablement un biologiste en permanence sur place pour faire le suivi, et des activités interprétation autour du martinet", propose-t-il.