Un couple, deux solitudes

Bien avant que Yannick Dekens n’érige le grand complexe hôtellier qu’on connaît actuellement comme le club Odanak, au début des années 90, vivait un homme dont l’objectif était de protéger ce milieu qu’est le lac Castor.

En 1962, Siméon Grenier prend sa retraite de l’usine locale, à l’époque appelée la CIP, après avoir travaillé "à l’acide Plan". Il plie bagages et s’en va vivre là où est situé aujourd’hui le Club Odanak. Le grand bâtiment n’existait pas à cette époque et c’est dans un rustique camp du lac Castor qu’il passera les 25 années qui suivront, soit jusqu’à sa mort, à la fin des années 80. Il quitte donc sa femme Kate Pedneault, (sans vraiment la quitter) puisque elle demeurera à La Tuque et lui, gagne son refuge du lac Castor, un bâtiment aussi rustique que vous pouvez l’imaginer. Il deviendra en quelque sorte le gardien de ce territoire et s’y consacrera entièrement.

En 1987, le journal L’Écho de La Tuque avait produit un reportage sur de Siméon Grenier, lui qui ne sortait pas souvent de son territoire. Il avait 87 ans, un ange ou les choses se font un peu au ralenti, mais en même temps, une période de vie où on est davantage en harmonie avec la nature. On a donc eu le goût d’en prendre soin.

En été, l’accès se fait grâce à un 4×4, et vous avez toujours un lac à traverser avant de rejoindre l’habitation de M. Grenier. En hiver, seule la motoneige peut vous y amener. C’est donc vous dire dans quel isolement se trouve M. Grenier. Électricité, eau courante et la télévision sont absentes de l’univers de cet homme", pouvait-on lire dans le texte qui avait été écrit par M. André Simard.

Son fils Olivier, que M. Grenier avait surnommé Ti-Vier, et dont le surnom est devenu avec les années Ti-Vieux, lui rendra occasionnellement visite afin de lui apporter les victuailles que son épouse lui prépare, comme du pain aux raisins ou des tartes, questions de meubler sa solitude. "Épisode banal, mais qui montre bien à quel point cet homme, malgré sa solitude, vit près de sa femme", lisait-on également dans le texte de M. Simard. Sa petite chienne Pitchoune est devenue, pour ainsi dire, sa seule compagne au "campe" du lac Castor. En 25 ans, il ne sera venu à La Tuque que deux ou trois fois.

Pourtant, il avait beaucoup à faire. Pendant cette nouvelle carrière, en pleine nature, M. Grenier s’est occupé de sept camps pour la chasse et la pêche, 50 chaloupes sur les lacs des alentours ainsi que des sentiers reliant 16 lacs avoisinants. Ces informations nous ont été fournies par Claude Lamarre préposé à l’accueil, qui en connaît beaucoup sur l’histoire de Siméon Grenier.

Le club Odanak

Bon nombre de gens de La Tuque, comme d’ailleurs au Québec, connaissent le club Odanak qui est devenu, avec les années, un établissement hôtelier respecté pour son sens du service à la clientèle et l’accès à la nature qu’il offre.

Au début des années 90, l’homme d’affaires français Yannick Dekens voit le potentiel de ce territoire situé pas si loin de La Tuque. Les touristes pourront donc concilier l’appel de la nature et la proximité du milieu urbain.

Il fait l’acquisition de ce territoire de rêve de 45 kilomètres carrés, 16 lacs et concrétise le rêve de son fils Franck qui a péri noyé dans les eaux du lac Castor. C’est en 2003 que le Conseil de bande des Atikamekws décide de faire l’achat du complexe et l’opère depuis.