Un citoyen lance un cri du cœur pour garder l’église de La Bostonnais

PATRIMOINE. Au moment où les communautés de partout au Québec débattent sur la sauvegarde de leurs églises, un citoyen de La Bostonnais, Charles Giroux, a lancé un cri du cœur pour que celle du village soit sauvegardée. «L’agonie d’une église, c’est aussi l’agonie d’une communauté. Après la récession et la dernière guerre, un des premiers soucis de nos pères et de nos grands-pères fut de trouver une façon de centraliser, sur un terrain commun, les forces humaines et l’esprit de partage des gens de La Bostonnais», a-t-il écrit dans une lettre ouverte à la municipalité, dont L’Écho de La Tuque a obtenu copie. Il entend rencontrer le conseil municipal de La Bostonnais et le maire, Michel Sylvain, pour exprimer son point de vue. «Souvent, l’église devenait le refuge, l’abri, l’endroit pour consoler, pour conforter, pour s’amuser aussi. Avec le temps, l’arrivée de l’électronique, les meilleurs salaires, l’exode des enfants dès l’école secondaire, maintenant que les distances n’existent plus, l’intérêt des gens envers la communauté s’est envolé. Et comme personne ne raconte aux jeunes arrivants l’histoire du village, il n’est pas surprenant que la nouvelle génération ait perdu son sens d’appartenance», poursuit M. Giroux. Puisque beaucoup d’argent est investi dans les loisirs, M. Giroux propose plutôt de répartir ces montants pour donner une chance aux gens qui ne s’intéressent pas au patinage, à profiter d’activités, tout en aidant à l’entretien de la bâtisse : «Ces activités pourraient même attirer des gens de l’extérieur : cours de peinture, de musique, d’ordinateurs, petit restaurant pour centraliser une clientèle ponctuelle. Cette dernière pourrait jouer aux cartes ou au billard tout en buvant un café». «Et si le Lac-à-Beauce a réussi à garder son église parce qu’une équipe de 14 personnes fait du bénévolat, un appel pourrait être fait à la population pour en obtenir autant (…) L’église détruite, il ne restera plus qu’une pancarte sur le bord du chemin pour signifier que l’on arrivera bientôt à un village et une autre, après quelques kilomètres pour dire qu’on en est sorti. Entre les deux pancartes, on gardera le souvenir des deux rangs bordant une belle rivière traversée par des ponts couverts. Mais du village : rien. Une simple banlieue», poursuit-il. Solide, soutient-il, l’église est bâtie de blocs de ciment et est recouverte de granit. M. Giroux estime qu’il en coûterait très cher pour la détruire, probablement plus que pour l’entretenir et la chauffer pendant de nombreuses années. «Que pourrions-nous bâtir à sa place et qui pourrait nous représenter ? Un stationnement, un garage, peut-être une maison de retraite, une cage où les vieux s’ennuieraient… à mourir. Ou un fast food ? Cela apporterait quoi au village ? Tout irait à un promoteur qui s’en irait lorsqu’il aurait fait son profit ?», s’interroge-t-il. Si, dans le moment, l’église semble inutile et coûteuse, le citoyen estime qu’elle pourrait toujours servir, dans un avenir plus ou moins lointain. «Sans jouer au prophète de malheur, en cas de besoin, de catastrophe, Ville de La Tuque devra d’abord s’occuper de ses citoyens. La Bostonnais passerait en dernier. Nous payons déjà pour notre indépendance. S’il-vous-plaît, ayons le cœur assez fort pour garder cette église, notre patrimoine. Gardons notre fierté», a-t-il aussi lancé. Charles Giroux est un de ceux qui ont travaillé, en 1949-1950, à la construction de l’église Saint-Jean-Bosco. Il avait 19 ans à l’époque. Sans obligation familiale à un aussi jeune âge, il avait consacré du temps bénévole pour amener l’eau jusqu’à l’église, alors qu’un groupe de travailleurs bénévoles élevaient le temple.  Il est allé les aider une fois son travail terminé. «Nous avons passé 5 800 pieds de tuyaux, creusé à la pelle, tout cela, bénévolement», se rappelle-t-il. Il se rappelle qu’en 1952, on avait inauguré le pont couvert en même temps que l’église St-Jean-Bosco, donnant un symbole à la Bostonnais, bien avant qu’elle soit municipalisée. Son action n’est pas concertée avec d’autres citoyens, mais il sait bien que plusieurs pensent comme lui. M. Giroux n’a pas la santé pour militer activement pour la sauvegarde de l’église, «mais c’est plus fort que moi».