«Tout le monde a droit à un logement convenable »

LOGEMENT. LOGEMENT. Ce n’est pas le cas qu’à La Tuque, mais il devient de plus en plus ardu de trouver un logement convenable.

Marie-Pierre Mailhot veut qu’on en parle. Elle a quelques tentatives vaines à son actif pour trouver un logement adéquat. Suite à une séparation il y a deux ans, elle a dû opter, par manque de choix, pour un logement affiché depuis des mois, en raison de son mauvais état. « J’ai pris dix jours pour le rénover, payer moi-même, repeinturer et rendre cela le plus convenable possible pour accueillir mes enfants. C’était une solution temporaire qui s’est transformée en défi des deux dernières années », déplore-t-elle.

Mme Mailhot insiste : c’est à titre de citoyenne qu’elle tient à lancer la discussion. «Comment intéresser les travailleurs de l’extérieur à s’établir ici s’ils ne peuvent pas trouver de logement à long terme ? Et comment assurer la rétention de ceux et celles qui, comme moi, ont choisi La Tuque comme terre d’accueil ? », a-t-elle d’abord écrit sur Facebook.

En entrevue avec L’Écho, elle avoue que le problème touche aussi les personnes retraitées, qui se cherchent un condo ou un logement de qualité.

« Tout le monde a droit à un logement convenable », martèle celle qui vit à La Tuque depuis cinq ans.

Elle s’est servi de ses réseaux pour tenter d’améliorer son sort, en vain. « J’ai contacté les gens qui achètent des loyers, des maisons, qui les rénovent, je suis sur la liste d’attente depuis deux ans. J’ai contacté des courtiers immobiliers en leur disant, si votre vendeur ne trouve pas d’acheteur, je suis prête à louer la maison », relate-t-elle.

Les bons logements à louer sont d’abord connus de bouche à oreille. Aussi, Mme Mailhot déplore de voir peu de panneaux « à louer » devant les logements, constatant que sur les sites de logements, on voit davantage de gens qui cherchent à louer.

Elle est surtout consciente de ne pas être la seule dans la situation : «Les gens qui ont moins de ressources que moi, qui savent moins où aller cogner, font juste subir la situation et personne n’en parle ».

Par son intervention qu’elle veut avant tout pacifique, elle dit éviter de critiquer, tout en souhaitant savoir ce qui se passe, puisque personne n’en parle vraiment. «J’aimerais juste que les élus, les organisations autour, me disent ce qui est prévu dans les prochaines années pour régler cette pénurie, assurer la rétention des gens qui ont décidé de choisir La Tuque ».

En toile de fond, les projets générateurs d’emplois, qui pourraient aggraver la situation si on ne trouve pas de correctif.

Chambres pour travailleurs

Il y a aussi le phénomène de la transformation massive de logements en chambres pour travailleurs : «Je ne connais pas les lois municipales, je ne connais pas les permis, mais je sais que ça existe des incitatifs à l’achat pour les investisseurs. Au niveau des permis, est-ce qu’il peut y avoir un meilleur contrôle pour éviter qu’on ne fasse que des chambres de travailleurs ? Je n’ai pas de solution, mais au moins qu’on en parle ».

Par exemple, elle suggère que les espaces vacants du rez-de-chaussée des immeubles du centre-ville ne soient plus obligatoirement voués qu’aux usages commerciaux.

La ville, facilitatrice

Ville de La Tuque a réagi via son superviseur, permis et inspections, Philippe Pronovost. Il n’existe pas d’inventaire du milieu bâti pour déterminer si des logements sont désuets ni d’inspections systématiques pour déterminer si les appartements sont en bon état de location, mais on peut signaler une situation problématique par la ligne Info Service pour qu’un inspecteur ou le service d’incendie aillent faire des vérifications. La Régie du logement peut intervenir aussi.

En urbanisme, il y a des règlements municipaux pour l’apparence extérieure d’un bâtiment.

Nouveaux bâtiments

Des projets ont commencé à s’annoncer ces derniers temps, pour l’arrivée de nouvelles unités d’habitation. La Ville n’a pas un mandat de promotrice, mais elle peut faciliter les choses auprès de promoteurs.

«On peut aider le promoteur à arriver le plus possible à ses fins tout en respectant les règles municipales », affirme M. Pronovost.

Il a remarqué que des promoteurs achètent des bâtiments qui ont été moins entretenus dans le passé pour les rénover. Des jeunes promoteurs locaux ont des projets de développement. Mais partout, il y a des listes d’attente.

«On sait qu’on a une crise du logement et on a besoin de ce type d’unités. On a des gens au -SDÉF qui donnent un coup de main pour monter les plans d’affaires, font des études et on peut démontrer que c’est vraiment un besoin ».

Des projets amènent beaucoup de gens dans la région, de jeunes travailleurs s’établissent à La Tuque. Également, faisait-il observer, des nouveaux arrivants préfèrent vivre ici, particulièrement en forêt, à être confiné dans un condo d’une grande ville, pour retrouver un peu plus de liberté. Il y aurait beaucoup de transferts de baux de villégiature.

Si la ville n’a pas commenté d’un point de vue politique, les élus seront assurément appelés à le faire puisque Marie Pierre Mailhot a adressé une lettre au conseil municipal de La Tuque, pour qu’elle soit lue lors de l’assemblée du 15 février.