Surchauffe dans les laboratoires: le ministre Dubé interpellé

Pendant que le gouvernement Legault permettait à la population de se rassembler pour la période des fêtes, les technologistes médicaux se préparaient à faire face à une nouvelle vague. Les laboratoires continuent de fonctionner de jour comme de nuit, indépendamment des journées de congé prévues pour le temps des fêtes. 

La charge de travail dépasse largement les capacités habituelles et ce sont les technologistes qui travaillent sans relâche pour fournir les résultats de dépistage le plus rapidement possible. 

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) sonne l’alarme et s’inquiète de la surcharge sans précédent occasionnée par la forte hausse de la demande d’analyses.

Dans une lettre qu’elle a adressée au ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, l‘APTS fait état de la gravité de la situation et l’exhorte à mettre en place rapidement des mesures concrètes qui permettront de soutenir les employés qui sont au bout du rouleau. L’organisation a d’ailleurs proposé des pistes de solutions au ministre et offert sa collaboration pour résoudre cette situation plus que précaire.

 » À 45 000 analyses COVID-19 par jour au Québec, les technologistes médicaux sont déjà en situation de surcharge de travail et font une quantité importante de temps supplémentaires pour fournir les résultats. Pour l’année 2021, le département de la microbiologie, responsable de tester ces prélèvements, a fonctionné à 364% et l’année n’est pas terminée. Les 20, 21 et 22 décembre, ce sont respectivement plus de 1964, 3265 et 3411 prélèvements COVID qui ont été testés dans notre région. Nos membres ne pourront pas soutenir ce rythme effréné bien longtemps « , explique Pascale Leclair-Gingras, représentante nationale pour la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec.

Depuis bientôt deux ans, ces professionnels ont fait preuve d’une capacité d’adaptation remarquable et ont été les premiers acteurs de la lutte à la pandémie. Travaillant dans l’ombre, ils n’ont cessé de prioriser la santé de la population acceptant de faire des heures supplémentaires sur une base quasi quotidienne pour suivre la cadence. Pourtant, le gouvernement n’a que peu de considération pour leur dévouement et ils ont été exclus de nombreuses primes de reconnaissance pourtant méritées. L’entente de principe, récemment acceptée à 55,3% par les membres l’APTS, a été reçue avec amertume voire avec colère par certains, dont des technologistes médicaux, puisque les offres du gouvernement qui les concernent ne témoignent pas de leur apport précieux durant la pandémie.

 » Déjà, certains sont en invalidité, d’autres partent pour une retraite anticipée, se dirigent vers le privé voire même changent de carrière. Le ministre doit intervenir pour que des renforts arrivent sur la ligne de front du dépistage, car les technologistes médicaux se sentent totalement abandonnés « , a ajouté Pascale Leclair-Gingras.

Pour l’organisation syndicale qui représente plus de 5400 membres oeuvrant dans les laboratoires publics, dont 344 au CIUSSS MCQ, la situation exige une intervention concertée de l’ensemble des parties prenantes au plus vite. Le ministère de la Santé et des Services sociaux, le CIUSSS Mauricie-Centre-du-Québec et l’APTS doivent travailler ensemble pour assurer le bien-être de la population.

Pour l’APTS, le constat est clair, afin de répondre aux enjeux auxquels sont confrontés les diplômés en technologie d’analyses biomédicales, cette intervention doit s’articuler minimalement autour de cinq axes :

– Prioriser les analyses à effectuer pour éviter l’engorgement de nos laboratoires;

– Mettre en place des incitatifs financiers pour ramener les diplômés dans les laboratoires du réseau public et retenir ceux et celles qui songent à partir;

– Revoir l’organisation du travail pour diminuer le recours aux heures supplémentaires;

– Faire une planification rigoureuse des besoins en main-d’oeuvre;

– À moyen terme, encourager les finissants du secondaire à envisager le programme collégial de

Technologie d’analyses biomédicales pour assurer une relève et répondre aux besoins de main-d’œuvre du réseau, notamment en incluant celui-ci dans le nouveau programme de bourses du ministère de l’Enseignement supérieur.

 » Par le passé, le ministre Dubé a démontré qu’il est capable d’agir rapidement et vigoureusement lorsqu’il est confronté à des situations d’urgence comme celle que l’on vit présentement. En reconnaissant les problèmes vécus par les diplômés en technologie d’analyses biomédicales, il s’assurera de notre collaboration pour trouver des solutions pérennes qui permettront de maintenir un service de dépistage rapide et efficient, et ce, au bénéfice de la santé de la population. Notre main est tendue, elle l’est depuis le début de la pandémie « , a conclu Pascale Leclair-Gingras.