SOPFEU : printemps tranquille, juillet plus actif

FORÊT. L’été 2019 n’est pas caractérisé par une abondance de feux de forêt et c’est tant mieux, diront plusieurs.

Jusqu’à présent, la saison 2019 constitue l’une des plus petites depuis 1994 en nombre de feux.

Pour La Haute-Mauricie, la moyenne des 10 dernières années fait état de 16 incendies ayant brûlé 4910 hectares, du début de la saison jusqu’à la fin du mois de juillet. Cette année, cinq feux ont brûlé à peine deux hectares de boisé : un feu de foudre, un de chemin de fer, un autre lié aux opérations forestières et deux incendies de récréation.

Dans toute la Mauricie, il y aura eu trois fois moins d’incendies depuis le début de la belle saison.

Les explications ? Le printemps a donné un coup de pouce pour avec une lente fonte du couvert de neige, ce qui a contribué à ne pas trop assécher les sols. «Habituellement, lorsque le printemps est hâtif, on a beaucoup de feux de résidents, où les gens font du brûlage de rebuts, de gazon. On n’en a pas eu beaucoup parce que le printemps a tardé dans la province», note Josée Poitras, agente d’information à la SOPFEU.

«Ce n’est pas exceptionnel, c’est une petite saison et on en a connu d’autres», apporte Stéphane Caron, coordonnateur à la prévention et aux communications.

«La plus petite saison à vie de la SOPFEU, c’est 2008, avec 189 incendie au total de la saison au Québec», détaille Josée Poitras. Trois ans plus tôt, les pompiers forestiers combattaient 1 285 feux de forêt partout au Québec. Les années pe069uvent se suivre, mais ne se ressemblent pas.

«La météo nous a aidés, mais on a une bonne collaboration de la population, qui écoute nos appels à la prudence. Au Québec, le nombre d’incendies de cause humaine diminue constamment. Les municipalités font aussi beaucoup de prévention et les comportements, tranquillement, changent à l’égard de la nature […] Les gens sont conscients de l’environnement en général», établit Stéphane Caron. En juillet, la foudre et le temps chaud auront toutefois gardé les gens de la SOPFEU aux aguets.

Une saison plus calme, qui a permis l’envoi de 42 pompiers forestiers de la SOPFEU en Alberta pour prêter main-forte dans l’extinction des feux qui font rage là-bas. Six d’entre eux proviennent de La Tuque.

Un mandat de sensibilisation et de détection des feux

25 ans après sa création, découlant de l’unification de sept Sociétés régionales de conservation, la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) poursuit son mandat de sensibilisation auprès du grand public.

Aussi, la détection des feux de foudre est partie prenante des opérations des bases comme celle de La Tuque. Sur son grand écran à la base de La Tuque, l’agent de protection Patrice Savard suit sur une carte la progression de feux allumés par la foudre, à partir des informations fournies par un des trois avions de détection de la SOPFEU de Roberval, déployés exclusivement aux endroits les plus sensibles à partir de données météo ou encore des indices d’incendie forestier. Il pourra déterminer l’endroit et les effectifs requis pour combattre l’élément destructeur, là où il s’attaque à la forêt.

«30% des feux au Québec sont occasionnés par la foudre. Les 70 % restants sont de cause humaine», soutient Josée Poitras, agente d’information à la base de Roberval. Les feux de camp mal éteints, les mégots de cigarettes, les VTT mal nettoyés, le brûlage d’herbes peuvent mettre le feu à la forêt, lorsque les conditions s’y prêtent. Les feux de foudre sont parfois difficiles à identifier, car ils sont dans des zones inhabitées, alors que ceux de cause humaine peuvent plus facilement être rapportés. Pour cette raison, ils brûlent parfois moins d’hectares.

Main-d’oeuvre

La pénurie de main-d’œuvre frappe dans tous les secteurs d’activité, pompiers forestiers inclus.

«De plus en plus, c’est difficile d’aller chercher les gens, confie Stéphane Caron. On se rend compte que le métier de pompier forestier, contrairement à d’autres, est méconnu. On a commencé à faire des opérations de marketing pour le faire connaître. Quand on en parle, ça marche». Un dépliant a d’ailleurs été produit pour relever les possibilités qu’offre une carrière de pompier forestier.

Il en parle comme d’un métier passionnant, pour les gens qui apprécient travailler en forêt : «Un pompier forestier, en entrevue, a déjà dit qu’il avait le plus beau bureau du monde, la forêt. Ça prend des gens qui ont besoin des grands espaces, de ce sentiment de liberté que ça apporte. On travaille dans un univers où les gens sont loin, oui, mais ça dure une certaine période. Ils sont en connexion avec la nature et la protègent».

Puisque c’est un métier saisonnier, plusieurs ont leur petite entreprise qu’ils opèrent pendant l’hiver ou se la coulent douce tout simplement.

«S’il y a des gens qui viennent de La Tuque ou des environs, ça nous ferait bien plaisir. Des fois, on a des gens qui viennent à La Tuque, mais qui finissent par aller dans d’autres bases, parce qu’ils ne viennent pas nécessairement de La Tuque. Des Latuquois et des Latuquoises qui vont choisir la base de La Tuque parce qu’ils veulent s’y établir, c’est quelque chose qu’on recherche», indique Stéphane Caron.

La base de La Tuque de la SOPFEU emploie 24 pompiers, quatre agents de protection et une chef de base. 134 personnes travaillent dans le vaste territoire sous la responsabilité de la base de Roberval.