«Si on continue à faire une gestion de crise, on ne va aller nulle part» -André Tremblay

ÉCONOMIE. Le président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière, André Tremblay, a dressé un portrait de l’industrie forestière québécoise devant les membres de la Chambre de commerce et d’industrie du Haut-Saint-Maurice. Un constat qui oblige à des redressements importants puisque la rentabilité n’est pas au rendez-vous.

Une étude d’étalonnage global, produite par la firme WoodMarkets, plaçait le Québec en 25e position sur 27 juridictions en 2014 par rapport au bénéfice avant impôts, intérêt des amortissements, que génère l’industrie forestière.

Un des grands responsables : le coût de la fibre ou Québec. « Le coût de la fibre est le sang qui coule dans nos veines. (…) Le coût de la fibre c’est ce qui alimente l’ensemble de nos opérations», explique M. Tremblay, d’entrée de jeu.

André Tremblay a souligné que l’étude, qui porte sur la première année complète d’application du nouveau régime forestier québécois, révèle que le coût de la fibre est passé de 51 $ à 65 $ du mètre cube de bois, soit une augmentation de 26 %.

Alors que les investissements en immobilisations dans l’industrie du sciage résineux sont en augmentation depuis 2012, au Canada (sans le Québec) ceux-ci sont demeurés stagnants au Québec.

«Les pâtes et papiers sont des secteurs d’avenir où sont effectués des investissements», annonçait par contre André Tremblay.

Il a pointé du doigt le nouveau régime forestier pour la rareté accrue des volumes de bois depuis sa mise en application. M. Tremblay n’a pas caché qu’on doive apporter à ce régime des modifications permettant à l’industrie forestière un nouveau dynamisme. Aussi, entre 2012 et 2014, soulignait-il, les transferts à l’état ont crû de 84 %.

«Nous avons, au Québec, la ressource la moins intéressante en Amérique du Nord, parce que plus petite. Alors qu’il fait 3 arbres pour produire un mètre cube en Colombie-Britannique, il en faut 9 pour produire le même mètre cube ici», analyse-t-il également.

Dans le contexte actuel, soutient-il, les usines ne sont tout simplement pas rentables.

Solutions

Malgré cela, l’industrie forestière peut être compétitive. M. Tremblay a indiqué qu’au Québec, il s’effectue beaucoup de deuxième et troisième transformations des produits de la forêt.

Il propose des solutions qui tournent autour de l’objectif de ramener le coût du bois à sa vraie valeur marchande. Parmi elles, il y a celle de revoir le mécanisme d’application de la rente pour en faire un effectif à récolter, en la rendant créditable des redevances payables sur les volumes récoltés. M. Tremblay préconise également un ajustement des modalités de fonctionnement du Bureau de mise en marché des bois et la mise en place de programmes de partage des coûts reliés à la construction, la réfection et l’entretien des routes forestières multiusages situées sur le domaine forestier public, selon un principe d’utilisateurs payeurs.

«À même les surplus énergétiques du Québec, consentir des tarifs d’électricité préférentiels aux papetières afin d’améliorer leur compétitivité sur la scène internationale et soutenir leur transformation», suggère également André Tremblay.

La consolidation et création de plusieurs milliers d’emplois (300 emplois par 100 000 mètres cubes transformés) ainsi que des revenus additionnels de 200 millions $ pour l’État figurent notamment dans les impacts positif de sa proposition.

« il n’y a pas de surprise pour le gouvernement là-dedans par rapport à ce qui est dans notre plan d’action mais ce qu’il faut, c’est de convaincre le gouvernement d’avoir une volonté dans le cadre d’une vision à moyen terme de repositionnement de l’industrie forestière. Je pense que le gouvernement du Québec actuel reçoit bien cela. La preuve est la création de la cellule d’intervention qui est multi ministérielle», mentionnait-il à TC Média.

Entre autres réactions, la directrice générale de la chambre, Manon Côté a laissé entendre que l’organisme qu’elle dirige allait être vigilant dans ce dossier.