Sa passion : soigner nos routes

INNOVATION. Le Latuquois Marc-André Bérubé n’a que 25 ans et pourtant, son parcours d’étudiant est très impressionnant. Sa passion: soigner les routes en mauvais état.

A

Après des études collégiales en architecture à Trois-Rivières, Marc-André Bérubé s’inscrit en ingénierie à l’école de technologie supérieure de Montréal. C’est à ce moment qu’il s’éprend du domaine des enrobés bitumineux et poussera aussi ses connaissances à travers des stages de recherches effectuées dans le cadre de ses études.

Ainsi, pendant son baccalauréat vers 2012, il a travaillé sur un projet expérimental visant à réparer des nids de poule à Cowansville, pour l’entreprise Permaroute.

«Ils ont fabriqué une usine mobile. On prend des bardeaux d’asphalte de toiture, quand ils ne sont plus bons, on les déchiquette et on s’en sert pour les routes. On peut ainsi y extraire le pétrole au lieu que ça se retrouve dans les sites d’enfouissement», explique que le jeune latuquois. Comme il indiquait à TC Media, sa contribution a été au niveau de la recette de la préparation du mélange de ce nouvel asphalte arrivant sur les nids de poule. «Actuellement, l’asphalte pour les nids de poule est confectionné en usine. Ils mettent cela dans un camion qui s’en va au chantier, où il fait froid et le mélange peut refroidir (…) ça ne se compacte plus», poursuit-il, indiquant que l’usine mobile, qui est sur place, fournit le nouvel asphalte à la bonne température.

Il va plus loin. Il est possible de créer un mélange recyclé à 100% pour boucher des fissures de routes. C’est un projet sur lequel il a participé. «On a pris les pneus usés des voitures, et après les avoir réduit en poudre fine, on y a ajouté du bitume et ça donne un matériau très élastique dont on peut se servir pour boucher les fissures, rapporte également Marc-André Bérubé. En laboratoire, les résultats démontrent que ça tient encore et ça fait deux ans.» Le mélange n’est pas commercialisé et il reste à faire des tests sur le terrain mais M. Bérubé est confiant.

«J’ai aussi travaillé sur la formulation, cet été, des mélanges pour les nids de poule Top Mix, qui se sont retrouvés dans les magasins Rona cet été», rapporte également Marc-André Bérubé.

@ST: L’environnement et le climat

@R: Les variations de température du Québec représentent à elles-seules un défi pour quiconque veut s’attaquer au problème de fissures et de nids de poule sur les routes. Si dans le sud des États-Unis, on peut mélanger des gouttelettes de bitume avec de l’eau, au Québec, il faut ajouter de l’huile destinée au chauffage ou du diesel, ce qui permet de travailler à de basses températures.

Il faut aussi prendre en compte le facteur environnemental. Voilà pourquoi les matériaux recyclés prennent de plus en plus de place dans les procédés, surtout lorsque les prix sont comparables aux méthodes traditionnelles. Ça explique pourquoi non seulement des bardeaux d’asphalte sont retrouvés dans la fabrication de routes mais aussi les routes elles-mêmes sont recyclées.

@ST: Le verre dans le projet de maîtrise

@R: Dans la boule de cristal du projet de maîtrise qu’il entreprend cet hiver, il y a celui de développer une machinerie permettant de déchiqueter une route, ajouter du bitume et apposer un nouvel asphalte. «On va réparer toute la route d’un coup. La machine va avoir un kilomètre de long, dit-il en riant, mais elle permettra de réparer, peut-être pas les petites rues, mais les autoroutes».

Il y a aussi celui d’employer du verre pour l’incorporer dans le procédé d’asphalte, un projet réalisé en collaboration avec la SAQ.

Le verre recyclé possède des propriétés thermiques et isolantes intéressantes. «La SAQ investit à l’ÉTS pour financer les étudiants en maîtrise et doctorat pour faire de la recherche afin de trouver une deuxième vie au verre», précise le Latuquois.

En Inde

De mars à juin, Marc-André fera un séjour à Bombay pour travailler un projet sur les émulsions de bitume. «Là-bas, c’est un autre problème, il fait trop chaud. Avec l’équipe en laboratoire, nous allons travailler sur un problème voulant que ça (le bitume) sèche trop vite. Quand l’eau s’évapore du bitume, on ne peut plus rien faire avec», résume le Latuquois, visiblement emballé par ce défi.

Il a beaucoup de pain sur la planche, mais Marc-André Bérubé il a le vent dans les voiles, D’autant plus qu’il a remporté la bourse canadienne du plus grand comité d’asphalte, le CTAA (Canadian Technical Asphalt Association). «C’est pour mon parcours de baccalauréat qu’ils m’ont donné cette bourse», conclut-il.