Retour aux affaires sur fond de coronavirus pour les commerces

Pour de nombreux commerces locaux qui ne figurent pas sur la liste des services essentiels, c’était jour de réouverture aujourd’hui après six semaines de congé décrété par le gouvernement Legault, en mars.

Pour plusieurs, c’était une occasion de saluer à nouveau leur clientèle, non sans avoir dû modifier la façon de magasiner.

Si des entreprises avaient continué à faire des affaires, pendant cette période, ils ont dû tracer la voie pour celles qui allaient rouvrir quelques semaines plus tard, avec des éléments tels la distanciation sociale, la limite de clients simultanée et l’incontournable lavage des mains. On ne magasine plus de la même manière qu’auparavant.

La directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie du Haut-Saint-Maurice (CCIHSM), Karine Rochette, salue la réouverture de ces entreprises.

«D’après ce que je vois, les gens ne se sont pas rués sur les commerces, mais c’est correct. Tout le monde va prendre le temps de s’adapter aux consignes», remarque-t-elle d’entrée de jeu.

Le propriétaire de la boutique le Pionnier, Alain Garceau et son équipe ont accueilli leurs premiers clients en avant-midi lundi, dans un environnement bien différent de celui de la mi-mars.

«On est quatre, cinq employés sur le plancher et on accompagne les clients un par un. C’est sûr qu’il y a des mesures strictes, on leur demande de ne pas toucher aux vêtements, de se laver les mains en entrant, on désinfecte […] Quand ils essaient un morceau qu’ils ne prennent pas, on le met de côté», indique M. Garceau, qui estime que les clients comprennent bien les consignes, dans l’ensemble.

Jade Duchesneau, de Jada Bijoux, était très heureuse, elle également, de retrouver sa clientèle. Selon ses dires, il n’y a pas eu foule en ce lundi, mais les gens priorisent l’achat en ligne depuis la pandémie. Elle a d’ailleurs proposé sa marchandise en ligne pendant toutes ces semaines : «Je vais le garder pour la suite. On va quand même offrir la livraison pour un moment».

Il n’y a évidemment pas de bons côtés à une pandémie comme la COVID 19. Mais la fermeture de la route, les consignes gouvernementales, auront permis aux consommateurs de redécouvrir leurs marchands locaux et la qualité de leur service. En toile de fond, le fait que cette fermeture forcée engendre des enjeux financiers importants pour ces entreprises qui voient fondre leurs revenus.

Tout n’est pas que noir. Sans rouler sur l’or, plusieurs commerçants locaux ont réussi à tirer leur épingle du jeu et continuent de le faire via le web pendant cette période.

«Pendant les six premières semaines du confinement, les gens ont pu apprécier le service de qualité que nos entrepreneurs de La Tuque offrent. C’était peut-être méconnu par plusieurs», ne cache pas Mme Rochette. Elle insiste : les Latuquois sont au rendez-vous de cette invitation à acheter localement plus que jamais.

La Tuque inspire le Québec

L’association avec le service de livraison Distribution La Tuque, il y a quelques semaines, a connu un succès bœuf. Jusqu’à présent, on a effectué 3500 livraisons partout dans l’agglomération de La Tuque, même jusqu’à Parent ou Wemotaci.

«Nos deux partenaires (la SADC du Haut-Saint-Maurice et le Service de développement économique et forestier de La Tuque) sont avec nous pour offrir gratuitement, encore cette semaine, le service de livraison aux gens de La Tuque», ajoute Karine Rochette. Elle souhaite que puisse durer encore quelque temps la gratuité de ce service de livraison, de façon à permettre aux consommateurs de continuer à magasiner virtuellement et d’éviter aux petits commerces d’avoir à gérer la distanciation sociale dans des locaux parfois exigus.

«On a su se revirer rapidement. Au jour 2 de la crise, on installait le système de livraison. D’autres chambre de commerce et municipalités commencent à l’implanter, mais on a six semaines d’avance, six semaines cruciales pour les entreprises» – Karine Rochette

«Plusieurs de nos 40 propriétaires de commerce qui utilisent le service de livraison nous ont dit qu’on a littéralement sauvé leur entreprise. J’en ai des frissons […] C’est notre paie et je le partage avec nos partenaires qui ont fait en sorte que ça lève autant. Si ça n’avait pas été gratuit, ça aurait peut-être eu moins de succès», se réjouit la directrice générale.

Elle a été invitée à témoigner de la mise en place de ce service devant les 130 membres de la Fédération québécoise des chambres de commerce : «21 chambres de commerce m’ont appelé, suite à cela, pour avoir plus de détails. Il y en a encore plus qui en ont mis sur pied sans m’appeler. Il y a au moins une trentaine de municipalités qui ont emboîté le pas, suite à notre succès».

«On apprécie beaucoup le service de livraison, on encourage quand même les gens à continuer de cette façon-là. On va jouer sur les deux tableaux. On a bien hâte que ça soit passé, mais il faut être honnête, ça va durer longtemps», laisse entendre Alain Garceau.