Refuge Masko: à la rescousse des animaux en détresse

Sylvie Brodeur habite La Bostonnais depuis six ans. Depuis un an, elle réalise son rêve d’héberger des animaux de la ferme et sauvages dans son refuge qu’elle a nommé Masko. Elle veut donner une chance à des animaux qui n’en ont pas eu dans la vie, en leur offrant chaleur, nourriture et soins. Elle recueille les bêtes que les gens lui amènent ou encore elle va les cueillir là elles ils sont.

Chèvres, bouc, poules, lapins, coqs, dindes sauvages, ratons, cochons vietnamiens, canards, pigeons, additionnez tout ça ensemble et vous arrivez à 89 animaux.

Si les animaux pouvaient parler, ils la décriraient certainement comme la personne bienveillante qui en prend soin. C’est en tout cas ce qu’affirment en leur nom les quelques bénévoles avec qui elle partage son quotidien.

Car de fil en aiguille, des gens se sont greffés à Sylvie Brodeur et lui donnent un coup de pouce de façon quotidienne. Les gens se sont approprié ce projet. «C’est le rêve de beaucoup de personnes. Je me dis que toute seule je ne pourrais pas tout faire. Mais on peut changer les choses à la «gang», constate-t-elle.

À mesure qu’elle fait faire à l’Écho de La Tuque la tournée des lieux, elle décrit chacun des animaux avec leur histoire personnelle, qu’elle conserve bien en mémoire.

«C’est le fun de voir qu’ils sont bien», laisse-t-elle échapper.

Elle s’est approprié une maison avec quelques bâtiments, qu’elle et son équipe ont ensuite retapés pour accueillir les premières bêtes. C’est un projet de longue haleine, qui dure depuis plus d’un an et qui n’est pas près d’être terminé, car il y règne un tourbillon d’idées dans la tête des bénévoles. «Les bâtiments étaient déjà là, on a mis des murs pour garder les clans séparés», dit Mme Brodeur. Des enclos sont en cours de construction.

Un jour, elle a vu des poneys en mauvais état, qu’elle a immédiatement décidé de sauver, comme si elle en faisait une affaire personnelle : «J’avais le goût de pleurer».

Elle s’est aussi rendue chercher une chèvre mal en point. Sauf qu’il y en avait trois qui faisaient tout autant pitié à voir. Elle les a toutes ramenées à son refuge : «On est rendu à six chèvres». Une chèvre va d’ailleurs accoucher prochainement.

Chaque fois qu’un nouvel animal est introduit dans le refuge, il est introduit graduellement et on s’assure qu’il est accepté par le reste du groupe.

Un groupe bourré d’idées

Éventuellement, une pouponnière serait aménagée pour biberonner les bébés animaux sauvages. Plus loin dans le bois, elle aimerait un espace pour accueillir des loups et des ours en réhabilitation. «Je pourrais les mettre dans un endroit et les agents de la faune pourraient venir les chercher pour les relâcher plus loin. Ils auraient un endroit sécuritaire», souhaite-t-elle.

Un bâtiment d’accueil a été aménagé à l’entrée du refuge. Éventuellement, le groupe aimerait en faire un endroit où serait diffusée la culture des produits de la forêt, d’artisanat, prendre des œuvres d’artisans locaux en consigne pour les vendre sur place. Le refuge Masko a aussi comme projet éventuel d’encourager les sorties scolaires où les jeunes pourraient faire connaissance avec la nature et les animaux. Bourré de projets, le groupe veut aussi un sentier d’interprétation de la nature, identifier les plantes qu’on retrouve, écrire leurs bienfaits. Plus tard, on voudra aussi prendre soin des oiseaux de proie, recueillis par les autorités, avant de les ramener dans leur milieu naturel.

Une affaire d’équipe

Sylvie Brodeur a ouvert la porte à tous ceux qui veulent offrir leur cœur et leurs bras. Quelques entreprises locales se sont impliquées, commanditant le bois pour bâtir des enclos ou encore le matériel et le temps pour passer l’électricité. Chaque semaine, des gens viennent bénévolement offrir un coup de pouce pour ramasser, nettoyer, bâtir, faire le train.

Car les animaux ont besoin d’endroits chauffés pour récupérer : «Toutes les semaines, il y a quelque chose de nouveau, on agrandit, les gens viennent nous aider».

Cette mère de quatre enfants se réjouit de voir sa progéniture prendre part avec enthousiasme à son projet.

Aider les animaux, ça apporte aussi à chaque être humain. «Ce ne sont pas que les animaux. Ce sont aussi tous les gens qui nous entourent qui nous amènent du bonheur, témoigne Daisy Brouillette, sa voisine bénévole sur qui elle peut compter. Retomber à la simplicité, à la nature, c’est vraiment ça qui est venu me capter».

Sylvie Brodeur ne se lasse pas, même si c’est beaucoup d’implication de temps. Il y a le train, chaque matin, qui accapare deux heures et c’est la même chose le soir.

Des gens ont fait des dons pour aider la cause. Une campagne virtuelle de financement GoFundme a été mise de l’avant pour amasser de l’argent, car pour l’instant, Sylvie Brodeur ne se verse pas de salaire. Tous les gens qui travaillent le font de façon bénévole.

«Avec la vague de la COVID-19, tout le monde voulait des animaux, des poules, du jour au lendemain. Venant l’hiver, ils ne sont pas capables de s’en occuper, elle s’est ramassée avec des poules, des coqs, des canards, des lapins», fait remarquer Daisy Brouillette.

Le projet avance, mais tranquillement, car on ne veut contrevenir à aucune réglementation en vigueur. Il n’y a jamais eu de refuge de ce type sur le territoire.