Produits forestiers Mauricie séduit la main d’œuvre internationale

Projet pilote à Rivière-aux-Rats

IMMIGRATION. La pénurie de main-d’œuvre touche toutes les entreprises. Le Haut-Saint-Maurice ne fait pas exception. Pour satisfaire ses besoins en main-d’œuvre, l’usine de Rivière-aux-Rats de Produits forestiers Mauricie (PFM) s’est tournées vers la main-d’œuvre et internationale. PFM a séduit des Africains récemment arrivés au Québec, au point de les intéresser non seulement au travail en usine, mais aussi à la région de La Tuque, qu’elle a pris soin de bien leur présenter.

L’arrivée de ces travailleurs a été effectuée dans le cadre d’un projet pilote à la demande de Résolu, actionnaire de PFM. «On en était le laboratoire corporatif […] On avait une mission d’écrire un mode d’emploi pour l’ensemble du groupe», explique le directeur de l’usine, Marco Rouillard.

Il ne se fait pas suffisamment d’enfants au Québec pour pallier les retraites que prennent les gens de la génération des baby-boomers. «Il y a deux personnes qui sortent. Dans notre balancement démocratique, il y en a 1,6 pour prendre la place. C’est une mathématique simpliste, mais quand on dit que le renouvellement de la main-d’œuvre va passer par l’immigration, c’est une réalité», fait valoir M. Rouillard.

Au départ, 12 travailleurs se sont joints à l’équipe de 140 employés de l’usine de Rivière-aux-Rats. La moitié y sont encore aujourd’hui. Ceux qui ont quitté l’ont fait pour effectuer un retour aux études ou pour occuper un emploi davantage dans leur champ de spécialité, car plusieurs étaient très qualifiés.

«Quand ils sont partis d’Afrique, ces gens-là sont arrivés à Montréal. On a fait affaire avec une firme qui les intègre en entreprise […] C’est sûr qu’il y a une bonne période d’adaptation, un peu plus difficile qu’avec un Québécois, mais ça vaut la peine», juge Megan Todd, superviseure des ressources humaines chez Produits forestiers Mauricie.

PFM a d’abord utilisé les services d’une agence d’accueil d’immigrants, le Collectif de Montréal, qui lui a référé des chercheurs d’emploi.

«Dans ceux qu’on a sélectionnés, beaucoup avaient un statut de demandeur d’asile et qui n’avait pas encore obtenu leur réponse. Quelques-uns avaient aussi des statuts de réfugiés, quelques-uns des statuts d’étudiants», mentionne le directeur. Parmi les travailleurs de l’usine de Rivière-aux-Rats, il y a un joueur de soccer professionnel, membre de l’équipe nationale. Un coup d’état a fait changer la composition de l’équipe de soccer. Il a choisi de quitter de pays.

Préparer son personnel

L’entreprise a voulu que l’arrivée de ces travailleurs étrangers se passe de la meilleure façon possible. Aussi, pour cela, a-t-elle bien préparé le personnel en place.

À travers tout cela, il a fallu s’assurer que le personnel sur place comprenne la réalité et accueille ses nouveaux travailleurs de façon correcte : «Ç’a été bénéfique».

Puisque quelques-uns n’avaient que quelques semaines de vécu en sol québécois, il a fallu les accompagner et aller jusqu’à leur trouver un logement. L’effort de gestion est allé jusqu’à les a été dans le transport jusqu’à l’usine, puisque plusieurs ne possédaient pas de permis de conduire québécois.

«On a utilisé un organisme, Stratégie carrière. On a fait des sessions de formation avec eux pour qu’ils comprennent notre culture, mais aussi avec les gestionnaires, pour qu’on comprenne leur réalité», poursuit M. Rouillard.

«Dans les années 80, on disait : ils viennent nous voler nos jobs. Maintenant, ce n’est plus ça. On dit qu’ils viennent nous aider»

Marco Rouillard

Un volet d’adaptation culturelle visait la compréhension les uns des autres. Les réalités culturelles diffèrent d’un peuple à l’autre, par exemple, les relations hommes-femmes, plus égalitaires ici. Il s’agit d’un des points sur lesquels on a travaillé avec les nouveaux employés.

La recherche de travailleurs étrangers amène l’entreprise à dépasser sa mission première, de couper du bois et gérer son personnel quotidiennement. La direction a pris le temps d’effectuer une opération séduction à d’éventuels travailleurs étrangers, comme deux électriciens Français qui viendront éventuellement y travailler, en décembre. «Pourquoi viendraient-ils travailler ici, plus qu’à Montréal ou à Québec ? Il faut leur vendre le coin, se déguiser en GO». Aussi, par exemple, la direction a amené des travailleurs au Festival de chasse, l’an dernier, pour leur montrer en quoi consistait l’événement.

On a remarqué qu’un impressionnant esprit de communauté soude ces travailleurs. «Ces gens sont très collectifs. Ils ont un niveau d’entraide et de solidarité entre eux très fort, relève M. Rouillard. Tu fais une observation d’amélioration à un du groupe et les autres se sentent tous concernés».

Les apprentissages réalisés, les erreurs qui ont été faites vont servir Résolu dans ses prochaines démarches pour embaucher des travailleurs étrangers, assure Megan Todd. Les employeurs ont souvent maintenant l’impression que les travailleurs leur font une fleur lorsqu’ils les choisissent. Un état de fait qui se vérifie encore plus en période de pénurie de main-d’œuvre.

Texte : le témoignage de deux travailleurs de PFM

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