Pourquoi la « Vallée Mercier » ?

La famille Mercier en Haute-Mauricie a pris son origine par le mariage de Joseph-Jean-Baptiste Mercier et Caroline Beads. Jean-Baptiste était un Voyageur canadien arpentant la rivière St-Maurice en rabaska du printemps à l’automne et en traîneau à chiens l’hiver pour le compte de la Compagnie de la Baie d’Hudson et de la poste royale entre Trois-Rivières et le nord du territoire.

Le père de Caroline Beads, Thomas, était le maître de poste de Mégiscane (Migiskan), un hameau situé dans le secteur de Senneterre en Abitibi où se rendait régulièrement Jean-Baptiste. C’est là qu’il fit la connaissance de Caroline.

Le couple s’est marié en 1882 à Kikendatch, une communauté atikamekw maintenant disparue par la formation du réservoir Gouin et dont il ne subsiste qu’un cimetière qui est une zone protégée et un lieu de rassemblement traditionnel pour les gens de Wemotaci. La famille Mercier comptait sept enfants : Elizabeth; Johnny, Benjamin, Laura, Emma, Caroline et James-Édouard.

L’expédition du Nil

En 1884, le gouvernement britannique recrute 386 Voyageurs Canadiens pour une expédition ayant pour but de délivrer le général Charles Gordon retenu en otage par les forces musulmanes à Karthoum au Soudan, lors du soulèvement contre l’occupation égyptienne soutenue par l’empire britannique.

Le rôle des Voyageurs canadiens consistera à mener les soldats britanniques aux portes de Karthoum. Pour ce faire, il faudra affronter le Nil dans des embarcations à rames, principalement dans la dernière partie du périple où le bateau à vapeur ne pourra remonter les rapides.

Parmi ces 386 valeureux Voyageurs canadiens, 41 hommes composeront le contingent de Trois-Rivières, dont Joseph-Jean-Baptiste Mercier qui était alors âgé de 41 ans.

C’est à bord du navire à vapeur Ocean King que les Voyageurs Canadiens embarquèrent le 14 septembre 1884, d’abord en direction de Halifax pour une escale, puis Liverpool, en Angleterre, Gibraltar et finalement Alexandrie, en Égypte que le bateau atteint le 7 octobre 1884.

Au port d’Alexandrie les Voyageurs canadiens montent à bord d’un train, rejoignant ainsi les soldats britanniques qu’ils étaient chargés de mener à destination. Le train s’élance alors vers la prochaine destination, Luxor.

Les jours suivants l’arrivée à Luxor c’est à bord d’une cinquantaine de chaloupes, remorquées par un bateau à vapeur qu’ils continuèrent à remonter le Nil jusqu’à ce que les Voyageurs Canadiens prennent la destinée des soldats britanniques en mains, en ramant à contre-courant à travers les nombreux rapides pour finalement atteindre la destination finale, Karthoum, au Soudan.

Malheureusement, c’est en vain que l’expédition toucha à son but, le général Charles « Pacha » Gordon ayant été exécuté par les forces de Muḥammad Aḥmad al-Mahdi.

Le retour s’organisa par la suite et c’est en février 1885 que la majorité des Voyageurs canadiens revient au pays, dont Joseph-Jean-Baptiste Mercier.

Outre la médaille décernée par la reine Victoria aux membres de l’expédition et la médaille Khédive du roi d’Égypte, Jean-Baptiste Mercier a obtenu de la couronne des terres dans le canton Mailhot. Ce grand terrain couvrait une vaste superficie s’étendant à partir de l’actuelle voie ferrée à l’est, jusqu’à la rivière Saint-Maurice à l’ouest.

C’est sur ce terrain que Joseph-Jean-Baptiste Mercier construisit sa maison en 1885. Celle-ci était adossée à la rivière Petite Bostonnais près de l’actuel pont qui mène au lac Wayagamack. Il y installa sa famille, défricha le terrain et cultiva la terre jusqu’à sa mort en 1906, année ou son fils, James-Édouard, épousa Marie-Anne Bernier et construisit à son tour une maison sur la partie ouest du terrain, à bonne distance mais face à celle de son père.

Les 16 enfants de la famille de James-Édouard Mercier sont nés sur cette ferme.

Un roman historique

Afin de perpétuer la mémoire de mon arrière-grand-père et celle des 386 Voyageurs canadiens, dont 41 provenaient de la Mauricie, j’ai commencé la rédaction d’un roman historique se basant sur la réalité quotidienne de Jean-Baptiste Mercier à partir de son départ de Trois-Rivières, le 14 septembre 1884 jusqu’à son retour en février 1885.

« Depuis une quinzaine d’années, je fais des recherches à ce sujet. J’ai accumulé suffisamment de détails pour recréer la vie de tous les jours entre le départ de Québec le 15 septembre 1884, la traversée jusqu’à Liverpool, Gibraltar et finalement Alexandrie en Égypte, d’où les Voyageurs canadiens et les soldats britanniques sont partis pour se rendre jusqu’à Karthoum au Soudan », explique André Mercier.

C’était une épopée sans précédent pour le Canada qui participait ainsi à une première mission à caractère militaire hors du pays, mais aussi pour les Voyageurs canadiens, ces rudes gaillards habitués aux rivières et aux saisons du Canada, mais qui allaient découvrir les grandes cités, les pyramides et le monde arabe dans ce voyage inusité.

Une aventure que vous pourrez découvrir dans ce roman historique sur lequel je travaille actuellement en vue d’une future publication au début de 2023.

André Mercier