Plus de 30 ans dédiée à la cause des femmes

LA TUQUE.  La Latuquoise Ginette Girard est la coordonnatrice du Toit de l’amitié depuis 2010. Lentement mais sûrement, elle a gravi les échelons, elle qui réalisait des menus-travaux lors de son embauche en 1989. « Il faut que je crois en la femme et la cause des femmes pour rester ici aussi longtemps! »

Âgé de 62 ans, Mme Girard est à la porte de la retraite. Mais elle ne sait toujours pas encore pendant combien d’années qu’elle restera à titre de coordonnatrice. « C’est certain que je ne partirais pas si nous n’avons pas une relève fiable », indique-t-elle.

« Au départ, je faisais des menus-travaux à la maison quand j’ai été embauché à 28 ans. En arrivant ici, j’ai immédiatement eu le sentiment d’être au bon endroit pour la cause des femmes. Les injustices c’est quelque chose qui m’a toujours interpellé. Après un an, un poste d’intervenante s’est ouvert et j’ai obtenu le poste en 1990. Je voulais faire une différence ici pour améliorer la vie des gens et des femmes. »

Sans avoir suivi de cours en intervention, Mme Girard est arrivée au bon moment alors que la structure d’aide et d’intervention du Toit de l’amitié commençait à être mis en place. « J’ai grandi avec la structure de la maison. Même si on va à l’école, on n’apprend jamais aussi bien ce qu’on apprend dans les maisons d’hébergement et c’est quoi la violence conjugale. L’apprentissage, c’était du bonbon pour moi. »

Lorsqu’elle a été embauchée, on retrouvait 8 employés au Toit de l’amitié, alors qu’aujourd’hui l’organisme en compte 16. 

Après 15 ans comme intervenante, Mme Girard a obtenu le poste de responsable clinique, qui embrasse plus largement la cause des femmes plutôt que seulement la violence conjugale. « Il y avait la montée du masculinisme et les femmes réalisaient de plus en plus de revendications. On avait besoin d’une ressource pour documenter tout ça et comme à La Tuque on est plus éloigné, on devait évaluer ce qui convenait le plus à notre milieu. Mon mandat était d’aller chercher le plus d’outils possible pour emmener les femmes à être mieux dans leur vie et de reprendre le pouvoir sur leur vie. »

Après 5 ans comme responsable clinique. Mme Girard est devenue la coordonnatrice en 2010. « Jamais je n’aurais pensé au départ devenir coordonnatrice. Les femmes m’ont appris à grandir, j’ai appris auprès d’elles. Ça m’a fait autant du bien à moi qu’à elles tout mon parcours. Chacune des femmes que j’ai aidées m’a aidé à grandir. J’adorais faire des interventions, maintenant je vis les interventions avec ce que mes collègues me disent. J’ai pris le poste en 2010, parce qu’il y avait un roulement de coordonnatrice, qui ne connaissait pas la structure des interventions. Souvent, elles venaient de l’extérieur et ne connaissaient pas la réalité latuquoise. L’intervention à La Tuque n’est pas la même que dans une autre grande ville. »

Parmi ses souvenirs, Mme Girard ne peut passer à côté de la prise d’otage en 1996. « Je travaillais comme intervenante et j’étais présente quand c’est arrivé. C’est arrivé dans le temps des Fêtes, et il y a eu l’épisode en cour par la suite. Je connaissais bien l’homme, ce n’était pas un enfant de cœur. »

Mais, les beaux souvenirs sont bien plus nombreux que les mauvais. « Je vais toujours me rappeler qu’un soir, j’avais bercé un enfant de 11-12 ans. Plusieurs années plus tard, la personne est revenue me voir pour me dire qu’elle se souvenait toujours de ce moment et comment ça pouvait lui avoir fait du bien. J’étais très touchée! »

Bien entendu au fil des ans, le Toit de l’amitié a évolué, au même titre que la violence qui a pu prendre différentes formes. C’est pourquoi depuis un an, des intervenantes peuvent se rendre chez les personnes qui ne sont pas à l’aise de se déplacer au Toit de l’amitié de peur d’être identifiées dans un petit milieu comme La Tuque. « On va à Parent, La Croche, La Bostonnais. Aussi, nous avons embauché une agente de développement qui est à mettre en place une stratégie d’intervention en milieu de travail. Le Toit de l’amitié, c’est plus que de l’hébergement. »