Louis-Philippe Lebeau: le doyen des airs

La Tuque compte parmi ses résidents le plus âgé des pilotes de brousse au Québec.

Louis-Philippe Lebeau a 93 ans et détient toujours sa licence de pilote, qu’il renouvelle tous les deux ans. Mieux: il pilote encore quelques heures par année afin de maintenir sa licence en ordre.

Encore très alerte, il comptabilise 946 heures de vol depuis le début de sa carrière de pilote de brousse, qu’il a amorcée à l’âge de 45 ans.

Là-dessus, 900 heures ne sont qu’en hydravion, car M. Lebeau a possédé pendant 30 ans la pourvoirie Haltaparche, qu’il a fondée. Sa licence, il l’avait acquise pour se rendre à ses installations, très éloignées les unes des autres, à bord de son Cessna 185 de 4 places.

« Je ne me servais pas de ça pour faire du transport des clients. Je m’en servais pour faire la maintenance de mon club, j’avais un club de 145 milles carrés », raconte Louis-Philippe Lebeau.

« J’ai volé sans licence de 30 ans à 45 ans. À 45 ans, j’ai été obligé de prendre ma licence, parce que ça ne passait plus », dit-il en rigolant. Il a suivi une formation de pilote à Sainte-Thérèse: « J’avais toujours rêvé d’avoir un avion dans ma vie. Ça s’est réalisé, je l’ai eu pendant presque 20 ans ».

Il lui est aussi arrivé quelques mésaventures au fil de ses nombreuses années. Une fois, l’aile de son avion sur roues a frappé un arbre, mais le pilote s’en est sorti indemne. Il y avait seulement quelques dommages à l’aile de son avion.

Il a subi d’importantes blessures dans un autre accident mais il a tout de suite repris les commandes d’un avion, comme pour en vaincre la peur.

M. Lebeau a reçu de nombreuses personnes dans la pourvoirie Haltaparche tout au long de sa carrière, avec sa bonne humeur et son sens de l’hospitalité. Le plus célèbre aura été Wendell Ford, alors gouverneur du Kentucky. Il y a effectué une visite en 1972 et le sénateur avait pris le temps de lui témoigner sa reconnaissance par écrit.

Dans les dernières années, Louis-Philippe Lebeau a opéré une entreprise de vente de systèmes d’énergie solaire, avant de goûter à une retraite bien paisible, accompagnée de quelques vols en avion, de temps en temps.

Une fête en son honneur

Son fils, André, a récemment réuni plusieurs de ses collègues de l’aviation pour une petite fête à l’aéroport municipal de La Tuque. À cette occasion, une lettre officielle du ministre des Transports, François Bonnardel, lui a été présentée, pour lui rendre hommage.

« Avec près de 48 ans d’expérience en tant que pilote, il m’a été mentionné qu’à 93 ans, vous êtes toujours passionné par ce domaine et que vous pilotez toujours ! C’est un exploit formidable et je tenais à vous le souligner », lui a écrit le ministre qui lui souhaitait encore de nombreux vols sécuritaires dans la région au cours des prochaines années. « Vous êtes la preuve que l’âge ne devrait pas empêcher de faire ce qu’on aime dans la vie », lui a aussi écrit le ministre des Transports.

Il a été touché et surpris par cette attention, lui qui ignorait qu’une fête était organisée.

« Ça paraît drôle pour les gens, mais ce n’est pas si compliqué que ça, piloter », résume tout simplement celui qui a toujours eu l’aviation dans le sang.