Passer de la «dump» à l’écocentre

Pendant des années, on allait porter nos matières résiduelles à la «dump». L’appellation ne tient plus. C’est devenu l’Écocentre. Sa mission, tout comme l’allure de l’emplacement, ont fait un virage à 180 degrés par rapport à l’époque où y on enfouissait les matières résiduelles.

Premier coup d’œil : l’endroit est propre, inodore et les bâtiments sont neufs. Un tout nouveau bâtiment d’accueil a été érigé ces derniers mois, au coût de 250 000$, pour remplacer celui qui a été détruit par un incendie en septembre 2019. C’est d’ailleurs ce qui a accéléré la transformation du site, même si Ville de La Tuque devait pousser ce dossier pour répondre aux exigences gouvernementales.

Justin Proulx, chef de service, aménagement du territoire et urbanisme, à Ville de La Tuque, Claire Desmarais, employée de l’écocentre et Pierre-David Tremblay, maire de La Tuque.

Claire Desmarais y travaille depuis 23 ans. Pour elle, c’est une véritable bénédiction de se retrouver dans une guérite plus spacieuse, fonctionnelle avec une cuisine, un bureau et… une salle de toilettes avec de l’eau au lieu d’une toilette à compost. Mme Desmarais, comme les employés de l’Écocentre, ont été consultés pour la conception du bâtiment.

«Quand on voulait laver le plancher, à l’époque, on amenait notre eau, de la ville», évoque Mme Desmarais.

Les commis ont désormais une grande vue sur toutes les opérations de l’écocentre au lieu que cela se passe dans leur dos comme dans l’ancien bâtiment.

Cette construction fait partie d’un projet en trois phases. D’ailleurs, maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay, indique que le projet s’inscrit dans la vision qu’avait le conseil municipal de moderniser l’endroit.

Les employés de l’écocentre de La Tuque

Ce projet avance. Déjà, des plateformes asphaltées et bétonnées ont été aménagées, où les matières sont déposées. Dans quelques mois, une boucle permettra aux usagers de ne pas sortir par où ils sont entrés. Quand nos visites à l’Écocentre sont rares, il peut être difficile de s’y retrouver pour savoir où déposer nos matières, mais les employés, gérés par la Coopérative ETC, sont disponibles pour guider les gens.

Compostage

Les prochaines phases du projet visent le compostage pour lequel une plate-forme sera bientôt aménagée.

«On est en appel d’offres pour des services professionnels afin d’évaluer nos besoins pour la capacité de la plate-forme de compostage et la préparation des plans et devis», indique Justin Proulx, Chef de service, aménagement du territoire et urbanisme.

Au cours de la prochaine année, on doit préparer et aménager la plate-forme avant d’implanter, en 2022, 2023, la distribution de bacs bruns et l’implantation de la collecte à trois voies.

Pour l’aider, l’agglomération de La Tuque recevra une subvention, d’environ 700 000$ en vertu du Programme de traitement des matières organiques par biométhanisation et compostage (PTMOBC).

Ce sont déjà des matières qu’on reçoit en bonne quantité, mais elles se retrouvent dans les déchets. «Dans les sacs de déchets, il y a 40 à 50 % qui sont des matières organiques. On espère enlever cette matière organique des déchets et l’envoyer au bon endroit», poursuit M. Proulx.

Au lieu de mettre la pelouse dans le bac vert, elle est récupérée pour en faire du compost, qui servira. Au printemps et à l’automne, on peut y acheminer les feuilles au lieu de payer pour les enfouir : des ententes ont été conclues avec des producteurs agricoles. Bon nombre de produits qui sont acheminés à l’écocentre pourront être valorisés et créer une forme d’économie circulaire.

Les gens qui ont des résidus domestiques dangereux peuvent désormais les apporter directement à la guérite de l’Écocentre où les employés se chargeront d’en disposer adéquatement.

Idéalement, on souhaite que les gens qui chargent leur camion ou leur remorque y regroupent et classent leurs matières résiduelles, afin d’en disposer dans les différents emplacements plus facilement, pour faciliter la circulation sur le site. La récupération des branches, du gravier, du pavage, des feuilles mortes, des résidus domestiques dangereux de même que les contenants pour récupérer les meubles, les appareils électriques et électroniques, la récupération des boîtes en carton, des objets en métal, voilà la mission de l’Écocentre.

On récupère différents matériaux à l’écocentre de La Tuque

«Si c’est un contenant en plastique, en métal avec le sigle de récupération, ça va dans le bac bleu. Ici, on reçoit le bois, le béton, les pneus, du sable, de la terre, le gazon. Je comprends qu’on ne veut pas venir ici pour deux pelletées de sable. Mais quand on paie 163$ la tonne pour enfouir du sable, du gazon, on peut se poser la question comme citoyens si on peut se payer ce luxe-là», insiste Justin Proulx.

Un impact sur le budget

On n’a pas idée combien recycler le carton pourrait rapporter à la municipalité, donc à tous les citoyens. «Si on peut le mettre en ballots, on peut le vendre directement à Cascade», fait remarquer Justin Proulx. Même chose pour les circulaires qui servent à confectionner des boîtes d’oeufs.

«Si on va chercher une qualité des produits récupérés, on peut obtenir un bon prix, c’est pratiquement de l’or», renchérit le maire Pierre-David Tremblay.

«On va chercher entre 500 000$ et 600 000$ par année, parce qu’on fait de la récupération», ajoute Justin Proulx. L’impact peut donc se faire sentir sur le compte de taxes puisqu’il en coûterait alors plus cher pour la gestion des matières résiduelles.

On envoie en moyenne 7 camions par semaine pour l’enfouissement à Saint-Étienne-des-Grès. Diminuer ce nombre générerait une économie pour la municipalité et aurait moins d’impacts environnementaux. La gestion des matières résiduelles accapare 3M$ par année, ce qui représente environ 10 % du budget municipal. Et ce montant augmente, d’environ 10 % chaque année.

L’éducation et la sensibilisation seront la clé des prochaines années. Aussi, Ville de La Tuque veut communiquer davantage pour donner de l’information aux citoyens en cette période de changement.

«Il y a encore des gens qui ne savent pas qu’on peut amener des fluorescents ici et nous, on va en disposer de façon intelligente, ajoute Claire Desmarais. Ce sont tous des services qui sont gratuits».

L’endroit est achalandé. «Au printemps, on a eu un record de 170 véhicules dans une seule journée (de huit heures)», s’étonne Claire Desmarais.

L’environnement

107 barils de produits domestiques dangereux sont partis de l’écocentre en plus de 7 palettes d’autres produits, la semaine dernière, pour qu’on en dispose de façon responsable, au lieu de causer du tort à l’environnement. Un bâtiment contient des gros contenants, rien que pour les huiles usées, il y a d’autres contenants pour la peinture, qui est aussi revalorisée.

Le béton, le ciment et la brique seront broyés, pour devenir un gravier, utilisé dans les travaux publics municipaux.

Le béton, le ciment et la brique seront broyés, pour devenir un gravier, utilisé dans les travaux publics municipaux. On prend des branches pour en faire des copeaux. Un exemple : on s’en sert pour emplir les trous, les bosses, les sauts au centre municipal de ski. On fait aussi du paillis.

Puisque l’écocentre est une compétence d’agglomération, les municipalités de Lac-Édouard et La Bostonnais vont en profiter également.

Il restera aussi la question des dépotoirs illégaux ou encore les gens qui ne veulent pas faire l’effort de se déplacer vers l’écocentre et déposent dans les conteneurs ruraux différents objets qui ne sont pas destinés.

Ce qui va dans le bac bleu

  • Le papier et le carton
  • Les plastiques, bouteilles et des contenants alimentaires qui ont le symbole avec le bon chiffre (1, 2, 3, 4, 5 ou 7)
  • Le métal des contenants alimentaires
  • Le verre des contenants alimentaires, bouteilles et pots
  • Les bouchons des contenants alimentaires

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