Pas de dossard orange pour les Atikamekws

LOI. Un constat d’infraction émis en 2016 à l’endroit d’un Atikamekw de la communauté d’Opitciwan pour avoir omis de porter un dossard orange refait surface trente mois plus tard.

Dans un communiqué diffusé mardi,  le Conseil des Atikamekw d’Opitciwan rappelle aux agents de la Sûreté du Québec et aux agents de la protection de la faune que les Atikamekw, membres de la Première Nation d’Opitciwan, ont le droit inaliénable de circuler sur leur territoire ancestral sans être tenus de revêtir un dossard orange pour la chasse lorsqu’ils ne pratiquent pas une activité de chasse.

À l’automne 2016, deux agents de la Sûreté du Québec agissant d’office à titre d’agents de la protection de la faune remettent une contravention à un  Atikamekw se tenant debout à côté de son véhicule stationné, une arme à la main mais sans dossard orangé.  Selon le règlement, tout chasseur en activité de chasse, guide ou autre personne qui accompagne un chasseur en activité de chasse dans les zones de chasse prévues au Règlement sur les zones de pêche et de chasse doit porter un vêtement de couleur orangé fluorescent.

Le Conseil des Atikamekw d’Opitciwan mentionne que son membre se trouvait alors sur son territoire familial, dans une entrée de chemin perpendiculaire à la route forestière 400 entre le barrage Gouin et Parent (au kilomètre 18,5). De plus, le conseil souligne qu’il ne pratiquait pas non plus une activité de chasse.

À la suite des discussions entre les avocats du Conseil d’Opitciwan et le procureur de la Couronne quant à la portée des termes «en activité de chasse», le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a finalement accepté de retirer la poursuite contre le membre d’Opitciwan.

Le chef Christian Awashish souligne ne pas comprendre comment «il il se fait qu’encore aujourd’hui, en 2019, malgré les nombreux cas signalés, les agents qui patrouillent sur notre territoire ne soient pas mieux formés et conscientisés à la spécificité autochtone. Nos membres devront-ils éventuellement revêtir un dossard orange 365 jours par année pour accéder à notre territoire? Je vous donne ma parole que nous ne laisserons pas un tel scénario se produire. Devant cette situation, une question se pose. Devons-nous y voir une forme de zèle ou de harcèlement? J’ose espérer que non!  J’invite les autorités concernées à offrir aux agents qui patrouillent notre territoire ancestral une formation spécifique à ce titre.»

Le territoire ancestral des Atikamekw d’Opitciwan est occupé depuis des temps immémoriaux par des familles qui, à l’instar de leurs ancêtres, y exercent encore aujourd’hui des activités traditionnelles et de subsistance telles que la chasse, la pêche, le piégeage et la cueillette. Ils ont le droit de circuler librement sur leur territoire sans être contraints à tout moment de justifier leur présence, leurs activités ou leur habillement à des agents qui, selon le point de vue atikamekw, sont des invités.