Ottawa alloue 322 000$ pour le programme de justice réparatrice chez les Atikamekw
Le gouvernement du Canada vient de donner son appui au Programme de justice communautaire Atikamekw (PJCA), en octroyant 322 000$ pour trois ans.
Alors que la semaine nationale de la justice réparatrice bat son plein, le gouvernement du Canada a souligné son soutien aux initiatives touchant la justice réparatrice, dont le PJCA.
Le ministre des Affaires étrangères et député de Saint-Maurice-Champlain, François-Philippe Champagne, a beaucoup insisté sur l’approche réparatrice d’un tel programme, qui favorise la prise de conscience, au cœur des traditions autochtones pour la résolution de conflits.
«Ça vise à faire participer les familles et la collectivité à la guérison, à la réparation et à la réinsertion sociale des jeunes et aussi des adultes qui auraient pu avoir des démêlés avec le système pénal. Ça fait partie d’une longue tradition chez les autochtones», a évoqué le ministre Champagne.
Les communautés de Manawan et Wemotaci bénéficieront de ce programme.
«Depuis 2008, le ministère soutient financièrement le processus de justice communautaire Atikamekw», mentionne le député de Gatineau et Adjoint parlementaire du ministre de la Justice du Québec, Mathieu Lévesque. Il ajoute que plus de 1M $ ont été octroyées en milieux autochtones en 2019 et 2020 pour les soutenir dans leurs objectifs de prendre part à la résolution de conflits, dont 132 500$ au Conseil de la nation atikamekw. «En 2020-2021, la participation financière du ministère baie de 158 270$. C’est un signal que nous croyons fermement dans ce projet», ajoute M. Lévesque.
Il perçoit dans les principes sur lesquels misent les peuples atikamekw «une richesse et un potentiel de réhabilitation inspirants pour tous les systèmes de justice».
«C’est la réparation et non la punition», définit le Grand chef du Conseil de la nation atikamekw, Constant Awashish, qui ajoute que le principe atikamekw de faire participer les personnes qui ont perpétré un crime à sa réparation et à un dialogue avec la victime.
«Ils se ramassent dans un système souvent carcéral et nous sommes trop représentés dans ce système-là. Il n’y a pas de guérison, pas de dialogue. Et la roue continue à tourner pour ces individus-là. Souvent quand ils ressortent, il n’y a pas vraiment de réinsertion dans la communauté», fait valoir le Grand chef.
Il croit que la surreprésentation des autochtones dans le système de justice, peut être causée par la barrière de la langue ou de l’incompréhension lors des interventions policières ou judiciaires.
Le Conseil de la nation atikamekw en est à sa deuxième année de l’application de la mesure SIAA (système d’intervention autorités atikamekw). «Nous avons un programme de mesures de rechange, avec la participation du gouvernement du Québec, qui va diminuer l’incarcération et augmenter la déjudiciarisation de délits», estime M. Awashish.
L’approche atikamekw, estime-t-il, pourrait être exportée ailleurs, autant chez les autochtones que les non-autochtones : «C’est une avenue pour désengorger le système de justice».
Une chaire de recherche en justice réparatrice de l’université d’Ottawa traite justement de la question comme beaucoup d’autres recherches à travers le monde.
«La justice ancestrale n’était pas la justice pénale, explique Constant Awashish. Quelqu’un commettait un délit et il fallait qu’il le répare auprès de la victime ou la famille par des demandes spécifiques décidées par la communauté ou un conseil des sages».
Une façon de faire qui existe depuis des millénaires, estime le Grand Chef.