Opitciwan veut expulser les vendeurs de drogue de son territoire

LUTTE À LA DROGUE. Le conseil de bande d’Opitciwan prend le taureau par les cornes dans le but d’éliminer la problématique de vente de stupéfiants dans la communauté.

D’importantes assemblées d’information seront tenues dans le but de sonder l’intérêt des résidents de la communauté face à l’adoption d’un règlement administratif sur l’expulsion des vendeurs et revendeurs de stupéfiants qui ont fait l’objet d’une condamnation.

Les assemblées publiques auront lieu les 1er  et 2 novembre, de 10h à midi et de 14h à 17h les deux jours. À cette occasion, le conseil répondra aux interrogations des citoyens en vue de référendum qui aura lieu le 16 novembre.

« Comme vous le savez, la communauté des Atikamekws d’Opitciwan est confrontée à une augmentation importante au cours des dernières années de consommation de stupéfiants, incluant les drogues et les autres substances interdites. Aussi, les problématiques reliées à la vente et à la consommation de stupéfiants sont un enjeu social majeur au sein de la communauté pour lequel les membres souhaitent des solutions concrètes et efficaces», peut-on lire dans une missive publiée sur Internet à ce sujet.

Le chef Awashish identifie une problématique importante dans sa communauté. « Je ne suis pas en mesure de le démontrer, mais on le constate, il y a de la vente de drogue qui se fait à des enfants en bas âge», déplore-t-il.

Des problèmes sociaux importants découleraient de cette consommation de stupéfiants à Opitciwan. Il y a longtemps qu’on observe une problématique liée à la drogue. En décembre 2014, la possibilité d’expulser des trafiquants ayant fait l’objet d’une condamnation a été mise sur la table pour la première fois lors d’une assemblée publique sur le fléau de la drogue et ses effets dans la communauté.

« Nous allons adopter un règlement qui va faire en sorte que la police va s’assurer qu’aussitôt qu’une personne est condamnée d’avoir vendu de la drogue dans la communauté, elle soit expulsée pour au moins 5 ans», précise M. Awashish.

La Loi sur les Indiens

Le chef Awashish en très conscient : il pourrait en résulter une partie de bras de fer entre la loi sur les Indiens et la Charte des droits et libertés, puisque la première donne le droit au conseil de bande d’expulser «des indésirables».

En effet, l’article 81 (1) p de la loi sur les Indiens prescrit que «Le conseil d’une bande peut prendre des règlements administratifs (…) concernant l’expulsion et la punition des personnes qui pénètrent sans droit ni autorisation dans la réserve ou la fréquentent pour des fins interdites».

« C’est certain qu’en vertu de la Charte des droits de la personne, ce n’est pas assez fort. (…) Il y a un vide pour savoir quelle loi est plus forte que l’autre». M. Awashish souhaite un appui populaire et le plus fort possible.

« Est-ce que la personne qui se dit lésée va amener ça devant le Tribunal des Droits de la personne. Peut-être a-t-elle des chances de gagner ? M. Awashish croit quand même que si c’est le cas, la personne qui revient dans la communauté devra faire face aux citoyens qui savent qu’il a commis un tel délit.

Figure de proue

Opitciwan fait figure de proue en la matière. Christian Awashish confie que d’autres communautés autochtones pourraient s’inspirer de l’action de sa communauté pour mettre en branle pareille  réglementation. « On serait une des premières à oser faire ça».

D’autres chefs l’ont d’ailleurs contacté.

Les médias locaux, Facebook sont autant de moyens mis de l’avant par la communauté d’Opitciwan pour tenter de joindre le plus de gens possibles. En extrapolant, le conseil pourrait faire de même pour des cas de condamnation pour meurtre ou agression sexuelle, par exemple.

 

«Je souhaite sincèrement qu’il y ait une bonne participation au référendum, pour qu’on n’entende plus parler de tragédies où il y a des suicides liés à la consommation de drogue. J’espère qu’on ait un projet de règlement qui aurait un effet dissuasif pour un environnement sain dans la communauté» – Christian Awashish